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L'Empereur Maurice régna de 582 à 602 L'Empereur Justinien Ier (527-565) léguait

Publié le 05/04/2015

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L'Empereur Maurice régna de 582 à 602 L'Empereur Justinien Ier (527-565) léguait à ses successeurs le grand rêve d'un Empire universel restauré dans les frontières de la romanité, mais aussi la preuve que ce rêve ne pouvait plus devenir réalité et qu'à trop s'y laisser séduire, Constantinople s'épuisait. Ambitions intactes, conscience d'une faiblesse endémique : telle est désormais -- et pour longtemps -- l'ambivalence fondamentale de l'État byzantin ; Maurice est le premier souverain à en avoir tiré une politique. Et cet héritage équivoque, qui se soldait par des conquêtes mal assurées dans l'Occident lointain et par de graves incertitudes à la frontière perse, s'était trouvé aggravé par le règne d'un fou (Justin II, 565-578) ; Tibère II, qui lui succède, a juste le temps et le mérite de transmettre l'Empire, sans crise, à un ancien " notaire " devenu brillant général, comte des " excubiteurs " (gardes du Palais) et commandant en chef de l'armée d'Orient : Maurice. C'est ce dernier, en fait, qui reçoit l'Empire du grand Justinien et qui, par-delà huit années d'anarchie, le transmet à Héraclius, en assez bonne voie de rénovation pour ne pas succomber à la conquête arabe. Maurice est " arménien ", si l'on entend par là qu'il est né en Arménie IV dans la ville d'Arabissos ; " grec " puisque Cappadocien ; " latin ", nous dit l'historien Evagre, par l'origine de sa famille : c'est un vrai Byzantin. Ses monnaies lui donnent arbitrairement les traits de Justinien ; de sa formation nous ne savons presque rien, car l'oeuvre de son historien, Théophylacte Simokattès, commence au jour de son avènement : " notaire ", il a connu l'administration civile et saura la remanier ; général de Tibère II, il réforme l'armée et compose sans doute alors un traité d'art militaire (le Stratégikon), conventionnel par son

« ne liait pas l'action militaire à une diplomatie de grande envergure.

Sa vision du monde est un mélange de grandeur et de réalisme ; c'est le grand Empire de Constantin réadapté à une nouvelle géographie politique.

À preuve le testament de 597, qui eût donné à son fils aîné, Théodose, l'Orient avec Constantinople, et à son second fils, Tibère, l'Occident avec Rome ; étrange projet, qui veut peut-être sauver l'Occident et qui consacre en même temps le droit d'aînesse de Constantinople.

À preuve encore la résistance, ferme mais sans éclats, que l'empereur oppose aux protestations du pape Grégoire le Grand contre le titre de “ patriarche œ cuménique ” que Jean le Jeûneur tient pourtant d'un siècle de tradition : Maurice ne veut pas sacrifier Constantinople à Rome, mais il ne veut pas d'un schisme. L'Orient est désormais prioritaire.

Le traité onéreux par lequel Justinien avait voulu se débarrasser des Perses a été dénoncé en 562.

La guerre qui reprend alors dure en fait jusqu'à l'écrasement de la Perse sassanide par Héraclius, un demi-siècle plus tard.

De 583 jusqu'à la conclusion d'une paix, en 591, que l'on espère définitive, les généraux de Maurice (Philippicus, Priscus, Héraclius, Narsès) mènent de rudes combats en Mésopotamie contre les troupes d'Hormizd IV.

Mais ce conflit traditionnel est renouvelé par un souffle de croisade : “ vertu ” romaine et piété chrétienne n'ont jamais été si étroitement conjuguées.

Philippicus, en 586, présente à ses troupes une image du Christ “ acheiropoïète ” (non faite de main d'homme) ; on imagine que Khosrô II, fils d'Hormizd IV, se rapproche du christianisme ; Maurice lui-même devient un saint dans la légende arménienne.

L'histoire nous le montre plus habile que zélé : contre l'avis du Sénat, il favorise de tout son pouvoir la restauration de Khosrô II, évincé par l'usurpateur Bahram et venu confier sa cause à son frère ennemi, l'empereur des “ romains ”.

Il l'adopte même comme son fils, s'inspirant d'un geste d'Arcadius.

Solidarité des princes légitimes ? Alliance équivoque en tout cas, puisque Khosrô II envahira l'empire en 602 “ pour venger le meurtre de Maurice ”.

La paix de 591 n'en est pas moins un grand succès, la voie ouverte à une solution orientale équilibrée et heureuse, dans laquelle des pays sacrifiés comme l'Arménie et la Géorgie trouvent une place et un possible épanouissement. Sur un point, Maurice paraît avoir manqué de perspicacité : en faisant exiler Al-Moundhir, qui, à la tête de ses tribus nomades, arabes et christianisées, gardait la frontière syro-palestinienne, il favorisa sans doute les premiers succès de l'expansion islamique sous Héraclius. L'Occident n'est pas négligé.

Maurice est même l'un des derniers empereurs qui aient eu une politique occidentale cohérente.

Mais sans moyens suffisants.

Il ne peut guère engager de troupes ; pas même en Italie où les Lombards ont fait irruption en 568, menaçant désormais Rome et les possessions byzantines.

L'idée est de mobiliser les Francs mérovingiens contre ces envahisseurs non assimilables.

On donne 50 000 solidi à Childebert II d'Austrasie pour qu'il se mette en campagne contre les Lombards de Pavie ; on tente aussi de rallier les Francs désunis à un bâtard de Clotaire réfugié à Constantinople : c'est relancer la politique “ théodoricienne ”, c'est mettre au point un sauvetage de l'Italie que réaliseront Pépin et Charlemagne — sans Byzance.

Mais le coup de génie de Maurice fut de trouver pour administrer les territoires occidentaux une formule correspondant au nouvel état des choses : les exarchats de Ravenne pour l'Italie et de Carthage pour l'Afrique rompent avec le découpage en provinces “ romaines ” et avec le principe de la division des pouvoirs civils et militaires.

C'est une administration d'état. »

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