Les Hébreux par Jacques Pirenne de l'Académie Royale de Belgique.
Publié le 05/04/2015
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Les Hébreux par Jacques Pirenne de l'Académie Royale de Belgique. Professeur à l'Université de Bruxelles. Seul de tous les peuples du Moyen-Orient, les Hébreux nous ont laissé une relation complète de leur histoire, de leurs plus lointaines origines jusqu'à la guerre d'indépendance (IIe siècle av. JC). A côté de son caractère sacré, la Bible constitue incontestablement une source historique qui permet de suivre l'évolution du peuple hébreu depuis l'époque du nomadisme et d'Abraham ; source d'autant plus intéressante qu'elle constitue le seul témoignage écrit de l'organisation d'une société clanique (basée sur des clans). Il ne peut être question dans une présentation aussi brève de résumer la longue évolution sociale, économique et politique du peuple juif. Nous devons nous en tenir à en marquer les principales étapes. L'époque des clans nomades s'étend jusque vers le XVIIIe siècle av. JC. A ce moment, poussé par la grande immigration des peuples, le clan de Jacob pénètre en Égypte où il est installé dans la région orientale du Delta. Sa fixation au sol marque la seconde grande étape de son histoire. Par-dessus la solidarité du sang qui unissait les clans entre eux se forme une solidarité de voisinage d'où sortira l'organisation tribale. Pendant la période qui s'étend du XVIIIe au XVIe siècle, le Delta est occupé par les Hyksos. Nous ne savons rien des rapports que les Hébreux eurent avec les Hyksos. Il apparaît clairement cependant que la fixation au sol les amène à la notion de la propriété de famille et à une organisation aristocratique dominée par les assemblées de clans, formées des " chefs de maisons ", réunis à certaines occasions en assemblée des tribus, lesquelles étaient lices entre elles par la solidarité d'un culte superposé à tous les clans. En 1580 av. JC, les rois de la XVIIIe dynastie égyptienne, ayant expulsé les Hyksos du Delta, exigèrent des Juifs, qui ne payaient pas l'impôt et vivaient sous leurs coutumes propres, qu'ils fournissent des corvées à l'administration égyptienne. Des scribes, nommés par les Égyptiens parmi les Hébreux, furent préposés à la surveillance des corvées, et il semble que ces scribes, choisis en dehors des cadres traditionnels, aient été chargés d'une certaine juridiction sur leurs compatriotes. Il se forma ainsi une classe dirigeante en dehors de celle que représentait l'aristocratie des chefs de famille. Moïse appartenait à cette classe. Lorsque sous le roi Mineptah (1234-1224 av. JC), l'Égypte fut envahie par les " peuples de la mer " venus de Libye, tous les étrangers qui depuis des siècles étaient installés à l'Est du Delta, et les nombreux prisonniers de guerre que Ramsès III avait ramenés de ses campagnes, se soulevèrent, jetant l'Égypte dans l'anarchie. Mineptah ayant refoulé les " mashaouahs " venus de Libye, se retourna contre les étrangers de l'Est et les refoula d'Égypte. Ce fut vraisemblablement l'époque de l'Exode. Le peuple juif allait entrer dans une nouvelle ère de sa vie nationale : le séjour au désert au cours duquel allaient se former son unité et ses premières institutions. C'est alors que s'affirma l'autorité de Moïse, homme nouveau, qui imposa à toutes les tribus le culte exclusif de Yahvé (le dieu d'Israël), organisa l'armée, donna aux Hébreux un code moral, le Décalogue, dicté par Yahvé, s'arrogea le droit de juger souverainement par-dessus les Anciens. L'unité du peuple hébreu se fit donc d'abord, comme celle de tous les peuples, sur les plans religieux, militaire et judiciaire. Désormais, la puissance paternelle, jusqu'alors souveraine, s'efface devant celle de l'assemblée du peuple. Le Conseil des Anciens subsiste mais en son sein se forme un Conseil restreint de soixante-dix Anciens que consulte Moïse. Celui-ci, chef de l'armée, n'est pas le chef du culte et n'est pas héréditaire. Il désigne son frère Aaron comme grand prêtre héréditaire, lequel prend rang immédiatement après lui. Cette profonde transformation ne se fit pas sans réactions de l'aristocratie et l'unité de culte nécessita une intervention énergique et sanglante. Lorsque le peuple hébreu apparut devant Canaan, il était divisé en douze tribus, possédait une armée organisée et les institutions que lui avait données Moïse. Mais ce dernier ne devait pas présider à l'installation des Hébreux en Canaan. Il se donna pour successeur Josué, après consultation de l'oracle de Yahvé. L'installation des Hébreux en Canaan se fit par vagues ; ils s'installèrent tantôt pacifiquement, tantôt après avoir voué à l'anathème et massacré les populations qui leur résistaient. La fixation au sol des Hébreux sur la terre de Canaan fit disparaître les institutions centrales que Moïse leur avait données. Chaque tribu s'organisa sur elle-même. La solidarité familiale commença à reculer devant le droit individualiste. La propriété privée apparut avec, progressivement, la lente émancipation de la femme. Les tribus entrèrent en guerre contre leurs voisins - Philistins, Édomites ou Moabites - et même entre elles. Seul le culte de Yahvé les unissait. Au cours de ces guerres, un chef de tribu, sorte de &quo...
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par Jacques Pirenne
de l'Académie Royale de Belgique.
Professeur à l'Université de Bruxelles..
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