L'extrait suivant est l'incipit de Voyage au bout de la nuit de Céline.
Publié le 24/08/2014
Extrait du document
«
Alors, on remarque encore qu'il n'y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voiture, rien.
Quand il fait très froid, non plus, il n'y a personne dans les rues ; c'est lui, mêmeque je m'en souviens, qui m'avait dit à ce propos : « Les gens de Paris ont l'air toujours d'être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c'est que lorsqu'il ne fait pasbon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks.
C'est ainsi ! Siècle de vitesse ! qu'ils disent.
Où ça? Grandschangements ! qu'ils racontent.
Comment ça? Rien n'est changé en vérité.
Ils continuent à s'admirer et c'est tout.
Et ça n'est pas nouveau non plus.
Des mots, et encore pas beaucoup, mêmeparmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits...
» Bien fiers alors d'avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeuré là assis, ravis, à regarder les dames du café.Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.
a) Il contient du vocabulaire argotique.b) Il ne répond pas aux questions que se pose le lecteur.c) Il propose une syntaxe proche du langage oral.d) Il s'apparente à une parodie. e) Le héros n'en est pas un. f) Il met en place un cadre fantastique.
réponses b) c) e)Cet incipit est célèbre car il correspond parfaitement aux bouleversements connus par le genre romanesque au XXe siècle en France.
En effet, à l'opposé du roman balzacien si décrié par les auteurs du Nouveau Roman, il ne comporte pas d'entrée en matièretraditionnelle : le lecteur est plongé in medias res.
À lui de comprendre qui est le narrateur, quand et où l'action prend place, et surtout de quoi il est question : ses attentes de lecture ne sont pas satisfaites. De plus, Ferdinand Bardamu, le narrateur du roman, est tout sauf un héros traditionnel : il n'est pas à l'origine des actions qui se déroulent dans cette scène, se contente de confirmer ce que son camarade affirme.
C'est cette passivité, qui n'est pas sansrappeler celle de Meursault, dans L'Étranger de Camus, qui fait de lui le prototype même de l'anti-héros moderne.
On ne peut pas considérer la présence de mots argotiques (« carabin, bocks ») comme une marque de la modernité puisqu'on en trouve aussi dans les romans naturalistes et réalistes..
»
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