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La Péninsule Ibérique par Guy Beaujouan Directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences historiques et philologiques, Sorbonne LA péninsule ibérique participe évidemment à l'ascension générale de l'Europe occidentale aux XIe, XIIe et XIIIe siècles.

Publié le 05/04/2015

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La Péninsule Ibérique par Guy Beaujouan Directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences historiques et philologiques, Sorbonne LA péninsule ibérique participe évidemment à l'ascension générale de l'Europe occidentale aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. En Espagne, cependant, c'est la Reconquête qui donne un sens au confus grouillement des événements ; c'est elle aussi qui, dans une large mesure, particularise les institutions et conditionne les mentalités. Le glorieux califat omeyyade de Cordoue finit de s'effondrer en 1031 et la domination musulmane s'émiette en plus d'une vingtaine de petits royaumes rivaux dits de " taifas ". La Castille tend alors à prendre la tête des forces chrétiennes. jusquelà simple comté, elle a, depuis 1032, un roi en la personne du Navarrais Ferdinand Ier qui, dès 1037, l'unit au royaume de Leon. Ferdinand Ier prend Coimbra en 1064 et, suivant une politique nouvelle, il impose une sorte de protectorat aux roitelets maures de Tolède, Badajoz et Séville. Lorsque ses États, malencontreusement dissociés après sa mort, sont à nouveau réunis en 1072, Alphonse VI peut donner à la Reconquête une impulsion vigoureuse. Faisant de Tolède (prise en 1085) sa capitale, il annexe la vaste région baptisée dès lors Nouvelle Castille. Les petits rois de " taifas " doivent se résoudre à faire venir d'Afrique les tribus fanatisées des Almoravides qui écrasent les Chrétiens à la bataille de Sagrajas (alias Zalaca) en 1086. De nouveau sollicité d'intervenir en 1090, le souverain almoravide Yusuf ibn Tachfin commence, cette fois, par imposer sa domination à l'Andalousie musulmane. Bien qu'il ait vu là, au début, une occasion favorable, Alphonse VI subit bientôt de durs revers face aux Maures, notamment la sanglante défaite d'Uclés (1108). Caractéristique de cette époque est l'existence aventureuse du Cid Campeador qui fonde, autour de Valence provisoirement reconquise, une éphémère principauté ; bien vite, dès 1140 environ, son histoire devient épopée avec l'extraordinaire Cantar de mio Cid. Une fois évanouies les espérances qu'a fait naître, en 1109, le remariage d'Urraca, héritière d'Alphonse VI, avec le roi d'Aragon Alphonse Ier le Batailleur, la Reconquête castillane piétine : tandis que, redonnant la priorité à leurs querelles, les Chrétiens se contentent d'incursions ne rapportant guère que du butin, les Almoravides s'amollissent dans les douceurs de la civilisation andalouse. Les Almohades (ou unitariens) en profitent pour imposer, peu à peu, leur empire à toute l'Espagne islamique (11461192) : ils écrasent les troupes d'Alphonse VIII à Alarcos. en 1195. L'affrontement décisif se prépare dès 1206 ; il devient inévitable lorsque Mohammed ibn Ya 'qub fait passer, du Maroc en Espagne, une formidable armée. Face au péril, les Chrétiens s'unissent ; le pape Innocent III donne à cette guerre le caractère d'une véritable croisade et les combattants affluent nombreux d'audelà des Pyrénées. Les Sarrasins sont mis en déroute à las Navas de Tolosa, le 16 juillet 1212. Dès lors, l'empire almohade se désagrège et la Reconquête va connaître, sous Ferdinand III le Saint (12171252), l'une de ses périodes les plus brillantes : Andujar est occupée en 1225, Cordoue en 1236, Jaén en 1246, Séville en 1248. La récupération de l'Andalousie continue même au début du règne d'Alphonse X jusqu'à la prise de Jerez (1263) et de Cadix (1264). Si la Castille joue, dans la Reconquête, le tout premier rôle, les autres États ibériques ont aussi leur histoire. D'abord le royaume de Leon qui jouit, par trois fois, d'une existence indépendante (9101037, 1065 1072 et 11571230) : bien que rattaché à la Castille dès 1037, il ne s'unit définitivement à elle que sous Ferdinand III. Alphonse VI de Castille a confié, en 1095, le comté de Portugal à l'un de ses gendres, Henri de Bourgogne (mort vers 1112). Le fils de ce dernier, Alphonse Ier, se fait reconnaître, en 1143, le titre de roi. La Reconquête cependant progresse en direction du sud : Lisbonne est définitivement reprise en 1147 ; en 1190, la vallée du Tage est entièrement récupérée. Naturellement, la défaite almohade de 1212 permet un ultime bond en avant ; avec l'occupation complète de l'Algarve, en 1249, le territoire portugais est totalement libéré des Maures. A l'autre extrémité de la Péninsule, la Navarre perd l'espoir de s'agrandir dès lors qu'elle n'a plus de frontière commune avec les terres d'Islam. Elle a pourtant joui d'une éphémère suprématie sous Sanche In le Grand (10001035), mais celuici, à sa mort, a gravement engagé l'avenir, en fondant pour son fils cadet le royaume de Castille et en créant, au profit de son bâtard Ramire Ier (10351063), la couronne d'Aragon. Bien que de nouveau réuni à la Navarre de 1076 à 1134, le royaume d'Aragon voit, dans d'autres directions, s'esquisser son destin. Pierre Ier prend aux Maures la ville de Huesca, en 1096. Alphonse Ier le Batailleur (11041134) reconquiert, sur les infidèles, Saragosse (1118) et la riche vallée de l'Ebre. Surtout, sa nièce Pétronille Ire (11371167) scelle l'union définitive de l'Aragon et de la Catalogne en épousant le comte de Barcelone, Raimond Bérenger IV. Sous Alphonse II, qui reprend Teruel aux Maures (1171), et Pierre II, qui meurt à Muret en com...
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