LES FONDEMENTS DE LA Psychanalyse
Publié le 27/12/2018
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«
LES
FONDEMENTS DE LA PSYCHANALYSE.
Dans la Vienne
début de siècle, le peintre Gustav Klimt représente des thèmes sur
lesquels la psychanalyse naissame je11e une lumière nom·elle.
Ci-dessus: la Mort et la Vie.
© Ericlr Lessing · Magnum · DR
traitement des maladies nerveuses dans le cadre d'un poste hospitalier
à Vienne.
Les maladies nerveuses sont alors anribuées à des dysfonc·
tionnements organiques et traitées essentiellement au moyen des tech
niques de l'électrothérapie.
[;hystérie constitue un cas particulier,
puisque, pour un grand nombre de médecins, les hystériques ne sont
pas des malades mais d'habiles simulatrices.
Par ailleurs, l'hystérie est
tenue par ceux qui la prennent au sérieux pour une affection spéci
fiquement féminine résultant d'une atteinte organique d'origine uté·
ri ne.
Praticien des maladies nerveuses, Freud va donc devoir se
situer dans ce débat et il constituera par là même la préhistoire de la
psychanalyse.
Celle-ci s'organise autour de trois questions: le statut
de l'hystérie, son explication théorique, les possibilités thérapeu·
tiques.
Cette mise en place s'accomplira en une quinzaine d'années,
marquées par les rencontres exceptionnelles de Freud avec Josef
Breuer, Charcot et Wilhelm Fliess.
C'est lors de son arrivée à l'hôpital que Freud fait ta
connaissance du Dr Josef Breuer qui lui parle de l'une de ses patientes
hystériques, Anna O., dont il a interrompu le traitement.
Il a remar
qué que les symptômes de la patiente -paralysies, pertes de mé·
moire, toux nerveuse, peurs, etc.
-disparaissaient, lorsque, étant
placée sous hypnose, celle-ci pouvait parler au médecin de ses an·
goisses et de ses hallucinations.
Freud ne prête guère attention au récit
de ce cas dont il ne se souviendra que trois ans plus tard, après s'être
rendu à Paris pour effectuer un stage dans le service du professeur
Charcot à la Salpêtrière.
Charcot était alors en train de révolutionner
l'approche de l'hystérie: au moyen de la parole suggestive adressée à
des malades sous hypnose, il faisait apparaître et disparaître les symp·
tômes de la maladie chez les femmes mais aussi chez les hommes.
Par
là, il conférait à l'hystérie un statut médical et scientifique: il montrait
qu'il s'agissait bien d'une maladie et non d'un acte de simulation, et
rendait caduque l'hypothèse de l'origine utérine de ta maladie en
démontrant son existence chez des sujets masculins.
Le fondement
neurologique de l'hystérie demeurait supposé, mais il devenait
évident que les symptômes de la maladie pouvaient être supprimés
par le seul recours à des moyens d'ordre psychologique et qu'ils obéis·
saient donc à des lois spécifiques.
Pour Freud, cela signifiait la possibi·
�té de concevoir l'existence d'une pensée détachée de la conscience.
une pensée qui produit des symptômes à l'insu de ceux qui en sont
porteurs: l'esquisse d'une idée de l'inconscient commençait d'appa·
raître.
De retour à Vienne, Freud repense au cas d'A nna O.
et pro·
pose à Breuer de mettre en commun leurs observations cliniques et
l'expérience qu'ils ont du traitement des hystériques.
C'est là l'origine des
Éw des sur /'hysrérie ( 1895).
Mais l'entente entre les deux hommes
n·est déjà plus qu'apparente: Breuer a renoncé à traiter d'autres ma
lades hyst6riques et il a interrompu la cure d'Anna 0., effrayé et
choqué par certains des propos.
des allusions sexuelles notamment,
que lui a tenus la jeune patiente.
Entre Charcot qui, en libérant
l'hystérie de ses origines génitales supposées.
a rejeté toute idée de
référence à la sexualité, et Breuer qui, pour des raisons morales, ne
veut pas entendre parler de sexualité, Freud va tenter de se frayer une
voie pour élaborer une nouvelle explication de l'hystérie prenant ex·
plicitemcnt en compte la sexualité.
Pour rendre compte de l'évolution du traitement d'Anna O.,
Breuer avait construit sa théorie de la rérenriorr, posant que, derrière
chaque symptôme présenté par le malade hystérique, existait un «re
tenu» de sou_venir qui, une fois «libéré», entraînait la disparition du
symptôme.
