La Renaissance en sculpture par Giulio Carlo Argan Pour Michel-Ange, entre la
Publié le 05/04/2015
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La Renaissance en sculpture par Giulio Carlo Argan Pour Michel-Ange, entre la sculpture et la peinture, il y a autant de différence que " du soleil à la lune " ; et bien que Léonard de Vinci ait soutenu le contraire, reconnaissant à la peinture la vertu d'un instrument bien plus pénétrant d'investigation et de connaissance, la sculpture apparaissait aux artistes de la Renaissance comme l'art par excellence : celui, en tout cas, qui mieux que tout autre traduisait l'idéal classique du Beau et la haute maîtrise formelle des maîtres de l'Antiquité et qui, pour n'être pas soumis à l'incertitude et à l'instabilité des apparences extérieures, était plus que tout autre en mesure de saisir et de représenter l'essence, la signification profonde et divine de la réalité. On reconnaissait bien qu'il existait une unité de tous les arts et qu'à la base de cette unité il y avait un " dessin " considéré comme une représentation purement idéale, une sorte d'idée platonicienne traduite en figures ; mais on estimait en même temps que la sculpture était le plus pur des arts, celui qui garantissait à la forme une valeur de vérité absolue, exempte de tout artifice et de tout illusionnisme. Ainsi la sculpture ne s'intéresse pas aux aspects extérieurs de la réalité, aux apparences brillantes de la couleur qui change, aux vicissitudes quotidiennes des hommes ; à travers la représentation de la figure humaine conçue comme l'exemple le plus parfait d'harmonie de la création, elle atteint la représentation des grandes idées morales, des valeurs suprêmes de l'humanité. C'est au moyen de la sculpture que la société de la Renaissance, fière de sa civilisation propre, persuadée du haut degré de son " historicité " propre, érige son monument à elle et glorifie ses propres mythes : et la sculpture acquiert ainsi un caractère quasi rituel constituant un procès de l'individuel à l'universel, du temporel à l'éternel. Leon-Battista Alberti a écrit un traité de peinture, un traité d'architecture, un traité de sculpture ; mais le traité de la sculpture s'intitule De Statua. La statue, dans son sens littéral de figure humaine sculptée dans la pierre ou moulée dans le bronze, est la grande invention des sculpteurs de la Renaissance, en Italie et en France. Bien entendu, l'art roman et l'art gothique avaient, eux aussi, produit des sculptures en ronde bosse ; mais la " statue " de la Renaissance possède une valeur biographique et célébrative, elle pose en principe l'idée de la " mémorabilité " des actions et des vertus humaines, d'une dignité historique, que seul l'art, et en particulier cet art là, peut reconnaître et représenter. Dans la Renaissance italienne, l'idée qui est à l'origine de la statue est l'idée de l'histoire. Il n'y a pas de statue sans histoire et l'on peut dire que l'histoire, cette conception plastique du temps, trouve son image dans la forme plastique de la statue ; car il faut se souvenir que la civilisation de la Renaissance a conçu la vie comme histoire. C'est la statue qui fait de l'homme moderne un " antique " ; mais cette projection dans le passé, cette ascension vers le ciel des modèles, présupposent une vie intensément vécue. Lorsque Paolo Uccello et Andrea del Castagno eurent à peindre, à Sainte-Marie-des-Fleurs, deux grands condottières, Giovanni Acuto et Niccolo Piccinino, ils " simulèrent ", en peinture, deux monuments équestres : quelle meilleure preuve que la forme même de la statue avait une signification morale, était une manière de " faire l'histoire " ? C'est une erreur que de croire que c'est seulement au début du Quattrocento que les artistes se soient avisés de la grandeur des anciens et aient décidé d'entrer en émulation avec eux. Dans la sculpture de Lorenzo Ghiberti qui se propose de développer et de prolonger la tradition du XIVe siècle, il est facile de discerner le souvenir des proportions classiques considérées comme la règle du Beau et comme le principe d'une " naturalité " qui fait l'harmonie de la forme humaine comme de toutes les formes de la nature. Ce même vague " naturalisme " se retrouve, à travers une plastique plus sensuelle encore, dans les terres cuites vitrifiées des Robbia, fleuries de guirlandes aux couleurs chatoyantes ; et il s'en transmet un souvenir jusque dans l'oeuvre de certains disciples de Donatello, comme Desiderio da Settignano ou Rossellino. La statue, disions-nous, présuppose l'idée d'une vie intensément vécue, un récit, une série d'événements ou d'actions dignes de mémoire ; elle est un récit qui se résume dans l'image de son protagoniste. Si le beau classique idéalisait la nature, la statue idéalise la vie humaine. C'est pourquoi Donatello op...
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