Jacopo della Quercia vers 1374-1438 Jacopo della Quercia, fils de Pietro d'Angelo, orfèvre et sculpteur, naquit à Sienne ou dans le voisinage, vers 1374.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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purement rythmique qui résulte du contraste entre les lourdes guirlandes et les ailes
légères des légères mais ce rythme n'est plus purement linéaire, il s'établit, au contraire,
entre les convexités des couronnes et les minces creux des ailes de sorte qu'un équilibre
plastique des pleins et des vides, un sens nouveau de l'espace naissent de cette succession.
Cependant, aucun intérêt intellectuel ou naturaliste ne s'attache à la naissance de ces
valeurs spatiales.
Chez Donatello l'espace naît du geste, le geste d'une volonté, et celle-ci
du sentiment très sûr de l'importance historique qu'ont les actions humaines ; l'homme se
distingue de la nature parce qu'il en prend possession par un acte de force.
Chez Jacopo
— comme le prouvent les statues épargnées de la Fontaine Gala — l'espace est implicite à
l'attitude, au fléchissement des figures, au souffle aérien du modelé, au rythme puissant et
délicat des lignes ; ses figures ne cherchent pas à s'imposer comme centre de la nature
parce que leur beauté est elle-même “ naturelle ”.
C'est une beauté morale qui ne se
manifeste pas dans leurs gestes ou actions, mais dans l'harmonie de leur être, dans la
noblesse que leur confère leur antique ascendance historique typiquement “ latine ”.
Si la figure d'Ilaria peut être associée aux vers de Pétrarque sur la mort de Laure, et les
statues de la Fontaine au mouvement rythmique de ses pièces civiques et peut-être à
l'allégorisme des Triomphes, les petites scènes sculptées de la porte de San Petronio ont la
gravité solennelle de ses œ uvres d'histoire et de ses traités latins.
Ici vraiment,
l'Humanisme de Jacopo se réalise comme une haute pensée de l'histoire et ses figurations
ont davantage valeur “ d'exemples ” que celle d'évocation dramatique des faits : même le
modelé semble reproduire le rythme solennel, pressé et démonstratif de la phrase latine.
Rappelons que, dans les mêmes années où Jacopo sculptait ses bas-reliefs, Masaccio
peignait la chapelle Brancacci à Florence ; il est difficile de trouver dans l'histoire de l'art
deux manifestations plus expressives de leur époque tout en étant aussi divergentes.
En
effet, le style “ vulgaire ”, vigoureux et populaire, de Masaccio et le “ latin de robe ” de
Jacopo expriment le même idéal d'héroïsme moral, la même conscience d'une humanité
nouvelle.
Jacopo n'a pas recours aux illusions perspectives et ne se soucie point d'évoquer une scène
par la mimique des personnages ; l'espace pour lui n'est pas préexistant à l'apparition,
pour ainsi dire miraculeuse, de la personne humaine.
Il se contente de déterminer un plan
légèrement incliné en faisant saillir le bord intérieur de sa plaque ; et ce peu de profondeur
suffit à contenir une monumentalité de vision tellement neuve et puissante que
Michel-Ange lui-même en sera impressionné, un siècle plus tard.
L'espace n'est rien
d'autre ici que la transposition en termes plastiques d'une idée du temps, à savoir le temps
historique.
Les fonds largement dégagés ont l'ampleur infinie de l'horizon, les reliefs des
formes ont le mouvement à la fois calme et vif des spectacles éternels de la nature.
C'est
pourquoi à l'intérieur de ces figurations, il est inutile de décrire un espace ; quelques
indications concises suffisent à unir la masse plastique d'une figure avec le plan lisse du
fond : l'espace devient dès lors un attribut humain.
C'est la dimension même de l'histoire.
Cet espace “ historique ” représente pour ces figures ce qu'était, jadis, l'auréole lumineuse
pour la figure d'un saint : quelque chose que le personnage apporte avec lui du monde
supérieur d'où il vient, qui l'entoure et l'isole de toute contamination avec la vie terrestre
quotidienne.
Pendant un temps, ce monde supérieur était celui de Dieu et des anges,
désormais, il est celui des grands hommes et des grandes actions morales ; il est l'histoire..
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