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Léon Trotski par Annie Kriegel Professeur à l'Université de Paris X " Je ne connais pas de tragédie personnelle.

Publié le 05/04/2015

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Léon Trotski par Annie Kriegel Professeur à l'Université de Paris X " Je ne connais pas de tragédie personnelle. Je ne connais que la substitution d'un chapitre de la révolution à un autre ". Eh bien, si, une tragédie personnelle. Rien, par chance d'ailleurs pour l'honneur personnel de Trotski, rien qu'une tragédie mineure, ne tirant pas à conséquence pour l'Histoire - celle dont on prétend qu'elle a un sens. Ou plutôt, en toute équité, une tragédie qui n'a de sens que pour un petit groupe et, par-delà ce groupe, pour ceux, individus ou catégories, qui, de fondation, se trouvent à quelque époque que ce soit, dans la situation où était Trotski. Certes, Trotski fut sans conteste de 1917 à 1920 une figure majeure de la Révolution d'Octobre. Expulsé de France en 1916, conduit à la frontière espagnole, envoyé sous escorte à Cadix, embarqué sur un navire en partance pour les États-Unis où il arrive en janvier 1917, c'est à New York qu'il apprend quelques semaines plus tard que la révolution a éclaté à Petrograd. Il reprend la mer tout aussitôt, le 21 mars : encore un bref contretemps quand les autorités anglaises d'Halifax le jettent au passage dans un camp de prisonniers allemands et, libéré le 29 avril, le voici à Petrograd le 17 mai. Arrêté encore le 23 juillet au lendemain des " Journées de juillet " et jusqu'au 4 septembre, date du putsch manqué de Kornilov, il devient président du Soviet de Petrograd (23 septembre), président du Comité Militaire Révolutionnaire (9 octobre) chargé de préparer l'insurrection décisive. Après la prise du pouvoir par les Bolcheviques, le 7 novembre, on le verra successivement commissaire du Peuple aux Affaires étrangères jusqu'au traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918), puis commissaire à la Guerre et président du Conseil Militaire Suprême : créateur de l'Armée Rouge, il est, de son fameux train, l'artisan de la victoire après trois ans d'une atroce guerre civile. Seuls les manuels staliniens de la pire période ont donc dérisoirement effacé le rôle primordial de Trotski : celui-ci fut, après Lénine, l'homme clef qui, à l'heure cruciale, sut exploiter et maîtriser la conjoncture pour qu'en puisse jaillir un nouveau pouvoir capable de s'asseoir durablement. Après Lénine. Avec le goût de la vérité qui le caractérise quand il ne se croit pas le devoir, par esprit de parti, d'être de mauvaise foi, Trotski lui-même, un jour de mars 1935 où, dans la petite ville française de Domène, la solitude et l'impuissance réduisent ce journaliste à n'écrire que son propre journal, refuse de céder à quiconque la seconde place qu'il estime lui revenir dans l'instauration du pouvoir soviétique : " Si je n'avais été présent en 1917 à Pétersbourg, la Révolution d'Octobre aurait quand même eu lieu - pourvu que Lénine ait été là pour diriger. Si ni Lénine ni moi n'avions été à Pétersbourg, il n'y aurait pas eu de Révolution d'Octobre... " Mais co...
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