Les problèmes liés à l'accès à la culture
Publié le 09/10/2018
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LA POLITIQUE CULTURELLE DE L'ETAT
Les prémices d'une politique culturelle en France remontent aux premiers siècles de la monarchie capétienne : c'est en effet Saint Louis qui est à l'origine de la création de la Sorbonne par Robert de Sorbon, en 1257. Le Collège de France, la première institution culturelle de l'État naît sous François Ier et c'est Louis XIV qui ordonne l'édification de la «Maison des bâtiments du Roi», se souciant de la conservation des bâtiments de l'État. C’est cependant seulement à partir de la Révolution et surtout sous la IIIe République que la politique culturelle prend une dimension moderne : tenter de rendre les richesses culturelles accessibles au plus grand nombre.
UN MINISTERE AD HOC
En janvier 1870 est créé le premier ministère de la Culture, appelé alors ministère des Lettres, Sciences et Beaux-Arts. Mais il faut attendre la Ve République pour voir apparaître un ministère des Affaires culturelles aux missions nettement définies.
Le ministère Malraux
On doit en effet à Charles de Gaulle la volonté de développer une politique culturelle d'envergure en France. Le décret qui institue le ministère annonce clairement les ambitions : «Le ministère chargé des Affaires culturelles a pour mission de rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ; d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres de l'art et de l'esprit qui enrichissent.» Pour cette tâche prestigieuse, de Gaulle, premier président de la Ve République, compte sur un homme d'exception : l'écrivain
André Malraux, qu'il nomme ministre de la Culture, avec rang de ministre d'État, en juillet 1959, et soutient sans faillir jusqu'à son départ, en juin 1969. Dotant le ministère d'une administration autonome et d'un budget propre (0,39% du budget du pays), il fonde définitivement son existence.
Des actions de Malraux, on peut, en particulier, retenir la création des maisons de la Culture (la première est ouverte au Havre, en 1961), qu'il considère comme les «cathédrales des temps modernes» et rêve d'essaimer dans tous les départements, «pour le prix de 25 km d'autoroute». Ces maisons sont, pour
lui, l'instrument privilégié permettant d'apporter la culture à la masse des Français : toutes les formes d'art doivent y être représentées, dans une totale liberté d'expression. Financées à parts égales par l'État et par chacune des villes intéressées, elles sont gérées, sur le plan artistique, par un animateur.
Malraux n'est pas un défenseur passéiste du patrimoine : il sait user de la communication moderne et, dans le but de faire briller la culture française dans le monde, fait voyager des œuvres emblématiques : la Joconde aux États-Unis en 1963, la Vénus de Milo au Japon en 1964, etc. Il est aussi le père fondateur de ce que l'on appelle aujourd'hui l'«exception culturelle française». C'est sous son ministère qu'est mis en place le système d'avance sur recettes permettant au Centre national du cinéma de subventionner les films français, de façon à soutenir une culture cinématographique, s'il le faut contre la «loi du marché».
Il mène par ailleurs une politique de reconnaissance des artistes contemporains (multiplication de commandes et création d'une sécurité sociale pour les «gens du spectacle»). Malraux met enfin en place une décentralisation du ministère, créant, en 1969, les trois premières Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) ; 22 autres seront créées au cours des dix années suivantes.
La culture sous les gouvernements Pompidou et Giscard d'Estaing
Sous la présidence de Georges Pompidou, le budget de la culture connaît une progression significative, passant de 0,37% en 1970 à 0,47% en 1972, pour atteindre un sommet dans la décennie 1970 (0,51 % en 1974). La politique reste dans les rails posés par Malraux.
On peut citer, parmi les projets réalisés durant cette période, la protection du théâtre d'Orsay, le classement des hôtels du parc Monceau, la mise en place, en décembre 1970, de la Direction de la musique et de l'art lyrique, et l'organisation de l'exposition des Arts plastiques, en 1972.
