La nouvelle sculpture par Pierre Francastel École des Hautes Études, Paris C'est avec
Publié le 05/04/2015
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La nouvelle sculpture par Pierre Francastel École des Hautes Études, Paris C'est avec Rodin et Maillol que se termine la Renaissance de la sculpture, c'est-à-dire un âge de la plastique caractérisé par une référence permanente aux canons du corps humain interprétés en fonction des oeuvres de l'Antiquité classique ou, si l'on veut, par le double culte de la Nature et de la Beauté. Le début du XXe siècle constitue une époque d'un intérêt exceptionnel parce qu'il affirme la volonté de découvrir de nouvelles fins esthétiques et d'avoir recours, en même temps, pour les exprimer, à de nouveaux systèmes de formes. Une double discipline, la spéculation cubiste et l'analyse des oeuvres plastiques issues dans l'histoire universelle de conceptions optiques, mythiques et esthétiques opposées aux traditions de la culture occidentale, est venue soutenir et orienter l'effort des pionniers d'un nouvel art international. Dans le chapitre qui précède, il a fallu se borner à présenter l'aventure de quelques-uns de ces précurseurs : ceux qui, par l'équilibre de leurs oeuvres et, pour tout dire, par leur génie créateur, ont les premiers réalisé des ensembles plastiques soustraits aux règles mortes de l'académisme. D'autres, peut-être, ont été aussi loin. dans le domaine des spéculations, mais ce sont eux qui, les premiers ; ont réalisé des ensembles cohérents, organiques, où les nouvelles tendances de la plastique contemporaine ont donné la preuve de leur capacité à devenir les fondements d'un style universel. S'il s'agissait de faire une histoire de la sculpture contemporaine, il serait nécessaire de compléter ce tableau par la présentation d'un grand nombre d'autres artistes. On trouvera leurs noms énumérés dans le répertoire qui complète cet ouvrage. Toutefois, il parut que, si un développement trop grand donné aux monographies de précurseurs ou d'artistes d'avant-garde serait de nature à rompre l'équilibre général de l'ouvrage, il n'était pas juste, non plus, de se limiter à la présentation de quatre ou cinq artistes, si représentatifs soient-ils de leur temps. Il serait inexact de croire que, seuls, ils ont créé et, pour eux-mêmes, il est nécessaire de montrer qu'il ne s'agit pas d'imaginations gratuites ou individuelles, mais qu'ils ont oeuvré dans leur temps, en accord intime avec d'autres artistes orientés dans une même direction. Duchamp-Villon, González, Laurens, Brancusi ont démontré que les problèmes fondamentaux de la sculpture moderne sont ceux de l'Espace, de l'Objet ou du Signe plastique, et du Style. D'autres problèmes, comme ceux du Mouvement ou du Temps, ne sont que des aspects particuliers de ces questions fondamentales, eu égard à la place de l'homme dans la nature et au mécanisme de l'expression plastique. Leurs solutions sont nécessairement plus restreintes que ne l'implique, dans l'absolu, la nouveauté des problèmes soulevés par cette génération. Nous assistons non pas, en effet, à un bouleversement dans la présentation immuable de la sculpture, mais à une prise de conscience nouvelle des relations sensibles de l'homme et du monde, impliquant un nouveau pouvoir d'ordre et de figuration. Rien n'est donc plus faux que de voir dans les artistes modernes des déformateurs de la réalité. On se condamne à ne rien comprendre à l'art d'aujourd'hui lorsqu'on s'imagine qu'il existe une sorte de peinture ou de sculpture en soi, une solution-type dont les générations s'approchent ou s'éloignent plus ou moins suivant leur degré d'humanité. L'homme ne se trouve pas placé devant une galerie d'objets à déchiffrer. Il crée lui-même les objets, toujours nouveaux, de son activité. Il figure davantage ce qu'il veut que ce qu'il éprouve. L'oeuvre des générations est solidaire. L'artiste ne crée pas dans un domaine de pure imagination arbitraire, en fonction des caprices de son imagination déréglée. Il exprime dans son langage - qui est strictement spécifique - la figure d'un monde qui est l'oeuvre solidaire de tous les créateurs d'objets ou de raisons intellectuelles du même temps chacun suivant la ligne spécifique de son activité. Le sculpteur, l'artiste crée ...
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