Les Polyphonistes par Charles Van Den Borren La polyphonie, source de notre musique moderne, est une création de l'Europe occidentale.
Publié le 05/04/2015
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Les Polyphonistes par Charles Van Den Borren La polyphonie, source de notre musique moderne, est une création de l'Europe occidentale. A l'unisson qui caractérisait la musique de l'Antiquité et du haut Moyen Âge, elle substitue le jeu simultané de deux ou plusieurs voix, avec les multiples potentialités de développement qu'implique une telle combinaison. Ses débuts, fort modestes, ne semblent pas remonter au delà du IXe siècle. D'après le Musica enchiriadis, traité attribué, autrefois, à Hucbald de St-Armand, on connaissait, à cette époque, dans l'Ouest de l'Europe, un contrepoint en quartes, quintes et octaves parallèles qui avait pour effet de renforcer la sonorité du chant grégorien nordique, en lui communiquant un coloris étrange et non sans saveur. Mais le même traité prévoit, en outre, un dispositif à deux voix qui, tout en maintenant le parallélisme à l'intérieur des incises mélodiques, fait entrer en jeu, dans une certaine mesure, le principe du mouvement contraire. Que les exemples fournis par la Musica enchiriadis soient l'effet d'expériences purement théoriques, ou l'écho d'une pratique plus ou moins courante dans les milieux ecclésiastiques du temps, un fait est certain : c'est que l'innovation qu'ils constituent fit rapidement fortune, sous le nom d'organum, et que les siècles suivants la virent se développer en une floraison d'une richesse peu commune, qui devait atteindre son point culminant à le fin du XIIe siècle et au début du XIIIe, avec l'école de Notre-Dame de Paris. La voix de base est invariablement une mélodie empruntée au répertoire grégorien. Au cours du stade le plus ancien de l'organum, cette voix - qui porte le nom bas-latin de tenor (soutien) - gouverne le rythme et le mouvement de l'ensemble polyphonique : rythme et mouvement qui ne sont autres que ceux-là mêmes que postule le débit oral de le cantilène liturgique. Mais, à partir du moment - que l'on peut fixer au cours de le première moitié du XIIe siècle - où s'établit la coutume de soumettre la voix organale ou surajoutée à des floraisons multiples, le ténor subit, de ce fait, un ralentissement qui le prive de sa vivacité originelle, en réduisant, d'autre part, son rôle à celui d'un simple soutien technique et symbolique. Il semble bien que l'initiative de cette conception ornementale soit partie de l'Abbaye de Saint-Martial de Limoges. De là, elle a étendu ses effets vers le nord, où adoptée per les clercs musiciens de Notre-Dame de Paris, l'organum nouveau style connaîtra avec Léonin (troisième tiers du XIIe siècle) et Pérotin le Grand (premier tiers du XIIIe), une période d'effervescence sens pareille. Les organa à deux voix de Léonin tissent des contrepoints fleuris d'une plastique admirable au-dessus de le ligne presque étale de ténors aux tenues prolongées. Plus variés et plus fournis, ceux de Pérotin et de ses disciples pratiquent de préférence l'écriture à trois voix, plus rarement à quatre. De toute façon, le répertoire de Notre-Dame est conçu, esthétiquement parlant, de manière à constituer, par ses vocalises pleines d'élan et d'une ligne si pure, un complément idéal à l'hiératisme grandiose et mystérieux des cathédrales gothiques, au siècle de Saint Louis. Du point de vue harmonique, le parallélisme des quartes, des quintes et des octaves n'a point encore disparu de ces belles constructions, mais il n'apparaît plus qu'à titre secondaire, aux endroits où le prédominance du mouvement contraire cesse de jouer. Les intervalles recommandés en premier lieu par la théorie, sont l'octave, la quinte et le quarte. Tous les autres (tierce, sixte, septième) sont considérés comme dissonants et ne peuvent trouver place qu'à l'intérieur des groupes rythmiques qui jalonnent régulièrement la marche des parties. Ce que l'on appelle l'ars antiqua du XIIIe siècle, est encore représenté : 1° par le conductus, dont la caractéristique principale gît dans le fait que le ténor y procède de l'invention personnelle de l'auteur ; 2° par le motet, forme dérivée de l'organum. Conservé en très grand nombre, le motet de l'ars antiqua prend, pour point de départ, des organa ou des fragments d'organum de brève dimension, appelés clausulæ, dont il reproduit le ténor tel quel, sens en modifier les paroles ; par contre, le ou les voix organales ...
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