Jan Peterszoon Sweelinck 1562-1621 Il existe dans l'histoire de l'art certains hommes
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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donner au ricercare somme toute assez décousu que pratiquaient les maîtres de Venise une
cohésion et une solidité inconnues avant lui.
Il ne craint pas, par ailleurs, d'user du style
chromatique que certains madrigalistes italiens avaient déjà développé avec une hardiesse
étonnante.
Ses pièces vocales religieuses témoignent des mêmes authentiques qualités et
atteignent souvent à la grandeur.
Ses psaumes polyphoniques ne sont guère inférieurs à
ceux d'un Goudimel ou d'un Claudin le Jeune.
Quant à ses chansons, elles ne manquent ni
d'esprit ni de verve.
Cette musique, quelle en fut la signification, quelle en est au juste la portée ? Ni par les
formes ou les moyens d'expression qu'elle utilise, ni par la pensée qui l'anime, elle ne
semble devoir rénover considérablement l'art de l'époque.
Sweelinck, en effet, ne fut pas
un révolutionnaire ; pas davantage un de ces artistes essentiellement originaux dont les
chefs-d' œ uvre dégagent un parfum tout spécial.
On a fort justement dit de notre auteur
qu'il a en quelque sorte liquidé le xvıe siècle.
Plus encore que par sa valeur intrinsèque son
œ uvre fut et reste précieuse en ce qu'elle constitue une espèce de somme de la science
musicale de son temps.
L'antique contrepoint franco-flamand, l'art des Vénitiens et de
l'école des Virginalistes anglais se sont en réalité rencontrés en Sweelinck, lequel a su
admirablement assimiler et ordonner ces apports si différents.
Ce n'est pas tout, car
l'œ uvre de l'organiste néerlandais subira une destinée très particulière.
C'est surtout du
nord de l'Europe, nous l'avons vu, que les élèves affluèrent à Amsterdam.
Or dans ces
pays l'art musical n'avait pas encore vraiment pris forme ; il ne s'était pas jusque là réalisé
pleinement.
Peut-être attendait-il un initiateur, un guide.
Sweelinck fut celui-là.
Si son
influence fut grande aux Pays-Bas, au Danemark, en Suède et même en Pologne, elle fut
décisive en Allemagne septentrionale.
Parmi ses disciples directs l'on trouve les noms de
Samuel Scheidt, de Jacob Prætorius, de Scheidemann, tous musiciens qui feront parler
d'eux par la suite.
De fait, tant par son enseignement que par ses compositions, celui que, cent ans plus tard,
Matheson surnommera le “ faiseur d'organistes ” fut le père de toute l'école d'orgue et de
clavecin de l'Allemagne du Nord, cette magnifique pléiade de compositeurs qui, par
Scheidt, Reinken, Buxtehude et tant d'autres, nous conduira jusqu'au grand Jean-Sébastien
Bach.
Il créa en quelque sorte le fondement sur lequel pendant plus d'un siècle, pierre
après pierre, ces maîtres-ouvriers élèveront un superbe édifice que le cantor de Leipzig
parachèvera souverainement.
Vingt ans plus tard l'action d'un Jehan Titelouze pour la
France, d'un Girolamo Frescobaldi pour l'Italie, l'Autriche et l'Allemagne méridionale
remplira la même mission.
Et ce nous est assurément une raison suffisante pour réserver à Jan Peterszoon Sweelinck
la place de choix qu'il mérite dans le tableau musical des siècles passés..
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