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Jean Auguste Dominique Ingres par René Huyghe Professeur au Collège de France Si Delacroix passe pour le chef du romantisme français au XIXe siècle, Ingres est considéré comme celui du classicisme.

Publié le 05/04/2015

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Jean Auguste Dominique Ingres par René Huyghe Professeur au Collège de France Si Delacroix passe pour le chef du romantisme français au XIXe siècle, Ingres est considéré comme celui du classicisme. Peut-être le furent-ils du fait des circonstances, dans cette politique des arts qui n'est souvent pas moins systématique et passionnée que l'autre. Mais la réalité, leur réalité fut plus complexe. Certes, Ingres est bien ce qu'on attend d'un chef du parti de l'ordre et de la tradition : autoritaire, dogmatique, doctrinaire. " Son caractère, dit Delécluze, était coulé d'un seul bloc, comme une statue de bronze " ; peut-être, mais de bronze, prenons-y garde, c'est-à-dire de la matière qui, brassée par le feu, se plie le mieux aux élans et aux véhémences. Ingres participe de cette dualité. Le 29 août 1780, Jean-Dominique naît à Montauban d'un maître tailleur toulousain, Jean-Marie-Joseph Ingres, aux dons divers, puisqu'il se fit peintre, miniaturiste, décorateur, " sculpteur sur plâtre " et même musicien, et de la fille d'un perruquier montalbanais. Leur fils hérite de la multiplicité des dons du père : il est violoniste au théâtre de Toulouse, en même temps qu'élève à son Académie ; il hésite entre la musique et la peinture. Il est essentiellement méridional, fruit de cette école, méridionale elle aussi, qui, au XVIIe siècle, en ce qu'on a appelé son " âge d'or ", dressa en face de l'art classique de Versailles un appel au caravagisme et au baroque. Bourdelle, avec l'instinct d'un compatriote, a su dévoiler, dans son buste flamboyant de force animale et de force spirituelle, braqué comme un mufle qui mord, les emportements et les dépressions, les admirations et les haines fanatiques qui secouaient le petit vieillard trapu, engoncé dans un col trop haut et une redingote trop longue, que la bourgeoisie du XIXe siècle pétrifia sous les honneurs : membre de l'Institut, sénateur, grand officier de la Légion d'honneur, lorsqu'il mourut en 1867, âgé de quatre-vingt-six ans. Laissons donc l'homme ; du moins, l'artiste fut-il ce que son temps reconnut en lui, le continuateur de David, le restaurateur des disciplines classiques minées par le XVIIIe siècle, le roc où venait se briser la vague romantique ? Ce personnage que lui façonnaient les circonstances, il l'accepta, il s'y enferma ; il le remplit avec une conviction croissante, il se fit sa propre discipline. Mais si les circonstances avaient été autres ?... Élève de David, il le fut, mais tôt brouillé avec son maître. Prix de Rome dès 1800, il ne put, faute de crédits, partir qu'en 1806. Qu'il est loin de faire figure d'orthodoxe ! Il s'évade des grandes disciplines mâles de David et tout lui est prétexte à dévier vers un art plus subtil, plus raffiné, plus sensuel, où la simplicité classique se complète volontiers de souplesse, voire de tarabiscotage. Certes, il admire l'antique, mais aux marbres romains il préfère les vases grecs et leur dessin aigu et archaïque ; certes, il vénère la tradition italienne, mais Raphaël le mène vite à Pérugin, à la gracilité plus acide des quattrocentistes, aux primitifs " gothiques " ; il adore la forme mais il revendique en faveur de la couleur et un critique officiel pourra, en 1819, suspecter chez lui " je ne sais quoi du Titien " dont il avait en effet copié la Vénus au petit chien ; le classicisme sévère des formes masculines, auquel il rend un hommage discipliné dans ...
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