La Malibran 1808-1836 Les quatre vers de Lamartine gravés sur le tombeau
Publié le 05/04/2015
Extrait du document


«
attitrée du célèbre théâtre : Madame Ronzi de Bégnis, plantureuse favorite du roi de
Naples.
Bologne à son tour accueillit la Malibran.
Elle y fut pour la première fois, au
Théâtre Communal, l'interprète du plus mélodique et du plus tendre compositeur italien :
Bellini.
Elle joua et chanta Roméo dans son opéra Capuleti avec une telle bouleversante
émotion que les spectatrices sensibles s'évanouissaient dans la salle.
Elle devait, l'année
suivante, aborder un autre ouvrage de Bellini, La Sonnambula , d'abord à Naples, puis à
Londres au théâtre de Drury Lane, où elle fit sur scène la connaissance du jeune
compositeur, à l'issue d'une représentation inoubliable qui les jeta dans les bras l'un de
l'autre devant une salle en délire.
De cette soirée mémorable, devait naître, chez Bellini,
une adoration passionnée pour la Malibran.
Elle ne put lui accorder qu'une affection
admirative et fraternelle.
En 1834, la grande cantatrice devait aborder le rôle le plus beau et
le plus dramatique de toute sa carrière avec Norma , le chef-d' œ uvre de Bellini, créé
récemment par la Pesta ; ce fut au San Carlo de Naples, le 23 février.
Triomphe
indescriptible pour la tragédienne et la chanteuse, qu'elle renouvela quelques mois après,
le 15 mai, à l'occasion de ses débuts à la Scala de Milan.
En 1835 enfin, la Malibran était
engagée à Venise pour une série de représentations au théâtre de la Fénice, cadre digne
d'elle par la splendeur architecturale de sa salle, pur joyau blanc et or du XVIII e.
Les
Vénitiens lui donnèrent des sérénades et elle en fut quelques jours l'idole avant de
reprendre sa route errante et glorieuse pour Londres, où elle interpréta pour la première
fois le Fidélio de Beethoven au Covent Garden et de nouveau pour la Scala de Milan, où
elle ajouta à son répertoire cette adorable partition de Donizetti : L'Elisir d'Amor .
Elle y
chanta également un autre ouvrage du fécond Donizetti : Maria Stuarda , opéra dramatique
sur l'infortunée reine d'Écosse, que la censure interdit après la septième représentation, y
trouvant des allusions politiques déplaisantes pour le gouvernement autrichien, dont le
joug pesait lourdement sur les Milanais.
Le printemps de 1836 retrouva la cantatrice à
Londres pour la saison.
En juin, lors d'une chasse à courre chez Lord Lennox, la Malibran,
amazone intrépide, eut un accident de cheval dont les suites devaient lui être funestes.
Sa
monture s'étant emballée, elle voulut sauter à terre, son pied resta pris dans l'étrier et elle
fut traînée une centaine de mètres.
Ne voulant pas interrompre ses engagements, elle
dissimula ses souffrances et négligea de se soigner efficacement.
En septembre, elle était à
Manchester pour y participer à un grand Festival de Musique.
Sa tête, qui avait dans sa
chute heurté violemment le sol, à présent lui causait des douleurs intolérables.
Le 13
septembre, elle se trouva mal à la cathédrale au cours du concert spirituel, et le lendemain
au théâtre, ce fut son chant du cygne.
Après avoir chanté quatorze morceaux devant un
public qui ne cessait de la rappeler, la Malibran, blême, épuisée, fut ramenée dans sa loge
sans connaissance.
Transportée à son hôtel, elle devait y mourir le 23 septembre 1836,
ayant préféré brûler sa vie jusqu'au bout plutôt que d'accepter un repos salutaire qui aurait
déçu le public avide de la voir, de l'entendre sans cesse.
Il nous reste maintenant à évoquer le dernier nom de femme de la Malibran : “ Amour ”.
Ce nom ne prit pour elle qu'un visage, celui d'un jeune violoniste belge de grand talent :
Charles de Bériot.
C'est aux Italiens qu'elle le rencontra.
Très beau, d'une élégance raffinée,
il hantait tristement les coulisses du théâtre dans l'ombre d'Henriette Sontag, qui lui
préférait le comte Rossi.
Maria Malibran plaignit d'abord l'amoureux éconduit, mais elle
s'aperçut bien vite qu'en réalité elle l'aimait.
Elle lui fit un soir l'aveu de ses sentiments
avec une spontanéité qui était bien dans son caractère et Bériot, aveuglé jusqu'ici par la
blonde Henriette, découvrit la femme à travers l'artiste qu'il admirait.
Il fut.
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