La littérature allemande de l'après-guerre par Marcel Schneider En 1945, après douze
Publié le 05/04/2015
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La littérature allemande de l'après-guerre par Marcel Schneider En 1945, après douze ans de dictature sous Hitler, l'Allemagne s'est trouvée dans la situation du prodigue qui revient à la raison et cherche à ressaisir ses biens ; mais il a presque tout gaspillé et le peu qui lui reste est éparpillé à tous les vents ou bien retenu chez le prêteur sur gages. Il lui faut repartir de rien. Dans les deux premières années qui suivirent la débâcle, la littérature allemande fut au degré zéro. Le publie se jetait sur Hemingway, Steinbeck et Caldwell et aussi sur les existentialistes français. Une égale malédiction frappait tout ce qui portait un nom allemand, qu'il s'agît des émigrés, des écrivains de l'émigration intérieure ou de ceux que l'on tenait pour nazis. Le seul qui parvint à percer le mur du silence dans les années 1946-1947, à se faire entendre de ses compatriotes et à servir de héraut à la " génération trahie ", la sienne, celle de ceux qui eurent le malheur de naître peu avant l'accession de Hitler au pouvoir et qui reçurent dès l'enfance une éducation national-socialiste : c'est Wolfgang Borchert. Malheureusement, il mourut trop tôt pour exercer en profondeur une influence dans les lettres et les consciences allemandes : il mourut à vingt-six ans, en novembre 1947 des suites d'une maladie contractée en prison, aggravée sur le front russe et en captivité. Il rallia la jeunesse et tous ceux qui comptaient sur un ange exterminateur pour crier la vérité. Il est devenu un personnage historique, le représentant de la génération sans but, mais aussi, ainsi qu'il l'écrit, " sans liens, sans profondeur, sans bonheur, sans pays, sans frontières, sans Dieu, sans passé, sans oui, sans estime, sans jeunesse ". Il est aussi un personnage littéraire : ses poèmes, ses nouvelles et surtout sa pièce Devant la porte lui ont mérité le surnom de Büchner de l'après-guerre. Lui aussi il est mort jeune, après avoir connu la persécution. La violence de son style, son ton âpre et désespéré rappellent l'atmosphère de Lenz et de Wozzeck. Enfin, comme Büchner, il plaide en faveur de l'Allemagne tout en la maudissant, car dans les années noires, quand on applaudissait à Sartre et au roman réaliste américain, c'était faire un acte de foi dans les destinées de son pays que de renouer avec le grand romantisme germanique illustré par Novalis, Tieck, Kleist, Arnim et Brentano. De 1945 au début des années 60, on peut dire que les écrivains allemands se répartissaient en cinq groupes. L'Allemagne de l'Est constitue le premier. C'est le règne de l'idéologie communiste. Si les écrivains suivent la ligne et servent la politique soviétique, ils reçoivent une large audience. Mais il faut d'abord servir. Le grand homme du régime, c'est Brecht que son théâtre a rendu célèbre dans le monde entier. Les romans d'Anna Seghers jouissent de l'estime générale. Des poètes comme Johannes Becher, Kuba, Peter Huchel chantent le progrès, toutes les formes de l'expérience et de l'action. La poési...
« par Marcel Schneider. »
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