Mineptah 1235-1224 Lorsqu'en 1235, Mineptah, quatrième fils de Ramsès II, succéda à son père, l'Égypte, habituée à une longue paix, semblait en pleine prospérité.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
s'était abattu sur le peuple égyptien, il célèbre la paix en des termes d'une étonnante
humanité :
“ Amon dit (...) qu'il permette aux grands de regagner leurs domaines, qu'il permette aux citadins de
rentrer dans leurs villes (...).
Une grande allégresse règne en Égypte.
Des cris s'élèvent des villes du
pays (...).
L'ordre et la paix, grâce à lui, sont revenus.
Assieds-toi et cause, le c œur léger, ou
promène-toi le long du chemin, car il n'y a plus de crainte dans le c œur du peuple.
On quitte les
forteresses ; les puits sont rouverts ; les messagers se promènent à l'ombre des remparts jusqu'à ce que
leurs gardiens s'éveillent.
Les gendarmes dorment, et les patrouilles circulent dans les champs comme
elles l'entendent.
Les bestiaux sont aux champs, tâchés dans les pâturages sans bergers, libres de passer
le fleuve à leur gré.
On n'entend plus d'appel de sentinelles dans la nuit : “ Alerte ! Quelqu'un vient
qui parle une langue étrangère.
” Maintenant chacun va et vient en chantant, et il n'y a point de
plaintes de gens qui gémissent.
Les villes sont de nouveau bien administrées.
Et celui qui laboure ses
champs, c'est lui qui en mangera la moisson...
”
Mais si le calme de la vie du temps de paix était revenu, l'Égypte n'en était pas moins
profondément atteinte.
Au milieu des troubles qu'elle avait connus, la population s'était réfugiée dans les domaines
des temples qui formaient des petits États disposant de leurs milices, lesquelles en faisaient
de réelles puissances.
Il est symptomatique que le Grand Prêtre d'Amon, Bakhenkonsou, que
Ramsès II avait nommé à la fin de son règne, était l'ancien chef des soldats du domaine
d'Amon.
Quelques grands seigneurs, eux aussi, avaient organisé leurs domaines, couverts
sans doute comme ceux des temples par l'immunité, en cellules sociales, voire même
politiques, autonomes.
Si bien que lorsque le pays fut débarrassé de ses envahisseurs et des
étrangers, il se trouva complètement désorganisé.
D'autre part, l'effondrement de la puissance
maritime achéenne avait mis fin au trafic maritime.
Le port de Pharos était vide.
La vie
économique des villes subissait une crise profonde.
Seule la puissance des temples s'était
accrue, tandis que le pouvoir royal, usé dans la guerre, s'affaiblissait.
Incapable de recruter
des troupes dans les domaines immunistes, il avait incorporé à son armée des étrangers.
Mais
une armée de mercenaires eût demandé des ressources considérables, or la crise économique
réduisait les impôts que le roi percevait sur les revenus, et les tributs des anciens protectorats
asiatiques n'étaient plus payés ; car si le roi avait pu reconquérir partiellement la Palestine,
l'installation des Philistins sur la côte l'empêchait d'en faire la base d'une action qui lui eût
rendu les villes phéniciennes.
L'empire hittite avait été détruit par les invasions.
L'Assyrie et Babylone traversaient une crise
grave.
Plus aucune puissance ne subsistait ; la vie internationale était complètement
bouleversée.
Et si l'Égypte, seule, était parvenue à refouler les invasions et à se maintenir
comme une puissance, sa force était plus apparente que réelle.
Le danger extérieur,
momentanément écarté, la laissait, en effet, morcelée entre les temples et livrée à une
oligarchie qui s'imposait de plus en plus à la population.
Après avoir résisté aux assauts
extérieurs, l'Égypte s'effondrait par l'intérieur.
Nous ne savons rien de la fin du règne de
Mineptah, si ce n'est qu'en 1224, le trône fut occupé par un usurpateur, dont l'origine nous est.
»
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