Jeanne Ire par Charles Perrat Professeur à l'École nationale des chartes A la
Publié le 05/04/2015
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Jeanne Ire par Charles Perrat Professeur à l'École nationale des chartes A la voûte de l'église de l'Incoronata, édifiée à Naples sur l'ordre de la reine Jeanne, un artiste anonyme a peint à fresque la série des sacrements et, parmi eux, la figure d'une femme aux traits pathétiques confessant ses péchés. Le petit peuple de la ville, et même plusieurs érudits, n'ont pas craint de l'identifier avec la souveraine, dont le visage réel, rond et beaucoup plus banal, apparaît avec une entière certitude au frontispice des Statuts de l'ordre du Saint-Esprit (Bibl. nat., ms. fr. 4274), qui fut aussi créé sous son règne et dont l'inspiration chevaleresque et toute de droiture pourrait sembler en contradiction avec sa propre conduite. Coupable sans doute, mais moins peut-être que ne l'a imaginé une tradition malveillante, abandonnée à ses passions dans un siècle de libertinage, mais aussi de sainteté, certainement trop indifférente aux crimes qui se sont accumulés dans son entourage, Jeanne Ire a été surtout victime des testaments de Charles II et du roi Robert d'Anjou. Ils n'hésitèrent pas l'un et l'autre à sacrifier la branche aînée de leur famille, qu'ils estimaient suffisamment pourvue en Hongrie, et, pour Robert, à préférer une femme, encore mineure au moment de son décès, aux descendants mâles de Charles II, les Tarente et les Duras. Des réactions violentes étaient fatales de la part de tous ceux qui s'estimaient ainsi frustrés. Mais il est impossible de démêler ici l'écheveau d'un interminable drame de famille, souillé d'un peu de poison et de beaucoup de sang, qui se terminera le 27 juillet 1382 par l'étouffement, sous un coussin ou un matelas, de la principale protagoniste. On a essayé déjà de montrer le rôle qu'a tenu en face d'elle Louis de Hongrie, son premier<...
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