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Le réalisme par Gaétan Picon Entre 1850 et 1890 la littérature occidentale est dominée par un mouvement auquel on donne le nom de réalisme : le Naturalisme en est la pointe extrême et la manifestation la plus tardive.

Publié le 05/04/2015

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Le réalisme par Gaétan Picon Entre 1850 et 1890 la littérature occidentale est dominée par un mouvement auquel on donne le nom de réalisme : le Naturalisme en est la pointe extrême et la manifestation la plus tardive. Bien des oeuvres échappent, sans doute, à cette orientation collective, certainement moins tyrannique que ne le fut l'impulsion romantique. En pleine période réaliste, en France, Baudelaire annonce le Symbolisme et Barbey d'Aurevilly prolonge le romantisme ; Newman et Ruskin, en Angleterre, mettent l'accent sur les valeurs irrationnelles ; et le génie allemand se reconnaît bien plus dans l'oeuvre de Wagner et de Nietzsche que dans les romans de Gustav Freytag. Mais il demeure vrai que la réaction antiromantique qui, un peu partout, s'esquisse vers 1850 confère une unité relative à la littérature de ce temps. La France se libère du romantisme assez tardivement, mais c'est elle qui pousse le réalisme jusqu'à ses dernières conséquences et qui, des déclarations de Champfleury à celles de Flaubert, des manifestes de Zola (le Roman expérimental) aux préfaces de Germinie Lacerteux et de Pierre et Jean, en affirme le plus nettement la théorie. L'époque littéraire qui, dans l'ordre de la création romanesque, va de l'oeuvre de Flaubert, des Goncourt, de Zola, de Daudet, de Maupassant à celle de Huysmans, de Mirbeau, de Vallès ; qui, dans l'ordre de la critique, comprend l'oeuvre du Sainte-Beuve d'après 1849 de Taine, de Renan ; qui assiste à la poésie de Leconte de Lisle, du Gautier d'Emaux et Camées, des Parnassiens ainsi qu'à la formation du théâtre bourgeois, mérite bien d'être appelée réaliste. En Angleterre, au même moment, domine la pensée scientifique, utilitariste et évolutionniste (celle de Stuart Mill, de Darwin, de Spencer, de Huxley) ; les illusions byroniennes et le romanesque historique de Walter Scott cèdent la place à la lucidité désabusée de Thackeray, au souci documentaire de Trollope, de Reade, de Wilkie Collins, aux préoccupations humaines de George Eliot ; la poésie réfléchie, philosophique de Browning succède au pur lyrisme de Shelley et de Keats. En Allemagne, les fresques sociales de Freytag et de Fontane remplacent le Märchen symbolique ; l'enquête historique de Treitschke et de Mommsen succède aux grandes synthèses métaphysiques, et les problèmes de la société moderne supplantent la " fleur bleue " d'Ofterdingen : sous l'influence de Strindberg, d'Ibsen et du " théâtre libre " d'Antoine, la scène allemande connaît une importante floraison naturaliste que dominent les pièces de Hauptmann. En Russie, 1852 marque un tournant, l'avènement d'un âge de la prose et du roman succédant à l'âge de la poésie : c'est l'année où paraissent les Récits d'un Chasseur de Tourgueniev et Enfance de Tolstoï. Et, dans l'Europe tout entière, de la Pologne à l'Italie, de la Scandinavie à l'Espagne, foisonnent un roman et un théâtre d'observation contemporaine ou de reconstitution d'un passé récent. Saisissant est le contraste d'une telle époque avec l'époque romantique. Le romantisme avait été le moment de la poésie : le réalisme est celui de la prose - du roman. " L'esprit s'est détourné de la poésie ", note Gautier en 1867. Sans doute y a-t-il une poésie réaliste : mais les poètes de l'heure soumettent tous la poésie à autre chos...

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