Musluh al-Din Saadi vers 1200-1291 Musluh al-Din -- connu sous son nom de plume, Saadi (Sa'di) qu'il prit en l'honneur du protecteur de son père : le prince de Chiraz, Saad ben Zengui -- naquit en cette ville, au cours des dernières années du XIIe siècle.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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Le style de Saadi doit son harmonie et son élégance incomparables au sentiment de la
mesure dont il semble avoir fait sa règle.
On peut résumer sa vie et son génie par la
devise : “ In medio virtus.
” Alors que d'autres écrivains (par exemple le poète Hrâqâni et
l'historien Wassâf) se plaisaient au vocabulaire surchargé de mots arabes, turcs ou très
rares, aux phrases interminables et touffues, Saadi revient au style net et limpide, se
réduisant aux mots arabes qui n'ont pas leur équivalent persan.
Ce style séduisant et souple ne se ressent nullement de l'érudition livresque de Saadi.
Cette
érudition, révélée par les multiples anecdotes et allusions dont on ignore trop souvent la
source, n'a diminué ni l'inspiration poétique de Saadi ni son aptitude à observer ce monde.
D'autre part, la souplesse de son style permet à Saadi de traduire expressivement ses
sentiments et ses réflexions, et de figurer au premier rang des conteurs d'anecdotes.
S'il ne
se refuse point à plaisanter, s'il est doué d'un vif sentiment de la nature qui soulève son
enthousiasme, cependant sur son âme demeure l'ombre d'une mélancolie causée par la
fuite inexorable des heures, par le spectacle des souffrances humaines.
Car il a longuement
réfléchi sur la condition de l'homme ; et l'on trouve, éparses en son œ uvre, maintes
considérations relatives aux rapports de l'homme avec son prochain, aux qualités de
l'honnête homme, aux vertus de celui qui se voue à Dieu.
Il prêche avant tout la modération qui, appliquée aux désirs, crée l'indépendance.
Il attache
grande importance à l'éducation qu'il fonde sur la douceur et l'indulgence, mais seulement
à l'égard de ceux qui les méritent, car “ faire du bien aux méchants, c'est le même que faire
du mal aux bons ”.
En politique, il veut un roi dont les devoirs envers ses sujets, l'État et
ses ennemis, le Créateur sont nombreux et divers : de tous ses conseils se dégage un petit
manuel dont l'idée maîtresse est le maintien de l'ordre dans les affaires humaines.
D'une autre série de textes on tire une morale des honnêtes gens, semblable à celle
d'Horace.
C'est ainsi que, plus que tout autre poète de l'Islam, il s'apparente à nos
moralistes — d'où son succès en Occident.
Parmi les qualités de l'homme, Saadi estime
surtout le courage moral et la bonté — non seulement cette bonté qui se formule en cette
sentence évangélique : “ Le mal que tu n'approuves point pour toi-même, ne le fais à
personne ”, mais encore cette bonté suprême qui s'applique à soulager toutes les misères
sous l'influence d'un rayonnement que Dieu met en l'âme de l'homme.
Cette perfection morale n'est donc accessible qu'avec l'aide de Dieu : c'est-à-dire que la
morale de Saadi conduit directement au mysticisme.
Sur ce point encore, il garde la
mesure : s'il exhorte à vivre en Dieu, il n'accepte pas que l'homme s'anéantisse en son
Créateur ; il rejette l'ascétisme et ne voit en la mystique qu'un puissant et sincère moyen de
perfectionnement.
La piété doit se manifester surtout par des actes ; et l'anecdote suivante,
empruntée au Golestân , précise la pensée de Saadi : “ Un honnête homme quitta le couvent
pour le collège, et rompit avec les mystiques.
Je lui demandai pourquoi il préférait le
savant au cénobite.
Il répondit : Le mystique ne fait que sauver des flots son propre tapis
de prière ; mais le savant s'efforce de sauver celui qui se noie.
”
Saadi doit surtout au Golestân sa célébrité.
Ce petit livre, en prose mêlée de vers, traduit en
tant de langues, est comme l'abrégé du Boustân allégé de ses développements mystiques : il
montre, souvent sur un ton plaisant, comment les hommes se comportent les uns envers.
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