Martin Frobisher 1535-1594 L'entêtement admirable avec lequel les navigateurs de l'Europe, pendant
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Ici commence une illusion collective qui durera trois ans et, sans autre profit
géographique, portera les Anglais à renouveler trois fois le même voyage avec des flottes
de plus en plus fortes.
Comme bien d'autres navigateurs, Frobisher cherchait des voies au
commerce britannique, sa curiosité était dirigée vers le profit qu'on pouvait tirer du
voyage et lorsque, dans la baie, il découvrit des minerais de cuivre qui lui parurent
contenir de l'or en quantité, il se crut amplement payé de sa navigation hasardeuse.
À son
retour à Londres, une “ Compagnie de la Chine ” fut fondée, tant il était certain que le fond
de cette baie de la terre de Baffin débouchait directement sur les mers orientales.
Frobisher fut promu grand-amiral de toutes les terres et eaux à découvrir.
La reine lui
confia l'Aid, de la marine royale.
Le 26 mai 1577, commandant l'Aid, accompagné du Gabriel et du Michael, il repartit vers
l'ouest, avec cent vingt hommes d'équipage et des mineurs.
L'affaire prenait un tour trop
enthousiaste pour ne pas conduire à des déceptions.
Celles-ci n'étaient pourtant pas pour
cette fois encore.
Le second voyage semble avoir laissé à l'arrière-plan le passage du Nord-Ouest.
Le
17 juillet, Frobisher arrive droit sur la baie.
Les bâtiments chargent le plus de minerai
possible et repartent directement pour l'Angleterre.
L'illusion eût pu cesser à ce point si l'expert alchimiste consulté n'avait supposé trouver de
l'or dans le minerai de Frobisher : ignorance ou grande puissance imaginative ?
L'enthousiasme monta, Frobisher fut reçu au palais de Windsor, on baptisa des terres, on
fit le projet d'une colonie (aucun navigateur n'avait encore éprouvé l'hiver arctique), on
rêva d'une vaste expédition, puis on l'organisa.
Frobisher quitta Harwich le 31 mai 1578 pour un nouveau voyage.
Il conduisait cette fois
quinze bâtiments et emportait de quoi construire un fort.
Le voyage débuta
favorablement ; après avoir vu le Groenland le 20 juin, la flotte arrivait le 2 juillet à l'entrée
du “ détroit ”.
Les glaces obstruaient les parages et le bâtiment qui portait les matériaux du
fort sombra sur un iceberg, les autres furent engagés dans un champ de glace et
souffrirent.
Sortie à grand-peine de la banquise, la flotte éprouva la tempête et fut chassée
dans le détroit d'Hudson.
Au bout de soixante milles, il vira de bord et revint jeter l'ancre
dans sa baie, plus attiré par l'or que par la perspective de terres inconnues.
Il charge cinq
cents tonnes de pierraille et revient à Londres, ayant perdu un bâtiment et quarante
hommes.
La vérité ne tarde pas à se faire jour sur l'or hyperboréal ; l'alchimiste s'était trompé.
On
dissimula le mieux possible la bévue, la “ Compagnie de la Chine ” ne fit plus parler d'elle,
le détroit du “ Magellan du Nord ” entra dans l'ombre.
Frobisher ne tomba pas pour autant en disgrâce ; la reine lui confia un nouveau
commandement, sa vie redevint celle du bon marin qu'il était, mais l'exploration était pour
lui terminée..
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