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L'Afrique par Hubert Deschamps Ancien Gouverneur des Colonies, Professeur honoraire à la

Publié le 05/04/2015

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L'Afrique par Hubert Deschamps Ancien Gouverneur des Colonies, Professeur honoraire à la Sorbonne En face d'une Europe novatrice et conquérante, d'une Amérique colonisée, d'une Asie reconnue et partiellement subjuguée, d'une Océanie nouvellement découverte, l'Afrique reste, à la fin du XVIIIe siècle, un continent fermé, cloisonné, inexploré, la grande inconnue de la planète. Cet isolement s'accompagne d'une décadence générale. Des États qui, çà et là, furent brillants à certaines époques ont sombré dans les troubles, les divisions, la stagnation économique. L'Islam, dans le Nord, ne présente plus qu'une civilisation fossilisée. Les côtes de l'Afrique noire sont exploitées par la traite européenne ; l'intérieur vit à part, dans un émiettement instable et un état primitif. Au cours du XIXe siècle, ce Moyen Âge, agité et somnolent, va faire place à une transformation provenant soit de personnalités supérieures, soit de la pénétration européenne. On peut distinguer deux époques, limitées par l'année 1880. La période de la Renaissance et de la pénétration (1795-1880) et le temps des impérialismes (1880-1914). L'Afrique de 1914 est quasiment entièrement passée sous le contrôle des puissances européennes. Lors de la première période, les circonstances où se sont manifestés les rénovateurs africains apparaissent extrêmement diverses, leur quasi-simultanéité n'en est que plus frappante. L'Égypte a été éveillée par l'occupation de Bonaparte, ébranlant la suzeraineté turque et la domination turbulente des Mamelouks. Après le départ des Français, puis des Anglais, le chef de la milice albanaise, Méhémet Ali, s'empare du pouvoir effectif, qu'il rend bientôt absolu, ne conservant qu'une vague allégeance à la Porte. Il conquiert le Soudan pour y trouver de l'or, des soldats et des esclaves. Avec le concours de techniciens français, il substitue l'irrigation à la simple inondation séculaire, forme une armée instruite et une marine, envoie des étudiants en Europe, réorganise l'administration, lance ses soldats en Syrie et en Arabie. Ses successeurs, Sa'ïd pacha et Isma'ïl, poursuivent son oeuvre et fourniront à de Lesseps l'appui et les hommes nécessaires pour ouvrir le canal de Suez. Isma'ïl va étendre la colonisation égyptienne presque jusqu'aux Grands Lacs ; les bords de la mer Rouge sont occupés, ainsi que le Bahr el-Ghazal. L'Éthiopie, déchirée entre les ras et les peuplades diverses depuis plus d'un siècle de guerres cruelles et quasi incessantes, est à nouveau fermement unie par un guerrier, Tewodros (Théodoros II), qui se fait couronner négus et se considère comme le défenseur de la foi chrétienne, appelé à délivrer les Lieux saints. Au Soudan occidental, où l'Islam, depuis le XVIe siècle, avait reculé devant le paganisme, une renaissance musulmane déferle, sous la conduite de trois grands chefs religieux. Chékou Amadou défait les païens Bambara, s'empare de Djenné et fonde le royaume peul du Macina. Un autre Peul, Ousmane dan Fodio, lance une guerre sainte contre les rois Haoussa (Nord de la Nigeria actuelle), accusés de tiédeur musulmane, triomphe d'eux et étend son empire peul jusqu'au sud du lac Tchad. Plus tard, El-Hadj Omar, un Toucouleur originaire du Sénégal, délégué de la confrérie Tidjaniya, conquiert le Moyen Niger sur les païens Bambara et sur les descendants de Chékou Amadou, qui appartiennent à une secte musulmane rivale (Qadriya). Dans la forêt (Ghana actuel), la Confédération Achantie, créée au siècle précédent par Oséi Toutou, se renforce et lutte efficacement contre les Anglais, protecteurs des peuples côtiers. Chez les Ngoni d'Afrique du Sud, le guerrier Chaka fit de sa tribu une terrible machine de guerre. Mobilisant tous les jeunes hommes au service d'une tactique impitoyable, il dévasta tous les peuples voisins et les absorba dans son royaume Zoulou. Nombre de ces peuples, ainsi que certains lieutenants de Chaka, craignant sa cruauté, s'enfuirent au loin et imposèrent leur domination. Chaka fut finalement assassiné par les siens. Sur la côte Est, reconquise par les Portugais sur les sultans arabes de Mascate, l'un de ceux-ci, Seyyid Khalifa Ibn Saïd, fixa sa capitale à Zanzibar, y introduisant la culture du girofle, et développa les expéditions dans l'intérieur à la recherche d'esclaves, aussi bien pour ses plantations que pour l'Arabie. Sa domination s'étendit sur toute la côte, de Mogadiscio à Kilba. A Madagascar, le roi des Merina, Radama Ier, soumit en quelques années les deux tiers de l'île et favorisa les nouveautés européennes. Sa femme et successeur, Ranavalona Ire, maintint ses conquêtes et s'opposa aux innovations, notamment au christianisme. Son fils, Radama II, ouvrit largement les ports et fut assassiné. Le Premier ministre Rainilaiarivony gouverna ensuite fermement, épousant les reines successives et maintenant un équilibre entre les traditions ancestrales et les nouveautés européennes ; il se convertit au protestantisme ainsi que la reine. Une telle revue des grands hommes d'État laisse de côté tout le reste de l'Afrique, c...
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