Est prise, enfin, la décision d'édifier un Centre d'art et de la culture voué à la création contemporaine. Le centre Ceorges-Pompidou, conçu par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, ouvert au public depuis 1977, est devenu l'un des lieux culturels les
«
consommation de programmes télévisés est importante (en moyenne, plus de trois heures par jour).
Avec le développement des chaînes commerciales, certains ont craint le recul inexorable de la culture télévisuelle.
Une belle surprise est pourtant venue d'Arte (Association relative à la télévision européenne), née le 30 avril 1990 d'un partenariat entre la France et l'Allemagne.
Aujourd'hui, neuf autres télévisions publiques se sont associées à ce projet ambitieux.
L a chaîne diffuse depuis Strasbourg en plusieurs langues simu ltanée s et pour toute l'Europe.
Elle vit des redevances publiques: son budget s'élevait à 350 millions d'euros en 2004.
La chaîne culturelle obtient une part d'audience très faible dans l'absolu- 5% en moyenne -, mais extrêmement encourageante si l'on considère la qualité culturelle des programmes proposés (plus de 70% du budget de la chaine sont consacrés à la création et à la diffusion de documentaires).
LE CINÉMA La généralisation des postes de télévision, dans les années 1960, puis l'apparition du magnétoscope et la multiplication des chaînes a semblé la fin du
salles
les cartes d'abonnement et, surtout, l'« exception culturelle française» maintiennent pourtant le cinéma à flot.
Le CNC, en effet, sous la tutelle du ministère de la Culture, est doté d'un budget important (presque 522 millions d'euros en 2005) qui lui permet de soutenir la création cinématographique française, et en particulier le finance ment de longs métrages.
Ainsi, sur 513 films projetés sur les écrans en 2003, 219 sont français, 160 américains, 73 européens et 61 d'autres origines.
L'ADRC (Agence pour le développement régional du cinéma), créée en 1983, finance le tirage des copies (plus de 1 500 par an).
Grâce à tous ces moyens, le cinéma français peut ainsi mieux résister au géant américain, et sa part de marché s'élevait, en 2004, à 38,3%% (contre 46,9% pour le cinéma américain).
Au total, on a comptabilisé 195 millions d'entrées, un record pour ces vingt dernières années.
Et les films français s'exportent: en 2003, les ventes à l'étranger ont généré 123,6 millions d'euros de recettes.
LA RADIO La radio, depuis sa création, a été un vecteur de culture important (les cours de la Sorbonne étaient, par exemple,
diffusés sur les ondes dans les années 1920).
Les radios culturelles du service public, France-Culture et France Musique, ont des auditeurs fidèles, et leur audience s'accroit.
France-Culture compte ainsi 642 000 auditeurs qui sont, en moyenne , restés 89 minutes par jour à l'écoute en 2004.
La station touche aujourd'hui un public de plus en plus jeune et populaire (9,1% de la population française).
LE THÉATRE
(représentations théâtrales, lyriques, chorégraphiques et musicales) ont attiré 25 millions de spectateurs au cours de l'année 2002.
5 théâtres nationaux, 44 centres dramatiques nationaux et près de 1 500 compagnies, dont 600 aidées financièrement par l'État ont ainsi proposé une grande variété d'œtMes, aussi bien du répertoire classique que des créations contemporaines.
En outre, au cours de ces dernières années, les festivals ont connu une croissance remarquable.
Ils drainent un public nombreux et contribuent au renouveau créatif.
Citons les plus célèbres : le festival d'Avignon pour le théâtre, le festival d'Aix-en-Provence dans le domaine de l'art lyriqu e, le Printemps de Bourges, les Franco-folies de La Rochelle , le festival des Vieilles Charrues dans le domaine musical (61 0.1J des festivals sont consacrés à la musique).
Le festival d'Automne, à Paris, officiellement voué à l'art contemporain, a une programmation résolument pluridisciplinaire.
Depuis les années 1980 émerge un genre de spectacle qui réinvente dans l'espace public la relation au spectateur et renouvelle la tradition populaire.
