Jean Fernel 1497-1558 Comme Descartes, à qui certains ont voulu le comparer, Jean Fernel, déçu par l'inanité de l'enseignement scolastique, résolut de reprendre ses études en remontant aux sources et, pour un temps, se consacra à l'étude des Anciens.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Fernel déclina encore cette offre.
Ce ne fut qu'à la mort de ce dernier qu'il accepta.
Il dut
alors suivre le roi dans sa campagne des Flandres et, devant Calais, commença son Traité
des fièvres .
À son retour, la mort de sa femme l'affecta au point qu'il mourut quelques jours
après.
Il laissait inachevé cet ouvrage, léguant ses manuscrits à son ami Plancy pour les
compléter et les publier, ce qui fut fait en 1567.
Jean Fernel est, par excellence, l'homme de son siècle : un de ces hommes qui se
souvenaient du passé tout en aspirant à cet avenir qu'ils pressentaient et qu'ils espéraient.
La recherche des causes dominait alors les esprits, et souvent la philosophie l'emportait sur
toutes choses.
Cette philosophie fut la principale préoccupation de Fernel : pour lui, c'est
une nécessité absolue de commencer par elle avant d'aborder quelque branche que ce soit ;
aussi s'est-il efforcé de rénover celle des Anciens et de l'accommoder à la fois à la théologie
et aux données acquises dans les siècles précédents.
Il était plus philosophe que médecin,
et ses idées sur la médecine découlent de cette philosophie que son talent lui a permis
d'exposer avec plus de clarté encore que les auteurs eux-mêmes où il en a puisé les
éléments.
Il a ainsi rénové l'aristotélisme et préparé par ailleurs le cartésianisme,
établissant la liaison entre l'antiquité et les temps modernes.
Au début du XVIe siècle, les idées médicales, tirées de ce qu'on croyait savoir de Galien,
enrichies par les apports des Arabes, obscurcies par des commentateurs ignorants ou
infidèles, offraient une confusion encore augmentée par les théories philosophiques en
honneur, la dialectique poussée à ses extrêmes limites, et enfin l'astrologie.
Fernel eut le grand mérite de mettre de l'ordre dans cette confusion, de rétablir dans leur
originalité les œ uvres de Galien en les augmentant des apports ultérieurs.
De cet ensemble
il avait fait un tout parfaitement cohérent ; on peut lui appliquer l'appréciation de
Raynaud sur la médecine au XVIIe siècle : “ Jamais science ne fut mieux coordonnée, ni en
apparence plus complète.
Tout s'y tient depuis le commencement jusqu'à la fin ; la doctrine
des éléments mène sans efforts à celle des tempéraments : les tempéraments particuliers
expliquent la nature et le rôle des parties et des humeurs ; des esprits et des facultés de
divers ordres se subordonnent ou s'associent pour mouvoir la machine ; là où les qualités
manifestes font défaut, les qualités occultes arrivent à point pour parer à toutes les
objections ; chaque chose a sa place marquée d'avance ; tout s’harmonise avec une
régularité et une symétrie parfaites.
”
L' œ uvre médicale de Fernel se ressentait, malgré lui, de son éducation scolastique : c'était
un monument admirable, mais dont l'utilisation pratique ne correspondait point à sa
perfection de forme.
Cependant, cette œ uvre permettait de se retrouver dans le chaos
préexistant : les Écoles, attachées à la tradition, y trouvèrent une justification de leur
position ; elles l'adoptèrent et la défendirent contre tous ; on commenta les livres de Fernel
comme on avait si longtemps commenté ceux de Galien, alors qu'on rejetait les
remarquables travaux des anatomistes qui illustrèrent le XVIe siècle médical.
Ainsi
l'influence de Fernel sur la médecine fut-elle décisive et durable : elle se poursuivit
pendant tout le XVIIe siècle, et, encore au XVIIIe, se manifesta dans nombre d'ouvrages
médicaux..
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