Leonid Maximovitch Leonov 1899-1990 Leonid Leonov est un des maîtres les plus originaux de la prose russe du XXe siècle.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
événements dans lesquels le lecteur établit lui-même des lois de développement et des
lignes de force psychologiques.
”
La langue de Leonov est une langue qui peint et qui chante.
La structure de ses romans est
aussi, pourrait-on dire, à la fois “ musicale ” et “ picturale ”.
Certains thèmes majeurs sont
repris à travers de nombreuses variations dans des tonalités différentes.
Par exemple dans
La Sott (1929 ), épopée de la construction d'une grande entreprise industrielle dans un coin
perdu, le thème des éléments chaotiques, des forces spontanées et aveugles de la nature se
retrouve dans les paysages, la psychologie des hommes et dans la trame même du récit.
Des leitmotive métaphoriques viennent appuyer les intentions de l'auteur : l'eau et le brin
d'herbe qui y flottent (dans La Forêt russe), la planète arrachée au soleil (dans Le Voleur), les
cimes des montagnes (dans Skoutarevski), l'océan (dans La Route de l'Océan), etc.
À la
composition musicale se juxtapose une structure qui organise le roman comme une toile.
Leonov lui-même compare la composition de son roman Skoutarevski à celle des
“ Chasseurs ” de Bruegel.
L'idée fondamentale du passage des intellectuels à la révolution
est ainsi saisie comme une structure spatiale et une certaine qualité de la lumière (“ le
soleil luit au crépuscule, car le printemps humain se fait de l'intérieur ”).
La riche matière sociale, philosophique, humaine, linguistique des romans de Leonov est
toujours remarquablement organisée.
Leonov est un excellent constructeur.
Malgré leur
grande complexité, ses structures tiennent toujours d'un bloc.
Il joue avec une grande
habileté du temps du récit, disposant sur le même plan présent et avenir (dans La Route de
l'Océan) , ou passé et présent (dans La Forêt russe). Dans Le Voleur, on voit un romancier
écrire le roman des événements au fur et à mesure qu'ils se déroulent ; l'auteur dévoile les
batteries de l'art, ouvre grande la porte de son laboratoire, les personnages eux-mêmes
critiquent l' œ uvre qui leur est lue chapitre par chapitre.
Ce système de miroirs opposés
renvoyant l'image à l'infini permet à Leonov d'obtenir des effets extrêmement originaux et
surprenants.
Observons que chaque chapitre du Voleur se termine “ sur le même mot ” :
“ soleil ”.
C'est dire la minutie avec laquelle Leonov élabore la composition.
Dans La Foret
russe, il ne craint pas d'insérer dans le texte romanesque une conférence de quarante pages
sur la science des forêts ! Et on n'a pas du tout envie de sauter le chapitre !
Mais si différentes que soient ses œ uvres par le moment historique et le milieu social
évoqués, la couleur stylistique générale et la composition, elles ont cependant des
caractères communs fortement marqués.
Toutes, elles disent la transformation de la matière humaine sous l'influence de la
révolution sociale, opposent dans un conflit violent l'homme de l'unité à l'homme de la
désintégration, l'homme qui porte en lui l'avenir à l'homme en proie au passé.
La conquête
par l'homme de son intégrité est victoire sur la mort, sur les forces élémentaires
désordonnées et chaotiques ; constamment s'y affrontent une conception “ petite
bourgeoise ” de l'existence et du bonheur, recroquevillée et stérilisante, et une voie
largement “ ouverte ” sur la vie et la fraternité humaines.
Rester soi-même tout en assimilant toutes les trouvailles formelles, se renouveler sans
cesse, chercher dans toute la culture humaine son bien tout en restant profondément
national, n'est-ce pas la marque des plus grands créateurs de ce temps ?
L' œ uvre romanesque de Leonov avec ses personnages au langage fortement individualisé,
sa composition très méditée, ses conflits tragiques, est vigoureusement dramatique.
Leonov a porté à la scène certains de ses romans, écrit pour le théâtre des œ uvres
puissantes et originales d 'Ountilovsk (1928) à L'Invasion (1942) et au Carrosse d'Or.
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