Des troupes des arts de la rue vont ainsi à la rencontre du public, leur proposant des spectacles où se mêlent plusieurs disciplines : danse, acrobaties, musique, say nèt es, voire multimédia.
Plus de 800 compagnies se produisent en France à l'occasion de journées festives organisées par les communes (la Nuit blanche, etc.), et pas moins de 200 festivals programment des spectacles de rue.
L'aide apportée par le ministère aux arts de la rue s'élevait, en 2004, à 6,5 millions d'euros.
INTERNET L'outil informatique, et en particulier Internet, est un formidable instrument facilitant l'accès à la culture (banques de données gratuites, diffusion · de l'information, débats, etc.).
Après un démarrage assez lent, l'équipement des Français en ordinateurs connaît une
L'EXCEPTION CULTURELLE FRANÇAISE
En ce début de XXJ" siècle, s'il existe bien cukurelle», c'est-à-dire l'idée que les biens de l'esprit ne sont pas des marchandises comme les autres et que les règles habituelles du commerce ne peuvent leur être appliquées : un traitement particulier doit au contraire, leur être réservé.
Cette défense de l'exception s'accompagne également d'une défense de la diversité cukurelle, et c'est dans la tradition française d'estimer que «l'universalité de l'homme s'incarne dans le particulier ».
une culture mondiale, ses éléments caractéristiques sont pour la plupart venus d'outre- Atlantique.
L'Amérique du Nord sait mieux que quiconque , en effet faire de sa culture une industrie d'exportation, avec Hollywood, Disney , etc.
Les nombreuses séries télévisées américaines diffusent aussi dans le monde entier leur modèle de civilisation.
Face à cette domination, la France défend son «exception
croissance très importante : selon le CREDO(, en juin 2003, 31 % des Français étaient connectés à Internet , dont 66% de cadres , 32% d'employés et 21 Ofo d'ouvriers.
MUSÉES ET MONUMENTS HISTORIQUES La France possède l'un des patrimoines culturels les plus vastes et les plus divers du monde : 33 musées nationaux, 1 091 musées classés , 2 400 monuments ouverts à la visite.
Les musées accueillent chaque année près de 13 millions de personnes, et on compte tout autant de visites pour les monuments historiques.
La tour Eiffel est le monument le plus visité (6,1 millions d'entrées), suivie par le centre Georges-Pompidou (6 millions)
et le Louvre (plus de 5 millions).
L'abbaye du mont Saint-Michel en reçoit quant à elle plus de 1 million .
LA MUSIQUE En partie sous l'influence de la fête de la Musique, les pratiques musicales des Français se sont développées: J80A> d 'entre eux ont joué d'un instrument ou participé à une chorale en 2002 (soo,u ont pratiqué une activité artistique en amateur).
Si la «consommation» ne faiblit pas, avec une forte fréquentation des concerts et récitals en tous genres, les jeunes, en particulier , «piratent» beaucoup de musique sur Internet, aussi les ventes d'enregistrements ont elles chuté fortement ces dernières années.
Il est toutefois vendu chaque année 166 millions de disques et
cassettes , soit un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros .
._ __ "'--ll Ld variété nationale représente 57,9% des ventes; la musique classique, 5,8 Ofo.
Les hypermarchés distribuent 42 •Al de la production.
LA LECTURE Concernant la lecture, la situation est contrastée : si le nombre de livres lus est en baisse, et particulièrement chez les jeunes, la pratique de la lecture augmente grâce à un accès plus facile et une offre mieux adaptée au public.
La mise en place d'un réseau de plus en plus serré de bibliothèques publiques a fortement contribué à sa démocratisation.
En 2002, un tiers des
Français sont ainsi allés au moins une fois en bibliothèque.
Encouragée par les pouvoirs publics à partir des années 1980, la mutation des bibliothèques en médiathèques se généralise dans les années 1990, la diffusion de la culture sur des supports audiovisuels (disques, cassettes vidéos, cédéroms) fidélisant un public jeune.
