La littérature japonaise par Fukuda Rikutaro Professeur à l'École Normale Supérieure de Tokyo Depuis la Restauration de Meiji, le Japon s'est pénétré de la civilisation de l'Europe et de l'Amérique avec une rapidité extraordinaire.
Publié le 05/04/2015
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La littérature japonaise par Fukuda Rikutaro Professeur à l'École Normale Supérieure de Tokyo Depuis la Restauration de Meiji, le Japon s'est pénétré de la civilisation de l'Europe et de l'Amérique avec une rapidité extraordinaire. Qu'on se donne la peine de jeter un coup d'oeil sur le mode de vie japonais, et le visage du Japon moderne n'apparaîtra plus difficile à comprendre. On y trouve la tradition la plus ancienne mêlée aux plus surprenantes nouveautés de l'Occident. Dans le domaine de la littérature, de même, les doctrines les plus diverses ayant cours dans l'Europe et l'Amérique se sont toujours trouvées d'emblée introduites au Japon. On peut dire sans exagération que toutes les écoles en vogue dans les pays étrangers y sont représentées. Il n'y a pas d'auteur un peu célèbre qui ne figure dans la liste des très nombreux ouvrages traduits en langue nipponne : Romantisme, Réalisme, Naturalisme, et jusqu'à Surréalisme et Dada, tous les systèmes ont trouvé quelque fervent apôtre dans les Îles du Soleil Levant. En ce Japon de l'après-guerre, il n'est pas surprenant que soient apparues un certain nombre d'oeuvres ayant la guerre pour thème ; mais en même temps, la tradition s'est continuée d'un grand afflux de modes de pensée et de manière d'écrire étrangers, qui ont été prétexte à des renouveaux littéraires. Prenons l'exemple de l'influence française : la traduction d'Intimité de Jean-Paul Sartre, parue dans une revue de Kyoto, a provoqué des discussions très vives sur l'Existentialisme. Après les autres oeuvres de l'auteur, ce fut au tour de celles d'Albert Camus d'être traduites, qui suscitèrent un grand intérêt chez les intellectuels nippons. Il importe d'observer que la plupart des livres à succès qui ont retenu l'attention du public cultivé contemporain sont des traductions. Nous citerons, parmi les écrivains français les plus chers aux lecteurs japonais : Gide, Malraux, Montherlant, Claudel, Mauriac, Jules Romain, Martin du Gard, Colette... Et les noms de Cocteau, Carco, Aragon, leur sont très familiers. En dépit d'un tel apport de littérature étrangère, il importe de ne pas oublier la tradition japonaise, dont la remarquable histoire s'étend sur plus de mille ans. Profondément enracinée dans le langage, la littérature, si modernisée qu'elle soit, est inséparable de son passé. C'est pourquoi je voudrais jeter un coup d'oeil sur l'héritage littéraire japonais, à trois points de vue. Le premier est la tradition du " Waka " ; ce terme qui désignait, à l'origine, des poèmes (uta ou ka) destinés à exprimer une réponse d'accord (wa), en vint à signifier par la suite : poésie classique japonaise, en général. Il y a plusieurs types de Waka, dont le " Tanka ", ou poème court de trente et une
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