José de Churriguera (et ses frères) 1625-1725 Le nom des Churriguera connaît une célébrité pour le moins équivoque.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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qu'en soient les manifestations, l' œ uvre des Churriguera doit être située dans le contexte
général du style “ churrigueresque ” et appréciée un tout.
On a souvent rapproché, à juste titre, le style churrigueresque du style plateresque, qui
témoigne d'une même indifférence à l'égard des structures et de l'organisation spatiale, d'un
goût identique pour le décor “ suspendu ” qui se déploie sur le plan du mur en certains
foyers déterminés de la façade, ou prolifère sur les parois intérieures.
Constante de l'art
espagnol, retour au décor exubérant et “ baroque ” proscrit par le classicisme herrérien ? Mais
le recours aux catégories complémentaires de la structure et du décor, si fondé soit-il du point
de vue esthétique, ne nous donne point accès à la signification profonde de l'entreprise
churrigueresque, et nous n'apercevons qu'alternance cyclique de formes contradictoires du
goût là où il nous faudrait dépasser au contraire ce dualisme pour appréhender cet art — et
ceux-là, peut-être, dont on le rapproche — comme un art du seul paraître : la création
architecturale commence ici — et s'achève — avec l'habillage d'une forme indifférenciée ou
relevant d'une esthétique périmée.
D'où l'expansion si rapide d'un style qui n'en demeurera
pas moins figé dès l'origine, masque auquel ne pouvaient être prêtées — pour reprendre,
mais sans intention péjorative, le mot de Cean Bermudez — que de nouvelles “ grimaces ”.
La
catégorie du masque, si elle nous permet d'analyser l'art churrigueresque sous ses formes les
plus exacerbées — lesquelles ne furent point, répétons-le, le fait des Churriguera eux-mêmes
—, en définit également la signification historique, et d'abord celle des réalisations de Joaquin
et d'Alberto de Churriguera qui renouèrent délibérément, aux Collèges d'Avana et de
Calatrava — celui-ci fâcheusement dépouillé de son décor sur l'ordre de Jovellanos —, avec la
tradition plateresque dont la ville de Salamanque leur offrait de magnifiques exemples.
Obsédée par l'idée de son déclin, comment l'Espagne de la fin du XVIIe et du début du
XVIIIe siècle n'aurait-elle pas été moins sensible à l'écart qui la séparait des grandes nations
européennes qu'au souvenir de son prestigieux passé ? La vie revenant peu à peu dans le
grand corps engourdi, les modèles devaient s'imposer de cet art dont la tradition demeurait
vivace dans les milieux provinciaux, et le style churrigueresque proliféra en terre espagnole
dans la mesure même où s'établissait à travers lui une relation — qu'on est sans doute en
droit de qualifier de magique — avec l'ère des Grandes Découvertes et de l'expansion
hispanique (et, de même, le projet de la Place de Salamanque, dont la réalisation fut confiée
en 1728 à Alberto, s'inscrit-il explicitement dans la tradition des plazas majores espagnoles).
Enfin, ce style témoigne, de la part des artistes et de leurs commanditaires, de la volonté de
définir un art aux développements duquel pussent être associés spontanément l'artisanat
local, voire les indigènes des possessions d'outre-mer.
Et c'est précisément sur cet aspect de l'entreprise churrigueresque que la critique
néo-classique s'est montrée le plus sévère.
Peu lui importaient alors les considérations
stylistiques : car s'il nous est loisible, aujourd'hui, d'étudier à partir de la catégorie du masque
les réalisations de José lui-même — et d'abord le village de Nuevo Bastàn, où les façades
imbriquées du palais et de l'église se dressent comme un écran devant des bâtiments sans
caractère —, la critique d'un Jovellanos ou d'un Llaguno portait avant tout sur l'orientation de
l'activité de cet architecte madrilène (et non salmantin, comme on l'a longtemps cru) qui.
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