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La Troisième République par Georges Dupeux Professeur à l'Université de Bordeaux III Un régime né des circonstances et imposé à la France provinciale par une poignée de Parisiens, telle apparaît à l'automne de 1870 une république que l'on n'ose pas encore dire Troisième.

Publié le 05/04/2015

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La Troisième République par Georges Dupeux Professeur à l'Université de Bordeaux III Un régime né des circonstances et imposé à la France provinciale par une poignée de Parisiens, telle apparaît à l'automne de 1870 une république que l'on n'ose pas encore dire Troisième. Comment un régime aussi contesté s'est-il imposé, et pour soixante-dix ans, à un pays qui en avait connu et usé, en moins d'un siècle, une bonne demi-douzaine, c'est la question qui ne peut manquer d'être posée. A l'origine, le hasard militaire d'une défaite éclair qui emporte, avec l'armée, l'Empereur lui-même, et le coup de force des élus du département de la Seine qui, dans la plus pure tradition révolutionnaire, proclament à l'Hôtel de Ville de Paris la République et un Gouvernement de la défense nationale. Régime qui eut peut-être été accepté de bon coeur par la majorité de la nation si, retrouvant l'élan de l'An II, il eut réussi à refouler aux frontières l'envahisseur prussien. L'échec des armées improvisées de Gambetta en décida autrement et les Français furent tentés, à la fin de l'année 1870, de ne plus considérer que les menaces qu'il portait en lui, celles d'un retour possible à 93 et à la Grande Terreur, ou plus simplement à 1848 et à la grande dérision. Les élections du 8 février 1871 montrèrent bien que la république était redoutée d'une part très considérable du corps électoral : les candidats qui s'en réclamaient n'obtinrent que le tiers des sièges à l'Assemblée nationale. Les craintes des provinciaux parurent se réaliser dès le printemps, avec le terrible épisode de la Commune : défaite, puis révolution, était-ce donc ce que l'ordre des choses promettait avec la république ? Paradoxalement, la Commune devait pourtant rassurer. En donnant à Adolphe Thiers l'occasion d'écraser les insurgés, elle faisait du chef du pouvoir exécutif le garant de l'ordre intérieur, au moment où il entamait le processus qui allait conduire, par longues étapes, à l'évacuation des territoires occupés. Garant de l'ordre et de l'indépendance nationale, Thiers posait les fondations du nouveau régime ; cautionnant, lors des nombreuses élections partielles de 1872 et de 1873, les candidats républicains, il contribua fondamentalement à leur succès. Il est vrai que ces candidats républicains affectaient, à son exemple, une modération très remarquable. Leurs succès électoraux transformaient peu à peu le visage de l'Assemblée nationale, au sein de laquelle les monarchistes voyaient s'effriter, de mois en mois, leur majorité. Cette Assemblée nationale acheva de rendre " crédible " le nouveau régime lorsqu'elle parvint à imposer, par les lois constitutionnelles de 1875, un système parlementaire à l'anglaise qui écartait tout danger de retour à l'Ancien Régime politique. Aussi imprécise et imparfaite fût-elle, cette " Constitution de 1875 " rassurait la plupart des milieux politiques, y compris une partie des milieux monarchistes qui pouvaient vivre dans l'illusion qu'il serait possible, le moment venu, de substituer au président de la République un monarque de la tradition orléaniste sans même changer le texte de la constitution. Cette réussite remarquable dans le domaine constitutionnel est due à la prudence, à la souplesse, à l'intelligence politique, en un mot, de ceux que l'on pourrait appeler, à l'imitation des États-Unis, les " Pères fondateurs ". Thiers le premier, patriarche septuagénaire dont la popularité et l'influence furent immenses ; Gambetta surtout, qui sut dominer sa fougue naturelle pour guider, avec un sur ...

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