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L'Amérique latine par Jean A.

Publié le 05/04/2015

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L'Amérique latine par Jean A. Meyer Docteur ès lettres Le XIXe siècle commence classiquement en Europe en 1815, après Waterloo, avec la Pax Britannica ; en Amérique latine, dix années plus tard, lors de la capitulation des dernières armées espagnoles : l'Amérique latine est libre à l'exception des îles qui connaîtront des fortunes diverses à la fin du siècle, comme Cuba, obtenant à grand-peine une fausse indépendance, Puerto Rico tombant sous la coupe des États-Unis. La chute de l'Empire espagnol provoqua la régression de l'Amérique hispanique qui, au grand désespoir des " Libérateurs ", devient " ingouvernable ". " Qui fait la révolution laboure la mer ", disait Bolívar qui soulignait : " J'ose à peine le dire, mais l'indépendance est le seul bien que nous ayons gagné, au prix de tout le reste. " De quoi Hegel se faisait l'écho dès 1830 : " Nous voyons prospérer l'Amérique du Nord (...) ; par contre, dans l'Amérique du Sud, les républiques ne reposent que sur la force militaire, toute l'histoire en est une révolution continue ; des États confédérés se séparent, d'autres s'unissent à nouveau et tous ces changements sont amenés par des révolutions militaires. " Le continent était entré dans l'ère des prétoriens et des caudillos, à l'exception du géant brésilien, encore faiblement peuplé, épargné par la crise politique, parce que connaissant une situation antérieure très différente. L'indépendance fut l'entreprise militaire et politique des créoles américains désireux de s'installer à leur compte et de mettre fin au colonialisme de la métropole. Alors que la conquête du XVIe siècle avait engendré l'économie coloniale, la deuxième épopée, celle de l'indépendance, a été déterminée et dominée par cette économie. L'indépendance, survenue à la faveur de l'invasion napoléonienne en Espagne, dans le cadre plus général de la Révolution française et de la révolution industrielle, est le fruit des exigences immanentes au développement de la civilisation atlantique et de son capitalisme : les philosophes français et l'économie anglaise, tels sont les deux volets du diptyque. Ayant la conscience aiguë de sa vocation historique, tout comme plus tard les États-Unis vivront leur Manifest Destiny, l'Angleterre, sitôt jeté bas l'édifice napoléonien, finance la fondation des républiques américaines. Son intérêt économique - celui de l'Europe du Nord-Ouest - allait dans le sens des intérêts des colonies américaines ou, plutôt, des classes possédantes, des créoles. Les guerres civiles américaines, car telles furent les guerres d'indépendance, aboutirent à la mise en place d'un nouveau pacte colonial, la métropole anglaise remplaçant l'Espagne. Ce pacte favorisait l'Argentine, le Brésil et le Chili, soit les pays les moins indiens, les plus créoles et surtout les plus " neufs ", pays comparables aux États-Unis. L'indépendance avait réuni les créoles dans une entreprise commune, puis ils se dispersèrent dans des entreprises individuelles, qui allaient devenir nationales, dans le cadre retrouvé des anciennes subdivisions administratives de l'empire. Montaient l'Argentine, le Brésil, le Chili ; déclinaient le Mexique et le Pérou, jadis centres vitaux. La révolution de l'indépendance voyait la noblesse terrienne et les grands commerçants s'allier en adoptant une idéologie libérale. L'Espagne étant en retard du point de vue capitaliste, sa classe libérale et bourgeoise, déconsidérée en Europe par sa collaboration avec les Français, fit sa révolution dans les colonies et non en métropole. Les pays qui disposaient d'une économie moderne (en ges...

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