Jean III Sobieski 1629-1696 Jean III Sobieski est le plus populaire des rois polonais et son règne l'un des plus glorieux de l'ancienne République, lorsque au seuil de son déclin elle affirme, avec un incomparable éclat, sa valeur militaire et son rôle historique.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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Jean III montait sur le trône avec un programme précis : restaurer le pouvoir royal et
instituer la monarchie héréditaire, recouvrer les provinces perdues, étendre le territoire de
la République, accroître son autorité dans le concert des nations en prenant la tête d'une
vaste coalition destinée à délivrer la Pologne du séculaire péril turc et l'Europe chrétienne
de la menace musulmane.
Sobieski comptait sur l'alliance française pour écarter le grave danger que représentait à
ses yeux la puissance grandissante de l'électeur de Brandebourg et lui reprendre la Prusse
orientale dont il constituerait un fief héréditaire pour son fils.
Tout un concours de
circonstances fit remettre plusieurs fois cette entreprise qui dut finalement être
abandonnée, tant en raison de la cautèle de l'électeur et de l'attitude ambiguë de la France
que des assauts renouvelés de la Turquie.
Contre celle-ci du moins, Sobieski mena de
brillantes campagnes qui, en 1674, 1675 et 1676, chassèrent 1'ennemi du territoire et
restituèrent à la Pologne quelques portions de la Podolie et de l'Ukraine.
Cependant, l'alliance française s'était avérée décevante.
Le péril le plus pressant venant
toujours de la Turquie, il était évident que, dans un combat vital pour elle, la Pologne
n'obtiendrait jamais de Louis XIV, allié du sultan, qu'un appui limité, précaire et illusoire.
Elle pouvait au contraire gagner celui de l'Autriche, elle- même exposée au même danger,
surtout lorsque les insurgés hongrois — soutenus un temps par Sobieski — acceptèrent la
protection de la Porte.
De là, un changement qui, entre 1678 et 1683, conduisit peu à peu à
la rupture avec la France et au rapprochement avec l'empereur.
Le 1er avril 1683, les deux
États signaient une alliance défensive et offensive dirigée contre les infidèles, mais ouverte
a tous.
Quelques semaines après, à l'appel de l'empereur, Sobieski accourait et, le 1l septembre,
libérait Vienne assiégée par l'immense armée du grand vizir.
La victoire de Vienne,
aussitôt entrée dans la légende, fut un événement considérable.
Elle délivrait non
seulement la Pologne et l'Autriche, mais la Chrétienté tout entière de la menace
musulmane.
Elle porta à son apogée en Europe le prestige du grand capitaine qui en avait
tracé le plan et réglé l'exécution.
Pour Sobieski, cependant, ce n'était qu'une étape dans la
réalisation de cette “ Sainte Ligue ”, annoncée dès 1678 et qui, avec le soutien de la
papauté, devait rassembler les États chrétiens en une croisade contre l'infidèle.
Ayant
obtenu l'adhésion de Venise, Sobieski conçut un plan grandiose qui, portant les armées
coalisées jusqu'à Constantinople, frapperait l'ennemi “ à la tête et au c œ ur ” et écarterait
définitivement le péril musulman en chassant la Turquie du continent.
Cependant, faute
d'obtenir les concours nécessaires (Louis XIV demeurant obstinément hostile, l'empereur
de plus en plus réticent), ce grand dessein, qui devait occuper la fin du règne, avorta dans
des entreprises isolées : en les tournant, en partie dans des intentions dynastiques, vers les
provinces du Bas-Danube, Sobieski, avec la désastreuse campagne de Moldavie en 1686, y
essuya ses premiers revers, à peine rachetés par les actions parfois brillantes des années
1691 à 1695.
Entre-temps, le désastre moldave l'avait contraint à ratifier les clauses d'une
“ Paix perpétuelle ” avec la Russie (1686), où, en échange d'une promesse d'aide fraternelle
contre la Porte, la Pologne souscrivait à la perte définitive des territoires orientaux, avec
Smolensk et Kiev, reconnaissait l'autorité du tsar sur les cosaques et sur les orthodoxes
polonais dont il devenait le protecteur..
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