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Musluh al-Din Saadi vers 1200-1291 Musluh al-Din -- connu sous son nom de plume, Saadi (Sa'di) qu'il prit en l'honneur du protecteur de son père : le prince de Chiraz, Saad ben Zengui -- naquit en cette ville, au cours des dernières années du XIIe siècle.

Publié le 05/04/2015

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Musluh al-Din Saadi vers 1200-1291 Musluh al-Din -- connu sous son nom de plume, Saadi (Sa'di) qu'il prit en l'honneur du protecteur de son père : le prince de Chiraz, Saad ben Zengui -- naquit en cette ville, au cours des dernières années du XIIe siècle. Pour sa naissance, comme pour son décès, on hésite entre plusieurs dates. A Chiraz régnait alors la dynastie des Salghoris. Après y avoir passé sa jeunesse, Saadi continua ses études à l'Université de Bagdad : il s'y pénétra de mysticisme et inaugura la série de ses voyages par un pèlerinage à La Mecque où il devait retourner plusieurs fois. En maint passage de ses oeuvres, il fait de claires allusions à sa vie errante : si l'on tend à mettre en doute certains épisodes de ces voyages (notamment dans l'Inde), il visita ce pays, l'Asie centrale et occidentale, l'Égypte, l'Abyssinie et peut-être une partie de l'Afrique du Nord. L'itinéraire de ses voyages reste conjectural. En son ensemble, sa vie, comme son oeuvre, donne une impression d'harmonie malgré les épreuves qui la traversent. Elle se partage en trois périodes, chacune d'une trentaine d'années : enfance et années d'études, voyages, retour au pays natal et longue vieillesse. Vers le milieu du XIIIe siècle, le poète regagna Chiraz, riche de l'expérience et du savoir acquis en diverses régions. La même dynastie régnait à Chiraz, payant tribut au grand Khan des Mongols qui se préparait à détruire le califat de Bagdad en 1258. Le prince de Chiraz, se déclarant vassal du sultan mongol de Perse, réussit à se maintenir...

« Le style de Saadi doit son harmonie et son élégance incomparables au sentiment de la mesure dont il semble avoir fait sa règle.

On peut résumer sa vie et son génie par la devise : “ In medio virtus.

” Alors que d'autres écrivains (par exemple le poète Hrâqâni et l'historien Wassâf) se plaisaient au vocabulaire surchargé de mots arabes, turcs ou très rares, aux phrases interminables et touffues, Saadi revient au style net et limpide, se réduisant aux mots arabes qui n'ont pas leur équivalent persan. Ce style séduisant et souple ne se ressent nullement de l'érudition livresque de Saadi.

Cette érudition, révélée par les multiples anecdotes et allusions dont on ignore trop souvent la source, n'a diminué ni l'inspiration poétique de Saadi ni son aptitude à observer ce monde. D'autre part, la souplesse de son style permet à Saadi de traduire expressivement ses sentiments et ses réflexions, et de figurer au premier rang des conteurs d'anecdotes.

S'il ne se refuse point à plaisanter, s'il est doué d'un vif sentiment de la nature qui soulève son enthousiasme, cependant sur son âme demeure l'ombre d'une mélancolie causée par la fuite inexorable des heures, par le spectacle des souffrances humaines.

Car il a longuement réfléchi sur la condition de l'homme ; et l'on trouve, éparses en son œ uvre, maintes considérations relatives aux rapports de l'homme avec son prochain, aux qualités de l'honnête homme, aux vertus de celui qui se voue à Dieu. Il prêche avant tout la modération qui, appliquée aux désirs, crée l'indépendance.

Il attache grande importance à l'éducation qu'il fonde sur la douceur et l'indulgence, mais seulement à l'égard de ceux qui les méritent, car “ faire du bien aux méchants, c'est le même que faire du mal aux bons ”.

En politique, il veut un roi dont les devoirs envers ses sujets, l'État et ses ennemis, le Créateur sont nombreux et divers : de tous ses conseils se dégage un petit manuel dont l'idée maîtresse est le maintien de l'ordre dans les affaires humaines. D'une autre série de textes on tire une morale des honnêtes gens, semblable à celle d'Horace.

C'est ainsi que, plus que tout autre poète de l'Islam, il s'apparente à nos moralistes — d'où son succès en Occident.

Parmi les qualités de l'homme, Saadi estime surtout le courage moral et la bonté — non seulement cette bonté qui se formule en cette sentence évangélique : “ Le mal que tu n'approuves point pour toi-même, ne le fais à personne ”, mais encore cette bonté suprême qui s'applique à soulager toutes les misères sous l'influence d'un rayonnement que Dieu met en l'âme de l'homme. Cette perfection morale n'est donc accessible qu'avec l'aide de Dieu : c'est-à-dire que la morale de Saadi conduit directement au mysticisme.

Sur ce point encore, il garde la mesure : s'il exhorte à vivre en Dieu, il n'accepte pas que l'homme s'anéantisse en son Créateur ; il rejette l'ascétisme et ne voit en la mystique qu'un puissant et sincère moyen de perfectionnement.

La piété doit se manifester surtout par des actes ; et l'anecdote suivante, empruntée au Golestân , précise la pensée de Saadi : “ Un honnête homme quitta le couvent pour le collège, et rompit avec les mystiques.

Je lui demandai pourquoi il préférait le savant au cénobite.

Il répondit : Le mystique ne fait que sauver des flots son propre tapis de prière ; mais le savant s'efforce de sauver celui qui se noie.

” Saadi doit surtout au Golestân sa célébrité.

Ce petit livre, en prose mêlée de vers, traduit en tant de langues, est comme l'abrégé du Boustân allégé de ses développements mystiques : il montre, souvent sur un ton plaisant, comment les hommes se comportent les uns envers. »

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