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L'âge d'or (dissertation de culture générale)

Publié le 22/02/2012

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D'après les savants, le mythe de l'âge d'or est lié à une réalité préhistorique, en relation avec la période glaciaire où la nourriture était abondante ; le réchauffement du climat fait remonter vers le nord le bétail et les hommes se trouvent contraints de travailler le sol, de se faire agriculteurs. A partir de ce moment-là, la nature n'est plus la mère nourricière qui prodigue ses fruits à ses enfants. Pour les philosophes, comme Platon ou Rousseau, la civilisation (qu'elle soit bonne ou mauvaise) naît du besoin, de la nécessité dans laquelle se trouve l'homme de transformer la nature pour assurer sa survie.
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« pur», le sang bleu, ne s'abaisse pas à travailler...Mais, dans nos sociétés bourgeoises, le travail impose une morale, se définit comme un élément positif desocialisation et de dépassement de soi.

Notons, cependant, que le concept de « pureté » reste attaché, danscertaines sociétés, au travail intellectuel... 3.

L'âge d'or et la question du besoinAu XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières renversent les perspectives car, pour eux, l'âge d'or se situe dans lefutur, quand l'homme sera parvenu, grâce à l'éducation notamment, à réaliser vraiment sa nature profonde.

Touscroient dans les vertus du progrès.A l'inverse, Rousseau soutient une thèse iconoclaste qui lui aliène peu à peu les sympathies : pour lui, l'âge d'or sesitue plutôt dans le passé même si l'homme de la nature demeure oisif et soumis aux aléas du sort.

En effet, dès leDiscours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau signale la contrepartie de l'âge d'or : l'hommedépend, pour sa survie, de ce que fournit la nature ; il ne la transforme pas.

Il n'est pas libre — comme le préciseencore plus nettement Du contrat social.

Pour Rousseau, l'homme ne peut plus revenir sur le passé — il est «corrompu », certes, mais il ne parviendra pas à refaire l'histoire en se débarrassant de l'influence pernicieuseexercée sur lui par une mauvaise socialisation.

L'homme doit essayer de retrouver en lui les principes de sa natureoriginelle...

mais saura-t-il rechercher sa vérité ?Marx, lui, formule un autre espoir car il projette dans le futur la révolution sociale et définit les conditions d'unparadis communiste...

Est-ce là une utopie, comme pourrait le laisser supposer, entre autres, l'échec de l'URSS, ouune nécessité de la technologie moderne, qui permettrait à l'homme d'espérer une libération du travail ? Boris Vian,lui, jugeait le travail haïssable et dégradant (cf., par exemple, les ouvriers dans L'Ecume des jours); il comptait surles progrès techniques pour assurer à l'homme un avenir de rentier éternel... TransitionLe mythe de l'âge d'or dit l'espoir de se libérer du travail au terme d'une évolution qui aurait permis à l'homme demaîtriser non seulement la nature mais aussi les conditions de sa propre transformation.En fait, la nostalgie de l'âge d'or appartient aux représentations collectives que s'est forgée l'humanité quand elletente de se définir une identité en relation avec une continuité historique.

Ainsi, le discours sur la nature s'imposecomme un moyen d'assurer une prise sur le passé, de s'ancrer dans une lignée alors même que les conditions socio-économiques semblent en pleine mutation — et donc incapables de fournir à l'homme un cadre clair dereprésentation de soi, d'autrui et du groupe ; au tournant des années cinquante-soixante, le mouvement hippie a pudonner une idée de cette volonté d'aller trouver ses « racines » dans un ailleurs asiatique...De nos jours surtout, l'âge d'or apparaît moins comme une utopie que comme un nouveau marché.

Ainsi, l'ancrage dela société dans tin temps originaire s'impose comme une représentation culturelle importante — susceptible d'êtremanipulée à de nombreux niveaux et dans divers domaines. III.

Le marché de la nostalgie de l'âge d'or 1.

La nostalgie des années 60-70La société actuelle alimente le discours nostalgique et prône un retour à des valeurs dites traditionnelles alors mêmequ'elle en produit des images manufacturées à grand renfort d'artifices.

Ainsi : consommation accrue des produits duterroir, etc.Le retour d'anciens groupes, les Beatles — ou ce qu'il reste d'eux —, les Stones, les Sex Pistols : les papies du rockreviennent sur le devant de la scène à des fins manifestement commerciales.

2.

La créativité inhibéeL'agence de publicité Walter Thompson a mené une étude en France, Espagne, Italie, Allemagne et Grande-Bretagne.

Elle confirme le phénomène de repliement.

Personne ne croit plus au progrès parce que tout le monde aperdu le pouvoir de se projeter dans un futur radieux.

Ainsi, en Angleterre, après le mouvement « grunge » (= « saleentre les orteils »), se développe la rétromania, l'idéalisation des années 70.

Le refus de la société moderne estnettement lié à un repliement nostalgique, de nature profondément régressive.

A l'échelon de la famille, cephénomène inhibe l'opposition entre les parents et les adolescents.En fait, l'idéalisation du passé s'impose comme une tendance propre aux esprits humains ; mais elle réapparaîtsurtout sous la forme d'un spleen (terme emprunté à l'anglais ; cf.

Baudelaire, spécialiste français du phénomène)généralisé dans les moments où rien ne semble plus exiger des individus le dépassement de soi, la mobilisation desénergies vitales en vue de la réalisation de ses rêves. 3.

Une démission intellectuelle ?Confrontés à la dévaluation des théories par leur mise en pratique même, les peuples manifestent un rejet global desidéologies, des philosophies de l'histoire.

Certains intellectuels se sont même interrogés sur une fin possible del'histoire — ce qui constitue un non-sens car on ne comprend pas vraiment comment le temps pourrait s'arrêter...La nostalgie traduit une recherche de l'identité dans le rapport au passé (cf.

Ulysse et le regret d'Ithaque à uneépoque où la filiation définit un rapport à l'autre mais aussi à soi parce qu'elle structure le moi).

Le discoursnostalgique s'autorise d'une relative faillite idéologique de la société contemporaine — qui s'inféode aux impératifs. »

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