Jean Fouquet vers 1420-1479-80 Jean Fouquet a été le premier parmi les
Publié le 05/04/2015
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comme personne, il l'accorde avec l'humanité qu'il y place.
Ainsi, il témoigne d'un sens
épique qu'on ne connaîtra pas dans le Nord avant le vieux Brueghel.
Le volume solide de la figure humaine, la clarté monumentale de la composition, Fouquet
les a hérités des sculpteurs des cathédrales ; Henri Focillon montré avec éclat.
Mais s'il les a
pratiqués avec tant d'aisance, c'est qu'il a pu voir en Italie les œ uvres de Fra Angelico, de
Castagno, d'Uccello, de Domenico Veneziano et, peut-être même, du jeune Piero della
Francesca.
Il y apprit la perspective linéaire, la magie des formes géométriquement
épurées, les sortilèges marmoréens dont Rome et Florence étaient le théâtre enthousiaste.
Cependant, il resta lui-même, il ne devint pas un interprète de plus de la poésie toscane,
car il est avant tout un homme du Nord, un Français et un peintre de miniatures.
Il cède à
la séduction sensuelle de la réalité, au modelé détaillé d'un visage, à l'ambiance
domestique qui transforme une scène religieuse en une scène de genre, à toute la vibrante
nature qu'il préfère évoquer empiriquement, au juger de la sensibilité, plutôt que selon la
règle et le compas ; en quoi il tient de l'art septentrional et s'apparente à van Eyck et à
Roger van der Weyden bien plus qu'aux Florentins.
Il réalise d'instinct un équilibre entre
la vie, l'infini répertoire du particulier, et la stylisation qui extrait de ce chaos les signes
d'une rassurante synthèse ; le voici qui rejoint la famille la plus française parmi les
peintres, Poussin, Corot, Cézanne.
On a dit que Fouquet est resté un peintre de cour, fort différent des Flamands et des
Italiens qui ont travaillé plus souvent pour des mécènes bourgeois.
Sans doute, il servait
les grands et peignait le monde pour leurs yeux, purgé de vulgarité, tempéré de grâce.
Mais il a su leur montrer ce qu'il y découvrit lui-même : une humanité simple, d'une
incomparable majesté paysanne, une nature familière vouée à jamais à une pureté juvénile.
Son aristocratie n'est pas celle d'un homme qui flatte une classe sociale.
Elle est la
distinction innée du Latin qui évite les laideurs parce qu'il attache un prix suprême à la
délicatesse des sentiments, des formes, des couleurs et à leurs profondes harmonies.
En plein XV esiècle, alors qu'en deçà des Alpes la peinture, depuis Roger van der Weyden
jusqu'à Grünewald, restait toute gothique, toute osseuse et anguleuse, toute éprise
d'expression dramatique ou de tendre lyrisme, Fouquet apporta un optimisme latin, sa
vision grave, mais sereine, de la vie où l'homme s'émeut en silence et apparaît inébranlable
au milieu d'une nature amie.
Un demi-siècle avant Durer, il est le messager, le premier
hors d'Italie, de l'esprit classique.
Venu trop tôt, il n'est pas vraiment compris, n'exerce
qu'une influence locale.
Il reste un grand isolé, un des peintres les plus modernes de son
temps, dans tous les pays.
La France d'alors, à l'aube radieuse de son renouveau après une
guerre centenaire, s'affirmait par l'effort solitaire de telles individualités puissantes.
Jeanne
d'Arc et Louis XI lui donnèrent sa conscience nationale et sa cohésion politique, Jacques
Cœ ur, son rôle dans le commerce mondial, Philippe de Commynes et Villon maintinrent
son rang dans les lettres.
Jean Fouquet lui assure une place européenne dans la peinture..
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