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Ivan IV le Terrible par Wladimir Vodoff Chargé de conférences à l'École

Publié le 05/04/2015

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Ivan IV le Terrible par Wladimir Vodoff Chargé de conférences à l'École Pratique de s Hautes Étude s Né le 25 août 1530, Ivan IV était issu du second mariage de son père, le grand-prince Basile III, avec Hélène Glinski, une famille de boyards russes passés récemment de Lituanie en Moscovie. Il avait trois ans à la mort de son père, le 3 décembre 1533. Aussi son règne débuta-t-il par une minorité de plus de dix ans. Cette période fut marquée par la rivalité de deux partis : d'un côté, les Glinski et leurs amis, regroupés autour de la régente Hélène jusqu'à sa mort (1538) s'appuyaient sur la nouvelle noblesse, les dvoriane, pour poursuivre la politique monarchique et centralisatrice de Basile III ; à l'opposé, la noblesse traditionnelle, constituée de boyards, propriétaires terriens à titre héréditaire et désireux de conserver leurs prérogatives, ne cachait pas son hostilité envers l'État unitaire, elle se regroupait autour de la puissante famille des Sujski. Les intrigues, les violences, les prévarications restent les traits essentiels de la vie politique russe de ces années. Le jeune souverain en conserva un souvenir douloureux. Orphelin de père, puis de mère à huit ans, il fut totalement négligé par son entourage, parfois même humilié, blessé dans son amour-propre d'enfant. Timide de nature, il devint retors, craintif, au point d'être progressivement atteint de la manie de la persécution. Durement atteint dans son affectivité, il adopta à l'égard des hommes une attitude critique qui confinait à l'hostilité systématique, exception faite de ceux qui savaient, pour un temps, gagner sa confiance. Cette hostilité agressive apparaît tout au long des écrits d'Ivan : un humour cinglant s'y mêle aux invectives les plus grossières. Ce style, original et personnel, reflète parfaitement le caractère profond du prince : naturellement violent et passionné, mais bridé pendant une enfance malheureuse, son tempérament se déchaîna dès l'adolescence ; les accès de colère, l'assouvissement des vices - débauche sexuelle, alcoolisme, sadisme se succédèrent pendant quarante ans, entrecoupés de moments de grande tristesse et de contrition probablement sincère. Ce déséquilibre psychique était aggravé par une formation intellectuelle unilatérale. Abandonné, dans ce domaine comme dans tous les autres, à lui-même, le jeune prince, doué d'une intelligence vive et curieuse, s'adonna très tôt à la lecture. Ayant appris le slavon dans le Psautier, il se mit à parcourir la Bible, les Pères de l'Église, puis les Chroniques, recherchant partout avec avidité tout ce qui touchait le plus profond de son être : sa dignité princière bafouée. Tous les passages affirmant le caractère divin et absolu du pouvoir monarchique se gravaient dans sa mémoire avec toute la force des souvenirs qui répondent à un sentiment aigu de frustration. Plus tard, ils lui permettront, dans ses écrits, d'étayer les affirmations absolutistes par de nombreuses citations qui témoignent d'une culture étendue, sinon toujours assimilée. Tout le comportement d'Ivan restera profondément marqué par une opposition dramatique entre l'homme déchu par les vices, la maladie psychique et physique - il en avait conscience ! - et le monarque de droit divin, l'oint du Seigneur, l'héritier de la dignité impériale de Byzance qu'il croyait être par une grâce surnaturelle. Mais l'absence de toute véritable formation politique empêchait Ivan de concrétiser et de tempérer une idéologie abstraite et absolue. Ses seules connaissances pratiques étaient puisées dans la réalité politique moscovite qui précisément avait besoin d'être radicalement réformée. La première intervention du jeune Ivan dans la vie politique date de 1543 : il fit alors, à l'âge de treize ans, exécuter l'un des princes ...

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