A cette théorie, Freud substitue celle de la séduction
i11itiale: certains individus auraient subi dans leur enfance, ou dans
leur histoire, des traumatismes réels de nature exuelle dont le souve·
nir leur serait à ce point douloureux qu'ils feraient en sorte de les
oublier, plus précisément de les refouler.
Freud se trouve conforté sur
ce point par les récits des patientes qu'il écoute et il est ainsi conduit à
suspecter tous les pères, y compris le sien, d'être d'horribles pervers.
Le statut et l'explication de l'hystérie commencent de se préciser, la
question de la méthode thérapeutique adéquate est encore probléma·
tique.
Breuer avait mis au point une méthode qu'il appelait «cathar
tique» et qui, à la différence de la suggestion utilisée par Bernheim et
l'école de Nancy à laquelle Freud avait d'abord porté un grand intérêt,
n'essayait pas de convaincre ou d'influencer le patient.
Anna O.
qua li·
fia cette méthode de «ramonage» ou de «cure par la parole», ce qui
lui vaudra par la suite de passer pour avoir inventé la psychanalyse.
Freud était gêné par l'emploi de l'hypnose: frappé par l'injonction
que faisait Bernheim à ses patients de se souvenir de ce à quoi ils
avaient pensé alors qu'ils étaient sous hypnose, il fait l'hypothèse qu'il
en est de même sans hypnose, que chaque malade se souvient et qu'il
suffit de l'obliger à cet effort pour que revienment en mémoire les
éléments du passé traumatisant liés aux symptômes qui en constituent
le résidu.
La méthode, toutefois, ne le satisfait pas encore complète·
ment; il remarque qu'elle se heurte à une force, la résistance, qui
empêche l'accès à la conscience des souvenirs inconscients et qui
atteste le bien-fondé de sa théorie du refoulement.
Il faut donc parve
nir à vaincre cette force pour atteindre à la guérison.
C'est une autre
patiente qui «trouvera» la solution et qui viendra ainsi compléter
!'«invention» de la psychanalyse inaugurée par Anna O.
Emmy von
N.
stipulera sans te savoir, un jour de 1889, ce qu'il en est de la place
du psychanalyste en intimant à Freud l'ordre de se taire et de l'écou·
ter.
La méthode dite de l'association libr e était née, l'écoute devenait
l'instrument privilégié de cette nouvelle clinique de la névrose qu'at
lait être la psychanalyse.
Pour autant, lorsque paraissent en 1895 les
Éwdes sur l'hystérie, deux questions centrales ne sont encore qu'ef·
fleurées, celle de la sexualité et celle du transfert.
SEXUALITÉ ET TRANSFERT
S'agissant de la sexualité, l'accès en est barré par la théorie
de la séduction enracinée dans l'ordre de l'évidence, celle de la réalité
dont Fr�ud n'a pas encore découvert qu'elle fonctionne comme un
leurre.
A l'écoute de ses patientes hystériques, Freud est pourtant
confronté à une contradiction majeure: bien qu'il ne puisse plus sé·
rieusement affirmer que tous les pères aient violé ou tenté de violer
leurs filles, il ne peut non plus soutenir la thèse selon laquelle toutes
ces femmes, qui se souviennent d'avoir été victimes de séductions
sexuelles de la part de leurs pères, seraient des menteuses.
Dépasser
cette contradiction implique d'effectuer une véritable révolution intel·
lectuelle allant bien au-delà de ce seul domaine des idées qui a cons ti·
tué le champ des relations de Freud avec Breuer et avec Charcot; cela
signifie qu'il va lui falloir dépasser, pour son propre compte, ce qu'il a
identifié chez ses patients comme étant des résistances.
Cette méta·
morphose s'accomplira dans le cadre de son amitié avec Wilhelm
Fliess, médecin berlinois, oto-rhino-laryngologiste, avec lequel, du·
rant près de dix années, Freud va faire, évidemment sans le savoir du
fait même de son caractère inaugural, sa propre analyse.
Dans le cadre
de son transferr à Fliess, Fre ud va s'emparer, sans s'en rendre compte,
des idées apparemment délirantes de son ami.
idées qui postulent
l'existence d'une périodicité gouvernant la vie des êtres humains, qui
introduisent la notion de bisexualité et mettent en relation la mu·
queuse nasale et les activités génitales.
Il va progressivement trans·.
»
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