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Napoléon III par Pierre Guiral Professeur à l'Université de Provence Longtemps Napoléon III a été jugé avec sévérité.

Publié le 05/04/2015

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Napoléon III par Pierre Guiral Professeur à l'Université de Provence Longtemps Napoléon III a été jugé avec sévérité. Les historiens républicains n'ont retenu que ses débuts : le coup d'État du 2 décembre 1851, et sa fin : Sedan, le 2 septembre 1870. Les monarchistes lui ont reproché sa politique extérieure aventureuse et le fondement de son régime établi sur le suffrage universel : monarchie à genoux devant la République. Or le règne n'a pas été médiocre et la personnalité est de celles qui attachent, ne serait-ce que par sa complexité qui exige de l'historien compréhension et sympathie. Toute affirmation quelque peu catégorique appelle nuances. Il y a en lui un aventurier pas très délicat sur le choix des moyens, un homme qui ne refuse pas les plaisirs que l'on nomme physiques, mais aussi un esprit sensible aux problèmes et aux changements de son temps, un chef d'État qui a la plus haute idée de sa mission et ne veut pas seulement jouir des charmes du pouvoir. Celui que Victor Hugo mettra " hors la loi " et appellera Napoléon le Petit a de grands côtés et il est peut-être le prince du XIXe siècle qui a eu le plus d'avenir dans l'esprit. Louis-Napoléon, le futur Napoléon III, naît le 20 avril 1808. Il est le troisième fils de Louis, roi de Hollande, frère cadet de Napoléon Ier, et d'Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine. On a suspecté et avec force cette paternité, mais la question importe peu. Louis-Napoléon est et se veut le neveu de l'Empereur ; il est nourri de la légende napoléonienne ; il se considère très tôt comme un nouvel Auguste, comme l'héritier de César, chargé non de le venger, mais de poursuivre son oeuvre. Il a été élevé non par son père qui ne s'occupe que de l'aîné, mais par sa mère ; non en France (les Bonaparte étant exilés), mais en Suisse alémanique, au château d'Arenenberg, non loin du lac de Constance. Éducation curieuse à laquelle participent une mère tendrement aimée, un ecclésiastique dans le style du XVIIIe siècle, Philippe Le Bas, fils du conventionnel ami de Robespierre, qui essaie d'en faire un républicain à l'antique. En 1825, il entre au " gymnase humanistique " d'Augsbourg où il améliore rapidement un rang initialement médiocre ; en 1830, il est admis à l'École militaire de Thoune, en Suisse, qui a à sa tête le colonel Dufour, ancien polytechnicien et soldat de Napoléon qui lui restera attaché comme tous ceux qui l'ont connu dans sa jeunesse. Finalement, cette éducation est une réussite : le prince sait quatre langues : le français, l'allemand, l'anglais, l'italien ; il est rompu à tous les exercices du corps. Chateaubriand, qui s'entretient avec lui en 1 832 et qu'on ne saurait accuser de complaisance, note : " Le prince Louis est un jeune homme studieux, instruit, plein d'honneur et naturellement grave. " Retenons ces derniers mots : élevé à l'étranger, aimable mais secret, Louis-Napoléon n'a pas les qualités brillantes qu'on prête aux Français : il n'aime pas se raconter comme Louis-Philippe Ier ni montrer toutes les ressources de son esprit comme Thiers. Il a beaucoup médité sur la grandeur napoléonienne ; il pense que l'Empire a tiré du peuple sa légitimité et croit, non sans exagération, qu'il s'est employé à émanciper les peuples et à faire l'Europe. Or la chance le favorise : Napoléon-Louis, son aîné, meurt en 1831 et le duc de Reichstadt, l'Aiglon, en 1832. Metternich pressent le péril et mande au comte Apponyi, ambassadeur d'Autriche : " Le jour du décès du duc, le jeune Louis Bonaparte se regardera comme appelé à la présidence de la République française. " Mais il faut aider le destin. D'où trois tentatives malheureuses, une en Italie qui, comme pour son oncle, est son premier champ d'action, deux en France qui se terminent également mal. Avec son aîné qui y trouve la mort, Louis-Napoléon intervient dans la révolte de la Romagne soulevée contre le pape Grégoire XVI et échappe de...
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