Hugues Capet par J.

Hugues Capet par J. F. Lemarignier Hugues Capet doit sa célébrité à son accession à la royauté, en 987 : événement contradictoire ; les contemporains ne pouvaient que le situer sur le plan des chassés-croisés royaux éphémères dont le siècle qui venait de s'écouler, au moins en sa première moitié, avait donné plus d'un exemple ; mais ses prolongements devaient en majorer l'importance : il est de fait qu'était fondée une dynastie qui, pendant plus de huit siècles et sans interruption, allait régner sur la France avec un prestige sans égal. Autour de la prise du pouvoir royal s'oriente la vie d'Hugues Capet : de longues années l'ont précédée, jusqu'à un certain point préparée ; elle a été suivie de difficultés qui ont paru la compromettre ; elle a eu finalement un sens. Hugues Capet était issu d'une famille de la haute aristocratie carolingienne de titulaires de charges comtales et déjà son arrière-grand-père, Robert le Fort, avait dû à ses attaches, et aussi à sa valeur, d'être doté par Charles le Chauve d'un commandement qui avait assis sa puissance dans la région d'entre Loire et Seine : non loin d'Angers, il était mort glorieusement, en 866, en combattant les Normands. Ses fils, Eudes et Robert, avaient suffisamment bien exploité son héritage et développé leurs clientèles pour avoir pu, en un temps de déclin et d'incertitude royale, devenir rois l'un et l'autre : règnes fragiles, contestés, entrecoupés. Peut-être aussi trop dangereux pour que la dignité qu'elle conférait en valût le risque : c'est ce qu'avait calculé Hugues le Grand, fils de Robert et père d'Hugues Capet, lorsqu'en 936 il avait fait revenir d'Angleterre et élire roi un Carolingien, Louis IV d'Outre-Mer. Faut-il dire restaurer ? Certes, de 936 à 987, les trois " derniers Carolingiens ", du grand-père au petit-fils, se sont succédé dans ...