Jules II 1443-1513 Né en 1443 à Albissola (province de Savone) d'une modeste famille d'artisans et de bateliers, Giuliano della Rovere devint une des plus puissantes personnalités de la Renaissance, et pendant son pontificat fut la figure de proue et souvent l'axe de la politique européenne.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
C'est au moment des différends avec les Napolitains que Giuliano della Rovere, se rendant
compte de la faiblesse politique de la Papauté et de son danger d'isolement, mesura les
intrigues et les revirements dangereux de la politique ecclésiastique des différents pays, par
conséquent les conséquences dramatiques que pouvaient subir les relations entre la Papauté
et les princes de la Chrétienté.
Parallèlement, et en cela Jules II est un prince ecclésiastique
typique de la Renaissance et de la même ligne politique que Sixte IV et ses autres neveux,
Giuliano della Rovere resta toujours un mécène fastueux.
Il restaura toutes les églises, tous les
couvents dont il avait l'administration ou la commande et il en construisit d'autres.
On y
décèle sa tendance au grandiose, dans les édifices de Grottaferrata et dans le château d'Ostie,
par exemple, la forteresse la plus imposante du XVe siècle aux environs de Rome, située
stratégiquement à l'embouchure du Tibre, symbole de la puissance de son seigneur.
Cependant, ses talents de man œ uvrier furent battus en brèche au conclave de 1490, quand les
menées simoniaques de Rodrigo Borgia, avec l'aide d'Ascanio Sforza, prirent le pas sur
l'appui du roi de Naples et du meilleur des cardinaux, Marco Barbo, dont Giuliano della
Rovere bénéficiait.
D'ailleurs, le cardinal della Rovere était en butte à une grande animosité,
du fait du pouvoir exorbitant qu'il avait exercé sous le règne d'Innocent VIII et du fait qu'on
le taxait, plus à tort peut-être qu'à raison, de francophilie.
Incapable de jouer un rôle de
second plan, et se méfiant d'Alexandre VI, en dépit de quelques brèves réconciliations, il
préféra s'éloigner de Rome, s'installer dans sa forteresse d'Ostie, puis à Avignon et auprès de
Charles VIII, comme conseiller de la politique de celui-ci contre Alexandre VI, puis plus tard,
à Savone, puis en France de nouveau, et ailleurs.
Toujours redoutable mais loin de Rome et
des États pontificaux, où dominait le génie sinistre de César Borgia.
Il rentra à Rome à la mort
d'Alexandre VI, bien décidé à conquérir la tiare ou, du moins, à empêcher l'élection d'un
cardinal étranger.
Il atteignit ce dernier but, puisqu'il fit échouer l'élection du cardinal
d'Amboise.
Mais Ascanio Sforza, probablement, bloqua l'élection du cardinal della Rovere ou
plus exactement parvint à la renvoyer de quarante jours.
En effet, à la mort de Pie III, au bout
d'un pontificat de vingt-six jours, il obtint la quasi-unanimité des voix dès le premier jour de
conclave (31-X-1503) et cela moyennant d'amples promesses, qui n'étaient pas toutes certaines
et sincères, et des manèges peu scrupuleux.
Le nom qu'il prit, Jules, évoquait beaucoup moins
la figure de Jules Ier (IVe siècle) que l' œ uvre et le programme politico-militaire de Jules César,
ou du moins indiquait cet “ esprit césarien ” dont les Génois le gratifiaient dans leurs
félicitations.
Effectivement, le programme réalisé avec une énergie infatigable par Jules II
peut plutôt apparaître comme celui d'un condottiere et d'un chef d'État que comme celui d'un
vicaire du Christ.
Mais il ne faut pas oublier le but suprême de celui-ci, à savoir “ le bien de la
religion chrétienne ”, comme il le déclarait à l'ambassadeur vénitien le 5 novembre 1503 : la
liberté d'action, le prestige, l'autorité morale et spirituelle de la Papauté qui synthétisaient au
sommet l'Église, s'identifiant en quelque sorte avec elle.
En ces temps-là, le support de la
liberté, la condition nécessaire du ministère pontifical résidaient dans des États de l'Église
puissants et intégraux, puis dans l'élimination, dans la mesure du possible, de l'alternance des
prépondérances étrangères en Italie qui y causaient tant de désordres et de troubles.
C'est en
pleine cohérence et par une énergie implacable, unies à une prudence de grand homme
politique qui sait faire usage au moment opportun d'audace et de ses armes, que Jules II
essaya de reconstruire des États de l'Église puissants, solidement organisés entre ses mains..
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