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Louis IX ou Saint-Louis par Louis Carolus-Barré Conservateur des bibliothèques et archives

Publié le 05/04/2015

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Louis IX ou Saint-Louis par Louis Carolus-Barré Conservateur des bibliothèques et archives des Musées nationaux, Paris Lorsque de façon inattendue, Louis VIII mourut d'une brève maladie à Montpensier, en Auvergne, le 8 novembre 1226 au retour d'une expédition victorieuse contre les Albigeois, le royaume de France se trouva entre les mains d'un enfant âgé de douze ans environ. Certes, le roi défunt, avant de mourir, avait confié à la reine Blanche la garde de l'enfant et la régence du royaume. La situation n'en était pas moins très grave et la régente pouvait craindre des soulèvements dans les pays récemment conquis, des rébellions dans le reste du royaume lui-même de la part de grands vassaux ambitieux et jaloux du pouvoir exercé par une femme d'origine étrangère. Mais Blanche, " qui prit courage d'homme en coeur de femme ", sut faire face aux difficultés avec une énergie peu commune et un remarquable esprit de décision. En moins de trois semaines, la dépouille de Louis VIII est inhumée à Saint-Denis (le 15 novembre), le prince héritier armé chevalier à Soissons et sans délai conduit à Reims (le 29) pour y être couronné : traditionnelle et indispensable cérémonie du sacre qui seule faisait de l'héritier de la couronne l'oint du Seigneur et le roi légitime. Grâce à Blanche de Castille, les révoltes anarchiques des grands vassaux (Champagne, Bretagne, Marche, Toulouse, Foix, Boulogne, et le roi d'Angleterre soi-disant " duc de Normandie ") sont brisées à deux reprises, mais non sans peine, en usant tour à tour de la force des armes et de tractations diplomatiques (traités de Vendôme, 1227 ; de Meaux et de Paris, 1229) Et dans cette tâche ardue jamais ne lui font défaut la fidélité des grands officiers de la couronne, vieux serviteurs des règnes précédents (le chancelier, frère Guérin ; le chambrier, Barthélemi de Roye, etc.), ni la loyauté du bon peuple de France, à Paris notamment et dans les villes de commune, ni l'appui constant de l'Église, protectrice naturelle de la veuve et de l'orphelin. Ainsi lorsque, parvenu à l'âge d'homme dans sa vingt et unième année, Louis IX épouse Marguerite, fille de Raymond-Bérenger, comte de Provence (Sens, 27 mai 1234) la régente peut considérer avec une juste fierté l'oeuvre accomplie en quelques années : comment, malgré maintes traverses, elle a conservé le patrimoine dont elle avait reçu la garde. Non seulement l'héritage de Philippe Auguste, l'aïeul, qui avait grandement accru le domaine royal (d'où ce nom d'Auguste), mais aussi celui qui avait été légué au Capétien par Amauri de Montfort, comte de Toulouse et duc de Narbonne : toutes ces terres méridionales qu'il avait fallu, à la vérité, reconquérir les armes à la main sur la maison de Saint-Gilles ! Mais enfin la bannière fleurdelisée flotte désormais sur le Languedoc méditerranéen, à Nîmes comme à Beaucaire, à Carcassonne comme à Béziers. Plus encore se comprend la fierté de Blanche à contempler ce fils qu'elle a élevé et formé avec dilection, éveillant son intelligence, son coeur et son âme, selon les voies de Dieu " par qui règnent les rois ". Au physique, Louis est dans sa jeunesse un beau chevalier, ferme sur sa monture et tenant bien l'épée, mince et de haute taille, avec un " visage angélique ", qu'éclairent des " yeux de colombe " et qu'encadre une chevelure blonde ; dans son âge mûr, c'est un ascète : dominant ce long corps, de santé parfois trop fragile, encore aminci par les jeûnes, les veilles, les macérations, sa tête légèrement s'incline, mais garde toujours pour ceux qui l'approchent un charme où tant de vertus se mêlent que beaucoup déjà ne doutent pas d'y voir l'auréole de la sainteté. On ignore quel fut le maître choisi par la reine Blanche pour enseigner à son fils la " science des lettres " et le former suivant les bons principes, utilisant au besoin la férule ; et c'est assurément dommage. Mais la chose, en somme, importe peu puisque l'on sait que la reine veilla personnellement avec le plus grand soin à son éducation de roi et que sa formation fut profondément chrétienne. Nourri de l'Ancien et du Nouveau Testament, des livres des Pères et de la vie des saints, il connaissait à fond la doctrine de l'Église et aimera à s'en entretenir avec les plus grands théologiens de l'Université de Paris. Éducation d'un clerc, mais aussi d'un politique ayant lu l'histoire des rois ses prédécesseurs et celle des anciens empereurs romains. Aussi bien est-il dans cet entourage très fidèle de conseillers, clercs et chevaliers, milieu où se précisait depuis peu la notion de " couronne " (qui est celle-là même de l'État), et où s'impose encore la puissante personnalité de Philippe Auguste, que Louis IX approcha dans son enfance et dont il évoquait volontiers le souvenir. Pour connaître vraiment le caractère de Saint Louis, rien ne vaut de l'entendre parler lui-même, ce qu'il faisait bien, aisément, avec esprit. Ses " propos ", pieusement recueillis, ont pu être comparés aux " Pensées " de Marc Aurèle. On n'en rapportera ici ...

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