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Les Classiques par Pierre Francastel École des Hautes Études, Paris On a tellement

Publié le 05/04/2015

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Les Classiques par Pierre Francastel École des Hautes Études, Paris On a tellement pris l'habitude d'opposer, en sculpture, le Classique au Baroque et de ne considérer ces styles que l'un par rapport à l'autre, que les vrais problèmes posés par l'existence d'une culture classique moderne ont disparu. Le classicisme ne saurait être considéré comme un simple état de la vie des styles, intermédiaire entre la gaucherie féconde du primitivisme et le surgissement créateur du baroque. Il ne marque pas un temps d'arrêt dans un processus éternel d'invention qui engendre régulièrement des formes les unes à partir des autres ; il n'est pas le moment admirable mais infécond où une société se délecte à agencer des formes reçues. Le Classicisme n'est donc pas une époque intercalaire entre une Renaissance prolongée par l'imagination poétique des Baroques et un Romantisme généreusement nourri de la poésie jaillissante des jeunes nations. Les difficultés d'appréciation que nous rencontrons aujourd'hui lorsqu'il s'agit de comprendre et de juger le classicisme, sont, cependant, le produit des circonstances historiques à travers lesquelles se sont développées l'histoire de l'art et l'esthétique depuis un siècle et qui ont abouti à cette double apologie, d'ailleurs contradictoire, des constantes historiques et de l'art spontané. Le classicisme porte, d'abord, la peine d'un trop grand prestige, et d'avoir engendré, à un moment donné, au XVIIIe siècle, trop d'imitations. Vers 1750, l'Europe était vraiment toute française. Il n'était pas de prince, grand ou petit, qui n'imitât Versailles ; on ne voyait Rome même qu'à travers le goût parisien. D'autre part, au temps de Mme de Pompadour, le courant vivant de l'art français ne coïncidait plus, comme il se doit, avec l'enseignement de l'École. Au XVIIIe siècle, au moment de la plus grande diffusion du classicisme français, ni ceux qui l'imitaient ne le comprenaient, ni, en France même, il n'était plus l'art vivant. Ainsi, par un double phénomène, le malentendu naquit, qui devait faire confondre le classicisme avec l'académisme et laisser perdre de vue qu'à un moment donné, au XVIe et au XVIIe siècle, le classicisme avait été chose vivante par les Français. On ne saurait lier, au surplus, le développement du classicisme européen au seul art français. Les origines du mouvement qui, d'une part, se fonde sur la connaissance intime de l'Antiquité et, d'autre part, sur le culte de certaines valeurs où s'exprime un équilibre non pas de formes conventionnelles, mais des traits les plus stables de l'homme universel avec ses goûts et ses modes d'expression momentanés, sont à chercher, à la fois, dans la Renaissance italienne et ...

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