Nammâlvâr vers 800 Nammâlvâr signifie " Notre Saint " dans la langue du pays tamoul, comprenant la Côte de Coromandel et l'extrême sud de la péninsule indienne.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
longtemps la philosophie brahmanique et même indienne en général, sauf dans certains
milieux, comme ceux du bouddhisme strict, qui refusaient la spéculation.
Madurakavi ne douta point que le sage aux dehors de sourd-muet ne fût une incarnation
divine et il devint son disciple ; poussant la vénération du maître jusqu'à l'adoration du
dieu.
C'est lui qui recueillit les paroles que dès lors ce dernier prononça, sinon comme
dieu, du moins comme ardent dévot, chantant les merveilles de Dieu pour sauver les êtres.
Les circonstances de la vie de Nammâlvâr et de Madurakavi ne nous sont guère autrement
connues, sauf par des allusions contenues dans les poèmes de Nammâlvâr.
Il est
cependant clair, par ces poèmes, que Nammâlvâr, pour avoir été un enfant à part, n'en a
pas moins, à un moment ou à un autre, acquis des connaissances très étendues de lettré et
de philosophe indien.
Mais la forme sous laquelle nous sont parvenues ses œ uvres a été
très probablement remaniée.
Une période obscure s'étend entre son époque et les environs
de l'an 1000 où un nouvel auteur, Nâthamuni, a été frappé d'admiration par les chants de
Nammâlvâr, alors peu connus, mais que savaient de dévots pèlerins de son pays.
Nâthamuni s'est rendu en ce pays, a recherché ces chants et aurait même reçu la révélation
de ceux qui étaient perdus, ainsi que des œ uvres des autres saints de la même lignée
spirituelle que Nammâlvâr.
Le sentiment de révélation qu'a eu Nâthamuni a pu lui faire
prendre à lui-même sa propre inspiration pour celle des saints dont il voulait restituer
l'enseignement.
Il y a donc doute quant à l'authenticité de tout ce qui est attribué à
Nammâlvâr et à ses pairs.
Cependant, Nâthamuni n'a pu tout inventer ; il partait d'une
tradition effectivement conservée, encore localement vivante et certainement riche.
Il faut
seulement observer que cette tradition — comme il est habituel dans l'Inde — a beaucoup
mieux conservé les textes des chants qui l'inspiraient que les circonstances des biographies
de leurs auteurs.
Les récits relatifs à l'enfance de Nammâlvâr et à Madurakavi que nous
avons résumés sont relativement tardifs et ne représentent pas une donnée unanime de la
tradition, car le poète Kambar faisait une seule personne de Nammâlvâr et de Madurakavi.
La doctrine et la foi de Nammâlvâr sont donc — et c'est ce qui importe surtout —
infiniment mieux conservées que les événements de sa vie.
Elles sont attestées par quatre
œ uvres poétiques — la poésie étant un mode d'expression bien plus usité dans l'Inde qu'en
Occident — le Tiruvirultam “ le Poème Fortuné en mètre dit viruttam ”, le Tiruvâymoli,
“ Paroles de la Bouche Fortunée ”, le Tiravâçiriyam, “ le Poème Fortuné en mètre dit
âciriyam ” et le Periyatiruvandâdi, “ le Grand Poème Fortuné comportant une liaison de la
fin d'une strophe au commencement de la suivante ”.
Le Tiruvâymoli, le plus important, a
été considéré comme un texte sacré du Vedânta, de la doctrine qui est “ l'achèvement du
Savoir ” — tel est le sens de vedânta — comme les grandes upanishad sanscrites,
appartenant à la tradition védique, la plus ancienne et la plus prestigieuse, au moins en
principe, de l'Inde.
Il est “ l'upanishad tamoule ”, dramidopanishad, et il a été, comme tel,
traduit en sanscrit et abondamment commenté en tamoul, en sanscrit et en un jargon
technique mixte, mêlant les mots sanscrits et parfois les formes grammaticales sanscrites
aux phrases tamoules, jargon qu'on appelle manipravalam, c'est-à-dire “ perle et corail ”.
Là paraît un autre mélange, celui de la spéculation ontologique et de la dévotion
passionnée, ou plutôt là éclate le sentiment émerveillé, caractéristique de la pensée de
Nammâlvâr, de la présence de l'Être absolu à la portée de l'humain..
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