Léonard de Vinci par Lionello Venturi Professeur d'histoire de l'art à l'Université,
Publié le 05/04/2015
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Léonard de Vinci par Lionello Venturi Professeur d'histoire de l'art à l'Université, Rome Comme toutes les grandes personnalités de l'histoire qui, bien que dépassant la civilisation qui les a produites, représentent typiquement cette civilisation, Léonard, cependant si actuel, personnifie la crise de l'humanisme, la crise de la religion de l'homme qui eut lieu à la fin du XVe siècle. Toute la force de transcendance de la vie terrestre que le moyen âge avait développée avait été concentrée par l'humanisme dans l'homme considéré comme centre de l'univers et créateur de toutes choses sur cette terre, à la ressemblance du Créateur de l'univers. Mais vers la fin du XVe siècle, à Florence, cette foi en l'homme s'effondra, et les regards se tournèrent vers la nature avec une si grande attention qu'ils découvrirent les nouvelles " proportions " de l'être humain comme parcelle de l'univers. Après la découverte de l'homme vint la découverte de la nature. Pour les hommes de la fin du XVe siècle, un tel changement de direction spirituelle assuma un caractère tragique : dans le monde moral, il prépara la Réforme, dans le monde intellectuel une première discrimination apparut entre l'art et la science. L'une des conséquences de la foi en l'homme de la période de l'humanisme fut d'exalter les artistes comme capables de guider la science en tant que champions du dessin, de la géométrie, de la perspective, de l'anatomie. Rarement dans l'histoire, art et science furent confondus comme à Florence au XVe siècle ; ce fut alors que la méthode mathématique prit le dessus dans le domaine de la science et qu'elle se sépara nettement de la méthode imaginative qui est le propre de l'art. Léonard de Vinci, lui aussi, partit du dessin pour atteindre à la connaissance scientifique et revendiqua explicitement pour le dessin le mérite des connaissances qu'il avait acquises. Toutefois, son impulsion comme savant fut telle qu'il surpassa tous ses contemporains et ses prédécesseurs dans la réalisation de découvertes scientifiques. Dans ce processus de l'art à la science, Léonard arriva à un point où le calcul mathématique devait prévaloir sur l'imagination, c'est-à-dire où l'art et la science bifurquaient. Léonard suivit les deux routes, mais il était trop sensible pour les confondre. Ce n'est pas avec des mots qu'il les sépara, mais par des actes, c'est-à-dire qu'il représenta dans ses peintures ce qu'il sentait ou aimait, ce dont il rêvait, mais non pas ce qu'il connaissait du monde. De tout ce qu'il se proposait de réaliser comme artiste, Léonard voulut fixer les lois scientifiques. Pour peindre, il créa une théorie de la perspective ; pour construire un corps humain, il organisa une science anatomique ; pour colorer, il formula une théorie des ombres ; pour représenter une plante, il déduisit des lois botaniques de ses observations empiriques, et ainsi de suite, s'éloignant toujours de plus en plus de sa première thèse jusqu'à s'en détacher complètement pour pénétrer la mécanique, la géologie, ...
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