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Le Théâtre français par Pierre-Aimé Touchard Après la Libération, les grands noms du théâtre français contemporain demeuraient ceux de Claudel et de Giraudoux auxquels se joignait un nouveau venu, Henri de Montherlant.

Publié le 05/04/2015

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Le Théâtre français par Pierre-Aimé Touchard Après la Libération, les grands noms du théâtre français contemporain demeuraient ceux de Claudel et de Giraudoux auxquels se joignait un nouveau venu, Henri de Montherlant. En 1943, la Comédie-Française avait présenté triomphalement une mise en scène du Soulier de Satin par Jean-Louis Barrault. Du coup, le poète de l'Annonce faite à Marie se révélait au grand public un des plus puissants enchanteurs du verbe que notre littérature dramatique ait connus. Tout ce qui effrayait en lui, son catholicisme, son obscurité, la cadence lourde et surprenante de ses versets, son vocabulaire volontairement archaïque, tous ces obstacles avaient été emportés par un souffle poétique dont la splendeur balayait tout. Le metteur en scène avait obtenu de Claudel d'énormes sacrifices pour que cette fresque, conçue pour trois représentations successives, fût réduite à une seule. La pièce y perdait beaucoup de sa luxuriance baroque, mais l'intrigue, épurée, rendue plus classique, y gagnait en clarté. Bien que le public fût encore un peu stupéfait par l'abondance des images, la multiplication des tableaux et la diversité imprévisible des lieux scéniques, il participait passionnément à l'héroïque aventure amoureuse de Rodrigue et Prouhèze. Le snobisme qui jusqu'ici avait joué contre Claudel virait brusquement en sa faveur, et désormais Jean-Louis Barrault avait le champ libre pour monter tour à tour et avec succès les oeuvres de Claudel réputées jusqu'alors les moins adaptables à la scène. Giraudoux était mort en 1944. La création au théâtre de l'Athénée de La Folle de Chaillot par laquelle Jouvet avait voulu illustrer son retour d'Amérique laissait à tous le sentiment que le théâtre de Giraudoux avec ses séductions et ses mirages courait le risque de n'avoir été que l'enchantement d'une génération. Les plus amoureux de sa langue et de son imagination se demandaient si les résonances des tragiques événements que venaient de vivre la France et le monde laisseraient les esprits assez libres pour goûter comme il le fallait le raffinement gratuit de toutes ces arabesques du style et de la pensée. Quant à Montherlant, il avait dû, lui aussi, sa consécration à la Comédie-Française, seul théâtre dont l'activité ait été à peu près normale sous l'occupation. Pas plus qu'on n'avait attendu avant la guerre la révélation de Siegfried, de la part du romancier Giraudoux, on ne prévoyait en 1942 que le romancier Montherlant serait capable d'écrire La Reine morte. La hautaine beauté de cette tragédie, la vigueur du dessin du principal personnage, le roi Ferrante, et surtout la perfection rythmée d'une langue où les sentences morales rappelaient par leur fermeté la vigueur cornélienne semblaient annoncer la naissance d'un néoclassicisme. Cependant, pas plus Montherlant que Claudel ou Giraudoux ne semblaient pouvoir répondre entièrement à l'attente anxieuse des hommes de cette après-guerre. Déjà, la jeunesse revenue des camps de concentration et des maquis et même celle qui n'avait subi en France que la torpeur des années d'oppression, souhaitaient que le théâtre leur apportât quelque écho de leur...
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