Joseph Staline par Roger Pethybridge Centre of Russian and East European Studies, University College of Swansea De l'avis de maint biographe, il est impossible de relater la vie privée de Staline.
Publié le 05/04/2015
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Joseph Staline par Roger Pethybridge Centre of Russian and East European Studies, University College of Swansea De l'avis de maint biographe, il est impossible de relater la vie privée de Staline. Elle n'a transparu, en effet, que rarement. Cependant, comme nous le verrons, une juste appréciation du rôle qu'il a joué dans l'histoire de l'Union Soviétique repose dans une large mesure sur la connaissance de son caractère personnel. C'est pour cette raison que, malgré de nombreuses tentatives d'écrire sa biographie, son personnage, plus que Lénine ou Trotski, peut rester obscur. Ses origines et le rôle précocement influent qu'il a joué dans la clandestinité du Parti Bolchevique avant 1917 présentent des zones d'ombre, ce qui n'est pas le cas pour les débuts de révolutionnaires autrement moins célèbres. La Pravda dut l'admettre, dans un article intitulé Staline, l'énigme, paru à l'occasion du cinquantième anniversaire du secrétaire général du Parti. Staline lui-même, par le secret dont il s'entourait, ne fit qu'aggraver la difficulté. Né le 21 décembre 1879 à Gori, en Géorgie, fils d'un cordonnier nommé Vissarion Djougatchvili, Iossif Vissarionovitch reçoit quelque instruction à l'école religieuse de Gori avant d'entrer au séminaire de Tiflis. Le premier tournant décisif de sa vie eut lieu en 1899. Staline, qui, l'année précédente, avait rejoint le groupe clandestin social-démocrate Messame Dassy, fut exclu du séminaire. On ne peut toujours, devant la multiplicité contradictoire des raisons données à son exclusion, démêler la vérité, mais la force croissante de ses convictions politiques a dû y entrer pour une part. L'année 1912 fut le second tournant, décisif celui-là, de la carrière de Staline, puisqu'il fut coopté au Comité central du Parti Bolchevique et devint l'un des quatre membres d'un bureau politique russe. Cette soudaine ascension dans la hiérarchie du Parti n'a jamais, non plus, été exactement expliquée, encore que le ressentiment momentané de Lénine à l'égard de l'intelligentsia émigrée après qu'il eut rompu avec les Mencheviks y soit pour quelque chose. Contrairement à ce que prétendirent, plus tard, des biographes de Staline, cette promotion ne faisait pas de lui l'unique lieutenant de Lénine, mais elle allait le mettre en situation, en 1917, et en raison de son ancienneté toute formelle dans le Parti, d'assurer la direction provisoire des Bolcheviques en attendant l'arrivée de Lénine, venant de Suisse, en Russie. Point n'est besoin de s'étendre, d'autres l'ont amplement fait, sur l'accession de Staline à une position d'effective suprématie au sein du Parti Bolchevique. Nommé, en 1917, commissaire du peuple aux nationalités, il fut élu, en 1922, secrétaire général du Parti, ce qui lui permit de manoeuvrer parmi ses rivaux vers le pouvoir, jusqu'à son triomphe, marqué par l'expulsion du Parti, en 1927, de Trotski et de Zinoviev. Mais on n'a guère cherché à mesurer l'impact de Staline sur la vie soviétique dans son ensemble, au-delà des sphères de la grande politique et des révolutions économiques portant sur l'industrie et l'agriculture après 1928. Staline passe habituellement pour s'être plus ou moins (totalement, selon Trotski) laissé porter par les circonstances au cours des années 20. L'homme des situations, il le fut en ce sens que ses capacités et ses intérêts coïncidaient avec les exigences de la révolution après 1917. Son intuition pour l'administration concrète et son manque d'enthousiasme pour les débats théoriques étaient admirablement adaptés à l'idéalisme fléchissant de la NEP et à la situation chaotique qui prévalait sur l'ensemble du pays. Son paradoxal nationalisme russe, qui, par ailleurs, valut à la Géorgie un traitement brutal, coïncida avec l'échec de la révolution sur le plan international et la nécessité de tabler sur la force de cohésion interne au milieu d'un monde hostile. C'est cette thèse que Trotski a mise en valeur, dans la mesure où elle tendait à minimiser la contribution de Staline à l'histoire soviétique. Comment, dans ce cas, le nom de Staline a-t-il pu devenir ce sigle derrière lequel on range toute une partie de l'histoire soviétique ? Si ses actes étaient
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