Hugo Van der Goes vers 1440-1482 Le peintre et l'homme ont intrigué des générations, et toutes, à la suite de Dürer, n'ont cessé de reconnaître en maître Hugo une originalité souvent géniale.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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pleinement avec les acteurs du drame ; d'ailleurs, les plans de construction de l' œ uvre lui
facilitent cette pénétration : Marie et les apôtres se situent suivant une perspective qui
creuse l'espace et mène au fond de la chambre mortuaire, là où aboutit un autre plan, celui
sur lequel s'inscrit l'apparition du Christ, prêt à remonter aux cieux avec la co rédemptrice.
Le vieux thème de la dormition de la Vierge s'est donc totalement renouvelé grâce à
l'imagination créatrice de Van der Goes.
Le maître se révèle, dans le tableau du Musée de Bruges comme dans ses autres œ uvres,
un analyste incisif de la ferveur religieuse, un psychologue raffiné qui note avec précision
les incidences troublantes de ces émotions sur les êtres humains : ils semblent parfois en
perdre la raison ou, au moins, connaître l'anxiété et l'agitation, tandis que d'autres
atteignent à un état de sérénité pacifiante.
L'ascèse a chassé la moindre inquiétude chez
l'Homme en prière et chez le Moine méditant , du Musée métropolitain de New York ; ce sont
des âmes qui vibrent dans la lumière d'une vérité sereine et animent sobrement une effigie
charnelle.
Hugo Van der Goes aspira à cet état, il ne l'atteignit que rarement ; en 1481, au retour d'un
voyage à Cologne, il sombra même dans un profond déséquilibre.
Son compagnon de
noviciat a décrit le mal de son confrère dans un document poignant qui fait participer aux
angoisses et aux dépressions de l'artiste scrupuleux, du religieux inquiet.
Aussi bien, dans
les personnages aux traits ravagés, aux yeux hagards, aux cheveux désordonnés, aux
gestes hésitants, aux attitudes lasses qui apparaissent dans son œ uvre, pouvons-nous voir
autant d'essais d'introspection du maître génial, de ce super sensible que l'effroi et
l'agitation obsèdent sans cesse.
Il s'apaise cependant, à l'occasion, car son œ il et son esprit
se reposent à considérer la lumière éblouissante qui baigne un paysage, les bleus intenses
et frais qu'il éparpille sur tous ses panneaux.
Autant de notes qui rapprochent le peintre du
Rouge-Cloître de Vincent Van Gogh.
Celui-ci succombera à cause de ses outrances et de sa
fougue, tandis que son ancêtre du XVe siècle s'épuisera par sa concentration angoissée.
Hugo Van der Goes compte parmi les plus grands peintres flamands du XVe siècle.
Ses
contemporains et les générations suivantes ont reconnu ses caractères exceptionnels :
conception et composition renouvelées des thèmes religieux, création originale de types
populaires, analyse subtile de tout un secteur intime du comportement humain,
prédilection pour un coloris clair et étincelant, découverte du jeu de l'ombre et de la
lumière animant la nature, enfin introduction du mouvement dans ses scènes.
Les miniaturistes ganto-brugeois du dernier tiers du siècle se sont mis volontiers à son
école.
Sander Bening est le mieux doué des enlumineurs formés à son contact, tandis que le
maître de Moulins est le plus brillant peintre étranger issu de son atelier.
Vasari cite le
Retable Portinari comme une œ uvre de grande qualité, les peintres italiens l'étudièrent
d'ailleurs et Ghirlandajo répète plusieurs de ses formes vigoureuses dans son Adoration des
bergers de la Trinité à Florence.
On a noté, avec raison, combien les merveilleuses audaces
chromatiques de Van der Goes ont frappé Grünewald, cet autre visionnaire troublant..
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