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Konrad Adenauer par Marlis G.

Publié le 05/04/2015

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Konrad Adenauer par Marlis G. Steinert Professeur à l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève " La vie humaine est longue là où les époques historiques sont brèves. " Cette phrase de l'historien Golo Mann semble être particulièrement vraie chez Konrad Adenauer. Né le 5 janvier 1876 à Cologne et décédé le 19 avril 1967 non loin de là, à Rhöndorf, il vécut dans quatre Allemagnes différentes : le Deuxième Reich, la République de Weimar, le Troisième Reich hitlérien et la République fédérale d'Allemagne. A deux de ces périodes il participa activement ; la dernière porte même, dans une large mesure, son empreinte. Trois fois il survécut à des naufrages politiques, pour commencer à soixante-treize ans sa carrière d'homme d'État. Nul n'incarne mieux que lui une certaine Allemagne qui, malgré tous les cataclysmes, s'est maintenue et peut-être même renforcée depuis un siècle et demi sous les régimes les plus divers. Il s'agit de l'Allemagne bourgeoise, libérale, chrétienne. Fils d'un petit fonctionnaire au Tribunal provincial supérieur à Cologne et d'une mère rhénane, de seize ans plus jeune que son mari et d'un naturel gai, le jeune Adenauer connaît une enfance modeste et calme, imprégnée de la foi catholique. C'est un écolier appliqué et studieux mais loin d'être le premier de sa classe. Ténacité, prudence et sens du devoir le distinguent dès sa jeunesse. Après des débuts dans la banque, une bourse lui permet de faire son droit à Fribourg-en-Brisgau, à Munich et enfin à Bonn où il passe, dans les délais les plus brefs mais médiocrement, ses premiers examens d'État. On ne lui connaît guère de folies de jeunesse. Quelques voyages en Italie et en Suisse, de rares visites à l'opéra, dans les musées, paraissent avoir été ses seules distractions. En 1901, il réussit à Berlin, de nouveau sans distinction, ses seconds examens d'État. C'est alors que sa carrière judiciaire et politique commence : d'abord au parquet du Tribunal provincial à Cologne, puis comme substitut de l'avocat de la partie civile, Kausen, auprès du Tribunal provincial supérieur. Kausen est aussi le chef de la fraction du Centre (Zentrum) au parlement de sa ville natale. C'est par son entremise qu'Adenauer fréquente les milieux de ce parti dont il devient membre. En 1906, il obtient son premier poste dans l'administration de la ville de Cologne. Son mariage avec Emma Weber, issue d'une respectable famille bourgeoise de la métropole rhénane, y est peut-être pour quelque chose. Il se distingue très rapidement dans la carrière municipale par son esprit d'initiative et sa puissance de travail. A la suite d'un accident de voiture qui le défigure, en 1917, son visage prend les traits d'un " chef indien " ou d'un " mandarin chinois " qu'on lui connaît. Peu après, en cette année fatidique, il est nommé premier bourgmestre de Cologne : une lourde tâche pour un homme qui vient de perdre sa femme après une longue maladie et reste seul avec trois enfants. La défaite allemande de 1918 ajoute d'autres fardeaux, dont l'occupation interalliée de la Rhénanie. On a reproché par la suite à Adenauer son attitude face aux idées et aux mouvements séparatistes rhénans. Elle a pourtant été en parfait accord avec ses origines et ses expériences politiques. Sa méfiance, voire même son rejet extrême à l'égard de l'État centralisateur prussien (pour lui les idées de Hegel et de Marx, l'omnipotence de l'État, le matérialisme, le socialisme, la Prusse ne sont qu'une seule et même chose) et une entente avec le voisin français restent les lignes directrices de sa pensée politique. Un État rhénan fort, faisant partie d'une fédération allemande, la réunion des territoires des rives gauche et droite du Rhin dans une Républ...

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