Le Préromantisme par Denis Saurat Université de Londres Le passage du classicisme au romantisme occupe tout un siècle, le XVIIIe.
Publié le 05/04/2015
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Le Préromantisme par Denis Saurat Université de Londres Le passage du classicisme au romantisme occupe tout un siècle, le XVIIIe. C'est dans cette période qu'est l'explication de la mentalité moderne, et il faut donc étudier de près cette phase de transition ; l'importance n'en est pas seulement historique, c'est la constitution même de l'esprit humain qui est en cause. Et aussi la question de l'efficacité de l'esprit humain. C'est l'évolution des sentiments religieux qui domine cette période ; mais cette évolution religieuse est elle-même dominée par un changement profond dans les sentiments humains. Les changements les plus apparents se font dès le début du XVIIIe siècle, dans le domaine de l'intelligence. D'abord, il y a de grandes acquisitions : on a appris définitivement que c'est la terre qui tourne autour du soleil ; les mathématiques ont fait un immense bond. Newton a enfin donné à l'Europe un système d'ensemble de la constitution physique du cosmos. Mais au-dessous de cet enrichissement magnifique, il y a un appauvrissement dans un autre ordre d'idées, pourtant essentiel aussi : l'explication religieuse de l'univers est en baisses Les meil-leures intelligences de l'Europe, occupées à la fondation des sciences, délaissent la théologie. Les grands penseurs religieux du moyen âge avaient réussi à incorporer Aristote, qui représentait alors la science. Il n'y a pas eu au XVIIIe siècle de grands penseurs catholiques qui aient réussi à incorporer la science de leur époque à leur système religieux. Le dernier, peut-être le plus grand, des théologiens est le protestant Leibniz, et il n'est pas suivi. Nous souffrons toujours aujourd'hui de cette scission profonde, que nous sentons artificielle et fausse, entre nos tendances religieuses et nos tendances scientifiques. C'est exactement dans cet abaissement de la pensée religieuse et dans cette émergence des sciences de la nature que se situe le préromantisme. Si nous comparons Rousseau à Bossuet, la position devient évidente. Rousseau est, au point de vue purement intellectuel, bien au-dessous de Bossuet. Il suffit de comparer la Confession de foi du vicaire savoyard de Rousseau au Traité sur le libre arbitre de Bossuet, ou au Traité de l'existence de Dieu de Fénelon. Il y a plus : ce n'est pas seulement la puissance intellectuelle qui a diminué : c'est le confiance mise en la raison. Bossuet, par un paradoxe qui aujourd'hui nous semble étrange, Bossuet, le croyant, se fie entièrement à la raison ; Rousseau ne donne pas cette valeur à la raison, et se fie beaucoup plus au coeur. Chose étonnante pour nous, le culte de la raison au XVIIe siècle était conditionné par l'existence d'une certitude religieuse. Plus on a abandonné cette certitude religieuse, plus ...
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