Les médiathèques sont devenues des lieux où la notion de libre accès est prédominante : meilleure
LA DÉCENTRALISATION
Depuis 1977, le ministère de la Culture agit au plan régional par le biais des DRAC.
Leurs missions portent sur toutes les activités culturelles de la région, mais leurs priorités, définies par le ministère, concernent l 'aménagement «culturel» du territoire.
Il s'agit de réduire et, à terme, de faire disparaître les déséquilibres culturels existant en premier lieu entre Paris et les régions, et en second lieu, entre les régions elles-mêmes.
Les DRAC sont ainsi parties prenantes des actions cukurelles développées par les régions .
Par le biais de crédits, elles soutiennent des festivals de cinéma, des opérations de promotion du livre , ou, dans le domaine des arts plastiques, elles suivent les actions des Fonds régionaux d'art contemporain.
obligatoire jusqu'au lycée.
5% des jeunes, toute séries confondues, suivent une option artistique jusqu'au bac : théâtre, musique, cinéma, audiovisuel, histoire de l'art.
L'école encourage aussi, en concertation avec les DRAC, la mise en place d'ateliers; ainsi, 3 200 chorales regroupent 120 000 jeunes.
Les pratiques culturelles se sont diffusées notamment du fait de l'élévation du niveau de vie ainsi que de la croissance de l'offre (bibliothèques, expositions, ouverture au public du patrimoin e culturel) .
De fortes disparités subsistent toutefois, liées en grande partie au niveau scolaire et au milieu social des Français.
Ainsi, en 2000, seulement 17 Ofo de ceux qui ont un brevet des collèges ont assisté à une représentation théâtrale ou à un r--------------_, concert au moins une fois dans l'année, exposition des ouvrages , création de coins de consultation , lectures publiques , conférences, mini-spectacles.
Elles renforcent le lien social, comme en témoigne le nombre important de visiteurs qui les fréqÜentent , sans pour autant être inscrits au service de prêt.
En 2002, les bibliothèques municipales (3 000 établissements) comptaient 6,7 millions d'inscrits , dont 38,60A> d'enfants.
157,5 millions d'imprimés, 29 millions de disques et 7,8 millions de vidéogrammes ont été prêtés .
La propagation de ID ledure est aussi favorisée par la multiplication de
!'«offre» de lecture.
91 o,u des Français possèdent des livres.
En 2001, 54 400 titres ont été édités (soit 452 millions d'exemplaires) par 313 maisons d'édition.
La concentration dans ce secteur est importante, 51 éditeurs publiant 82 o,u des titres .
La littérature représente 23 o,u des titres produits; les ouvrages d'enseignement, 15%; les livre s pour la jeunesse et les bandes dessinées, 20 Ofo.
22 Ofo des titres sont édités en collection de poche, soit 32 o,u des exemplaires produits.
Malgré la loi Lang fixant un prix unique du livre , la vente des ouvrages échappe de plus en plus aux librairies (16,6% du volume et 18,4 % de la valeur) au bénéfice des grandes surfaces spécialisées et de la vente par correspmidance (40% du volume et de la valeur des ouvrages).
Les grandes surfaces non spécialisées vendent, pour leur part, 24% des ouvrages édités en France.
Cette diffusion du produit culturel en supermarché contribue, à sa manière, à un plus grand accès de tous à la culture, mais peut aussi laisser craindre une «homogénéisation du produit», les grandes surfaces mettant surtout sur leurs tables des best-sellers.
PRATIQUES CULTURELLES ET MILIEU SOCIAL
L'école est le principal vecteur d'accès à la culture.
C'est là que l'on découvre souvent pour la première fois l'ampleur et la diversité des domaines artistiques, aussi l'enseignement des arts (musique, arts plastiques) est-il intégré dans les programmes en tant que discipline
contre 570,0 de ceux qui ont un diplôme supérieur ou un baccalauréat.
Un tiers des ouvri ers ont lu un livre, contre 940,0 des cadre s (dans l'enquête menée par l'INSEE, sous le mot.
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