Les deux principes de la thermodynamique par E.

Les deux principes de la thermodynamique par E. Bauer Professeur honoraire à la Sorbonne La nature de la chaleur fut de tous temps l'objet de le curiosité et des méditations des hommes. Sous le nom de feu, les Anciens en firent un élément, c'est-à-dire une substance. Et cette conception se maintint sous des formes diverses pendant des siècles. D'ailleurs, tant que l'on ne connaissait aucun des grands principes de conservation, elle restait assez floue pour s'adapter sans peine aux rares observations qualitatives faites durant cette longue période. Ainsi l'on avait remarqué depuis longtemps (comme le prouve des documents du XVIe siècle) que le frottement échauffe les corps. Jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, il semble qu'aucun philosophe, aucun physicien ne fut gêné par cette observation si simple, si contraire, nous semble-t-il aujourd'hui, à l'idée de la chaleur-substance. A partir de 1620 environ, la mécanique et la science de la " chaleur " vont se développer de manière tout à fait indépendante, pour se rejoindre deux cents ans plus tard en la vaste synthèse de l'énergétique moderne. Descartes, Huyghens et Newton surtout découvrirent les principes de conservation de la mécanique : conservation vectorielle de la quantité de mouvement, théorème des forces vives, le plus important à notre point de vue : la force vive ou énergie cinétique se conserve lors des chocs élastiques. Dans le cas des champs de force, tels que la pesanteur, sa variation est compensée par celle d'une grandeur déterminée : l'énergie potentielle. Ces idées étaient devenues parfaitement claires au temps de Lagrange et de Laplace. Dans le domaine de la chaleur, c'est la notion de la température qui se précisa tout d'abord vers la fin du XVIe siècle. Celle de quantité de chaleur resta longtemps assez confuse, peu distincte de la première. Elle ne fut dégagée en toute netteté que par les expériences du physico-chimiste écossais Joseph Black (1728-1799) qui mit au point les méthodes classi...