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Jean Antoine Houdon par Louis Réau Membre de l'Institut, Professeur honoraire à

Publié le 05/04/2015

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Jean Antoine Houdon par Louis Réau Membre de l'Institut, Professeur honoraire à la Sorbonne, Paris Il serait téméraire de prétendre faire en quelques pages le tour de l'oeuvre de Houdon ; mais le cadre réduit d'une simple notice peut suffire à la rigueur pour dégager les traits les plus saillants de la physionomie de ce grand artiste et pour préciser son apport dans l'évolution de la sculpture française. Nous n'insisterons pas sur sa biographie. Il suffit de rappeler que, né à Versailles en 1741, il ne mourut à Paris qu'en 1828. Il est donc à cheval sur deux siècles. A vrai dire, il cessa de travailler et d'exposer au Salon en 1814 et les quinze dernières années de sa longue vie n'ont rien ajouté à son oeuvre. Mais il est tout à fait inexact de déclarer, comme l'écrivait André Michel, que " tous ses chefs-d'oeuvre sont compris entre 1770 et 1789 et que les années qui lui restaient à vivre après la Révolution ne comptent plus pour lui ". En réalité, il était encore en pleine vigueur lorsque éclata la Révolution et ses effigies de Mirabeau, de Barnave, du général Dumouriez, son buste lauré de Napoléon (1806) soutiennent la comparaison avec ses meilleurs ouvrages de l'Ancien Régime. Le caractère qui le distingue le plus de tous les sculpteurs français de son époque est son internationalisme ou, si l'on préfère, son cosmopolitisme. Sans doute quelques-uns de ses confrères ont fait des séjours plus prolongés à l'étranger. Roubiliac a passé la majeure partie de sa vie à Londres, Saly à Copenhague, Larchevêque à Stockholm ; Falconet a travaillé douze ans à Pétersbourg pour modeler et fondre sa statue de Pierre le Grand. Mais il faut observer que tous ces artistes déracinés n'ont eu de rapports qu'avec un seul pays au lieu que Houdon a pris contact avec presque tous les pays d'Europe et même avec les États-Unis d'Amérique. Il a été le meilleur ambassadeur de l'art français dans les Deux-Mondes. Son séjour de quatre ans (1764-1768) à Rome, en qualité de pensionnaire de l'Académie de France, installée alors non à la Villa Médicis, mais au Palais Mancini sur le Corso, lui servit surtout à approfondir sa connaissance de l'anatomie du corps humain. C'est alors qu'il modela son fameux Écorché, dont il tira parti, en lui restituant sa peau puis en le drapant dans un froc, pour exécuter les deux statues de Saint Jean-Baptiste et de Saint Bruno qui lui avaient été commandées par le supérieur français du couvent de...

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