Midhat pacha 1822-1884 Midhat pacha, le père de la Constitution ottomane de 1876, fut, en son temps, une des figures les plus célèbres du Proche-Orient.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Il était courant, dans l'Empire ottoman, d'exiler les personnalités déchues sous le couvert
d'une mission quelconque.
Conformément à son tempérament, Midhat pacha tira le
meilleur parti possible de son infortune.
Il réorganisa l'armée irakienne, résolut les conflits
frontaliers avec l'Iran et, surtout, s'attacha à gagner la confiance des populations en
procédant à une “ réforme ” agraire.
Par ailleurs, comme dans les Balkans, il prit des
mesures pour développer l'économie de l'Irak.
Mais l'accession, en 1871, de Mahmud
Nedim pacha — un ennemi personnel de Midhat — à la dignité de grand vizir lui porta un
grand coup.
Soupçonné de malversations, il dut résigner ses fonctions et rentrer à Istanbul.
Cet épisode malheureux marqua pourtant un nouveau départ dans sa carrière politique.
Désormais, en effet, les circonstances le plaçaient dans l'opposition au régime despotique
d'Abdül-Aziz.
Bureaucrate prestigieux, connu pour ses convictions réformatrices en
matière d'administration et comptant à son actif des réalisations remarquables, il fut
considéré d'emblée comme le chef de file des libéraux ottomans.
En 1872, ses partisans
réussirent à l'imposer comme Premier ministre ; mais il fut destitué au bout de trois mois
et, dans les années qui suivirent, il oscilla sans cesse entre la disgrâce et le pouvoir.
Ministre de la Justice en 1873, il voulut profiter de sa position pour introduire une
législation limitant l'arbitraire du sultan dans le domaine de l'administration et des
finances publiques.
D'autre part, il se livrait en secret à des consultations pour instaurer un
régime parlementaire.
Mais ses projets furent découverts par Abdül-Aziz, qui, ayant à
compter avec la puissante opposition des libéraux se contenta de l'exiler à Salonique.
Les circonstances, toutefois, étaient peu favorables au sultan.
Les populations balkaniques
réclamaient leur indépendance.
Après la Serbie et le Monténégro, la révolte gagnait en
1876 la Bulgarie.
Les finances de l'Empire se trouvaient dans un état navrant.
Les notables
ne supportaient plus les tracasseries du pouvoir autocratique.
Sentant son trône en danger,
Abdül-Aziz tenta de se concilier les libéraux en rendant le ministère de la Justice à Midhat
pacha.
Mais ce dernier démissionna au bout de quelque temps, en déclarant qu'il ne
pouvait admettre que les affaires publiques fussent conduites de façon despotique, en
dehors de tout contrôle parlementaire.
Il proclamait ouvertement ses convictions libérales
et prévoyait la fin prochaine du régime.
Une manifestation des étudiants en théologie, le 10
mai 1876, précipita les événements.
Tandis qu'Abdül-Aziz, sous la pression de la rue,
renvoyait certains ministres, Midhat pacha et ses amis œ uvraient à le renverser.
Ils avaient
pour eux non seulement l'opinion publique, mais encore les autorités religieuses qui se
montraient convaincues de la nécessité de limiter l'absolutisme par des réformes
institutionnelles.
Le 30 mai, Abdül-Aziz fut déposé par un décret du grand mufti d'Istanbul et remplacé par
son neveu Murad V.
Pour les libéraux, c'était une grande victoire.
Dès le mois de juillet, les
“ Jeunes Ottomans ” en exil, notamment Ziya pacha et le porte Namik Kemal, regagnèrent
la capitale.
Midhat pacha, principal artisan de la destitution d'Abdül-Aziz, voulait profiter
de la conjoncture pour imposer au nouveau souverain une constitution.
Il pensait que
seule une Assemblée parlementaire pourrait faire obstacle aux désordres de
l'administration.
Il espérait, d'autre part, que les garanties constitutionnelles offertes aux
minorités chrétiennes constitueraient un argument de poids face aux immixtions des
puissances étrangères dans les affaires intérieures de l'Empire.
Cependant, la proclamation.
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