Louis XIV par Victor-L.
Publié le 05/04/2015
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Louis XIV par Victor-L. Tapié Membre de l'Institut Si, au XVIIe siècle, la plupart des pays européens étaient gouvernés par des institutions monarchiques, d'ailleurs différentes de l'un à l'autre, Louis XIV parut à ses contemporains le roi par excellence, le Grand Roi. La durée de son règne, 1643-1715, soixante-douze ans, de son gouvernement personnel, 1661-1715, cinquante-quatre ans, l'éclat de ses victoires militaires et la surprise des redressements aux heures difficiles des dernières guerres, la renommée d'un pays peuplé et producteur, dont l'étranger pensait que les finances royales tiraient d'inépuisables ressources, les oeuvres de civilisation comme autant de modèles à imiter, tout contribuait, de son temps, à un immense prestige, où il entrait d'ailleurs plus de crainte que de dilection. Voltaire a écrit le Siècle de Louis XIV pour l'égaler aux plus grands de l'histoire. Mais, depuis, les historiens se sont partagés entre admirateurs et contempteurs, acharnés à l'éloge et au blâme, bien que les jugements de valeur ne soient pas la fin de l'histoire. Reste cette question : comment Louis XIV a-t-il agi en homme d'État ? Roi à cinq ans, traité aussitôt avec les marques d'un respect religieux, il traversa, dans son enfance, la rude expérience de la Fronde. Encore que personne ne mît en doute le principe de l'autorité royale, le temps d'une régence, où le roi n'agissait pas lui-même, ranimait les prétentions des puissances secondes, princes du sang ou Parlements, à exercer une manière de contrôle sur le gouvernement. Au cours de quatre années, une guerre civile ou plutôt une série de guerres civiles, contemporaines de la révolution en Angleterre, bouleversa la France. Même la majorité du Roi en 1651 ne l'empêcha pas de s'intensifier. Cependant, l'autorité morale du principe monarchique, la fermeté de certains royalistes et la lassitude de l'opinion assurèrent à la longue la victoire du gouvernement. Grandi parmi ces troubles, Louis XIV n'en oublia jamais la leçon. Mazarin n'était pas encore rentré à Paris que le jeune roi surprenait la cour en faisant arrêter le cardinal-coadjuteur de Paris, Gondi de Retz, l'un des anciens agitateurs. Mais, Mazarin de retour, il laissa se renouveler le ministériat. C'est qu'à la manière de son père vis-à-vis de Richelieu, il mesurait la compétence et l'habileté du Cardinal. En outre, il sentait qu'il avait lui-même beaucoup à apprendre de ses exemples. A la mort de Mazarin, ce fut autre chose. Il avait alors vingt-deux ans ; de bonne santé, de physique attrayant, brillant danseur et cavalier, il était aisément populaire à Paris. Sa personnalité était déjà marquée : un grand bon sens, une intelligence solide plus qu'imaginative, des connaissances bien assimilées, mais aussi un tempérament sensuel que même sa foi religieuse et son sens du péché ne maîtrisaient pas, une complaisance au plaisir et une impatience de gloire. Il avait hâte de se sentir le maître : " Je résolus sur toutes choses de ne point prendre de premier ministre... le nom en sera pour jamais aboli en France, rien n'étant plus indigne que de voir d'un côté toutes les fonctions et de l'autre le seul titre de roi. " Ainsi, au ministériat, qui, par le biais d'un client direct du roi, avait contribué à affermir l'autorité royale et à obtenir l'obéissance des sujets, se substitua l'exercice personnel du pouvoir par le souverain. Il écarta donc du Conseil d'en haut, qui traitait de la politique générale et des affaires les plus importantes, la reine mère (Anne d'Autriche), les princes du sang et les grands officiers. Après Fouquet, il n'y eut plus de surintendant des Finances, le chancelier fut rejeté vers les seules affaires de justice (encore que justice et administration fussent parfois difficiles à séparer), jamais la dignité de conn&...
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