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Mao Tsê-toung par Alexandre Casella Institut de Hautes Études Internationales, Genève Octobre 1966.

Publié le 05/04/2015

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Mao Tsê-toung par Alexandre Casella Institut de Hautes Études Internationales, Genève Octobre 1966. A Pékin, du haut de la porte de la Paix Céleste, Mao Tsê-toung salue un million de gardes rouges qui défilent devant lui en brandissant le petit livre rouge. Les gardes rouges, c'est le déferlement des masses contre ces membres du Parti qui " ont pris la voie capitaliste " ; c'est la grande remise en question de la révolution et de l'État ; c'est la première vague de fond de la révolution culturelle lancée par Mao au printemps de cette même année. Dix-sept ans plus tôt, du haut de cette même porte de la Paix Céleste, Mao proclamait l'avènement de la République populaire de Chine. Pendant dix-sept ans, il conduit, mène, inspire une nation, un peuple, un parti dont, au milieu des années 70, il a le suprême courage de proclamer lui-même qu'il est à refaire. Six ans plus tard, alors que la Chine se remet d'une crise qui l'a secouée jusqu'au fond de son âme, il reçoit à Pékin, dans sa résidence au coeur de la Cité interdite, le président des États-Unis, Richard Nixon, qui vient ainsi expier vingt-trois ans de politique étrangère américaine dont un des buts était d'imposer l'isolement de la Chine. L'homme que l'histoire a destiné à être le rénovateur de la Chine naquit le 26 décembre 1893 dans le village de Chao-chan au coeur du Hunan. La maison où il vit le jour est une grosse bâtisse solide et trapue, une de ces fermes de paysan aisé avec sa cour intérieure et ses fenêtres tendues de papier huilé. Passé le pas de porte, on y trouve, à droite, une sorte de salle de séjour, à gauche, une cuisine au plafond bas avec son four et son sol en terre battue. Devant la maison, une route avec, en contrebas, un damier de rizières taillé dans un coteau boisé où le vent fait frémir les sapins. La naissance de Mao Tsê-toung coïncide avec le dernier battement de coeur de l'empire chinois. Jusqu'à l'âge de seize ans, il partage la vie des jeunes de son village ; la misère lui est épargnée car son père est aisé, mais il la voit chez les autres. En 1910, à dix-sept ans, il coupe sa natte et part à pied pour le chef-lieu provincial de Chang-sha, grosse bourgade poussiéreuse sur la rivière Siang. Là, il s'inscrit à une école primaire supérieure. Mais ses cours ne le satisfont pas. Il essaie une école commerciale et brièvement l'armée, pour finalement entrer à l'école normale de Chang-sha en 1913. Là, il devient instituteur, celui qui enseigne. Il le restera toute sa vie. A l'école normale de Chang-sha, il se découvre une passion : la lecture. Il lit Darwin, Stuart Mill, Kant, Hegel, et dès l'âge de vingt ans, il prend conscience que la seule chose qui sauvera la Chine, ce n'est pas une réforme mais une r&eacut...
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