La Haute Asie par Louis Hambis Professeur au Collège de France La période
Publié le 05/04/2015
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La Haute Asie par Louis Hambis Professeur au Collège de France La période qui suit l'effondrement de l'empire des T'ang (907) et le glissement des peuples turcs vers l'Ouest est caractérisée par l'installation de nouvelles forces qui se constituent en Haute Asie et en Asie centrale, et surtout par un fait nouveau : l'expansion de l'Islam dans ces régions. Celleci est marquée par le remplacement des colonies sogdiennes, qui s'étaient déplacées au fur et à mesure de l'avance musulmane, par des colonies musulmanes de plus en plus importantes dans l'Ouest, tandis que des marchands qui en proviennent vont suivre les vieilles routes caravanières de la Haute Asie. En réalité, cette situation n'est que le renouvellement, avec des conditions différentes, d'événements sens cesse identiques quant au fond, qui se sont succédé pendant près de quatre millénaires à la suite de l'installation de sociétés de nomades éleveurs et cavaliers dans la région des steppes. Déjà, au cours du Ier millénaire avant notre ère nous voyons se succéder dans leur marche vers l'Ouest les Europoïdes issus en partie du groupe d'Andronovo et qualifiés de Scythes et de Sarmates, dont les avantgardes parviendront jusqu'en Europe occidentale, tandis que les peuples saces, sans doute de même origine, descendaient vers le Sud sous la poussée d'autres nomades refoulés des confins de l'Asie orientale ; le déplacement des Saces vers l'Iran oriental et l'Inde paraît avoir suscité une poussée sarmate venant de l'Ouest en direction de l'Asie centrale jusqu'aux Monts Célestes et au Pamir. En fait, Scythes et Sarmates ont du se déplacer vers l'Ouest à la suite de la poussée exercée sur les peuples europoïdes de la Sibérie méridionale par les peuples mongoloïdes sortant de la forêt sibérienne et de la région du Baïkal, ce qui suscitera par la suite un lent métissage des Europoïdes demeurés sur place. Ce processus sera ultérieurement accéléré aux environs de l'ère chrétienne par l'écrasement de l'empire des Hiongnou par la Chine ; ceuxci ne semblent avoir rien de commun avec les Huns et avoir été an agrégat ethnique de populations mal connues occupant alors la Haute Asie septentrionale. L'expansion des Hiongnou avait déclenché des mouvements de populations, tant europoïdes que mongoloïdes, la plupart du temps en direction de l'Ouest, mais lorsque ceuxci durent se soumettre à la Chine ou prendre le chemin de l'Ouest, leur abandon de la Haute Asie amena des populations mongoloïdes, cantonnées en bordure de la forêt sibérienne, à tenter d'occuper par la force la zone contrôlée par la Chine et vidée en partie de ses habitants. On peut penser que, déjà sous la poussée des Hiongnou, des populations connues des Chinois sous le nom de Kienk'ouen (Qirqut = Kirghiz), après leur installation dans la région de Minousinsk, étaient venues de la région du Baïkal ; d'autres, cantonnées dans le nord de l'actuelle Mongolie orientale, les Sienpei, sans doute de langue mongole, constituèrent un nouvel empire qui s'étendit peutêtre du Grand Khingan au lac Balkach aux environs de 150 ap. J.C. En peu de temps, ils useront leurs forces tant contre la Chine que dans d'autres directions par leur activité désordonnée et cesseront de jouer un rôle important dès le début du IIIe siècle. Une partie d'entre eux resta sur le haut Amour et constitua les Chewei à l'époque des T'ang d'où sortent les Mongols de Gengis khan ; deux autres groupes installés au nord de la Chine se séparaient, l'un restant en Chine du Nord sous le nom de Moujong et y étant finalement assimilé, tandis que l'autre, celui des T'ouyuhouen, allait s'installer dans les steppes du Koukounor jusqu'au VIIe siècle et était refoulé par les Tibétains au Kansou et au Chensi où il était assimilé à son tour par les Chinois. En même temps, d'autres peuples, dont il est actuellement impossible de déterminer d'une façon formelle l'appartenance, descendaient des confins de la Sibérie ; l'un d'entre eux, les T'opa ou Tabghatch, atteignait vers 350 les confins de la Chine du Nord, tandis qu'un autre occupait la Haute Asie et recevait des Chinois le nom de Jouanjouan ; il est possible que ces derniers aient été les vrais Avar. Au cours de luttes implacables, les Tabghacht, qui prirent le nom chinois de Wei, conquirent la Chine du Nord sur les Sienpei et fondèrent un puissant empire qui fut en lutte constante avec les Jouanjouan et, s'étant allié aux Turks, les écrasa en 552, date de la fondation de l'empire des Turks. La création de l'empire des Turks fut précédée de divers mouvements de populations allant d'Est en Ouest à la suite des Huns. Toute une série de peuples, dont on peut dire qu'il s'agissait de populations mongoloïdes prototurques, occupèrent les steppes pontiques ; les Avar suivirent vers 565 et sont peutêtre de même origine, car il doit s'agir d'une population prototurque de l'Altaï fuyant la domination des Turks et ayant pris le nom des Avar (Jouanjouan) pour se parer de leur prestige aux yeux des peuples occidentaux ; ils devaient se maintenir en Hongrie jusqu'à l'époque de Charlemagne. Dans la première moitié du VIIe siècle, d'autres peuples surgirent, les uns peutêtre issus des Huns ou d'une souche identique, les Bulgares, qui constituèrent un puissant royaume au nordouest du Caucase, mais qui se divisèrent en deux groupes à la mort du " khan " Koubrat (642) ; l'un se dirigea vers l'Ouest et franchit le Danube avec Asparoukh, fondant la principauté des Bulgares du Danube, l'autre resta sur place et re...
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