Luis Váez de Torres XVIIe siècle Parmi les explorateurs de l'océan Pacifique,
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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de son commandant.
Chaque jour, tandis que les prêtres officiaient et priaient pour l'âme
des méchants païens et leur salut, les arquebusades éclataient d'un bout à l'autre des bois
charmants et sur les eaux étincelantes des rivières ; chaque jour, les indigènes, courageux
défenseurs leur sol natal, n'opposaient aux soldats espagnols bardés de fer, aux arquebuses
et aux épées, que la nudité de leurs corps bruns, des arcs et des flèches.
Une telle œ uvre
répugnait tant à Torres, qu'il n'en écrivit rien ; il faut en chercher les détails dans d'autres
récits.
Sept semaines après l'arrivée dans cette île d'Espirito-Santo, Quiros ordonna à la petite
escadre de prendre la mer, afin d'explorer la grande terre par le sud.
Mais le temps se fit
mauvais et il ne fut plus possible d'avancer.
Profitant de ces circonstances, l'équipage du
vaisseau amiral se mutina, et, à l'insu de Quiros qui ne s'en aperçut que trop tard, vira de
bord et fit route vers l'Amérique.
Torres, abandonné par son commandant sans un mot et sans un signe, attendit quinze
jours avant de reprendre le voyage vers l'ouest, ainsi que l'avait ordonné le roi d'Espagne.
Ayant acquis la conviction qu'Espirito-Santo n'était qu'une petite île, il mit le cap au
sud-ouest jusqu'à ce qu'il eût passé le vingtième parallèle, à environ trois cents kilomètres
au nord de la Nouvelle-Calédonie.
Ne voyant aucune terre dans ces parages, il tourna au
nord, avec l'intention d'atteindre Manille en longeant toute la côte nord de la
Nouvelle-Guinée.
A sa grande surprise, là où il s'y attendait le moins, une terre s'étendant
de l'est à l'ouest barra sa route : le vent l'empêcha de se diriger vers l'est, de même que vers
le nord, et la seule solution qui s'offrit à lui fut de longer la côte vers l'ouest avec la terre à
sa droite.
Ainsi, Torres navigua le long de huit cents lieues de côtes, dont l'arrière-pays, fait de
montagnes couvertes d'arbres et de plaines fertiles, laissait paraître des indigènes
fortement colorés, d'un naturel agressif, et hostiles.
Sur un quart de cette distance, il lui
fallut chercher passage à travers récifs, roches et courants d'une des voies navigables les
plus dangereuses du monde, selon les données scientifiques les plus récentes, et suivre de
près la côte de la Nouvelle-Guinée, sans apercevoir l'Australie.
En jetant l'ancre à trois
reprises — car il observa avec attention les environs —, il dressa des cartes et y inscrivit
Port-Lerma, pour le détroit de Chine et l'île Basilic de Moresby, la grande baie de
San-Lorenzo, pour l'Orangerie de Bougainville, la baie de San-Pedro de Arlança, pour la
baie du Triton des Hollandais.
La quatrième de ses cartes, qui existe encore, est celle
d'Espirito-Santo.
Cependant le passage de ce difficile détroit ne marquait pas la fin des aventures.
A l'île de
Ternate, où les indigènes s'étaient soulevés contre leur gouverneur espagnol, Torres, avant
de poursuivre son voyage vers Manille, où il arriva au début de mai 1607, débarqua ses
soldats pour rétablir l'ordre.
A Manille, en attendant l'heure du retour — longtemps différé — en Espagne, Torres
écrivit deux lettres, l'une à Quiros et l'autre au roi d'Espagne, dans lesquelles il fait un bref
récit de ses découvertes et aventures.
C'est par ces lettres que ce loyal, brave et
entreprenant navigateur a terminé la période historique de sa vie..
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